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ÉLECTROPHYSIOLOGIE

Électrocardiographie

Principe

L' électrocardiographie explore l'activité électrique du cœur par enregistrement des électrocardiogrammes (en abrégé : E.C.G.), tracés scalaires bidimensionnels qui inscrivent en fonction du temps, les variations du potentiel électrique induites dans les différents points du corps (spécialement à la surface des téguments) par le cœur en activité. Les innombrables cellules musculaires qui le constituent sont dotées de propriétés spéciales dont les deux plus importantes sont le pouvoir mécanique de contraction et l'activité électrique rythmique, elle-même liée à des déplacements ioniques à travers la membrane des cellules (cf. chap. 1).

L'activation des fibres musculaires cardiaques parcourt deux phases : l'une de dépolarisation, l'autre de repolarisation.

La dépolarisation (ou potentiel d'action), très brusque, se maintient environ durant 0,3 seconde puis est suivie aussitôt de la repolarisation qui rétablira les charges électriques initiales. Elle se propage rapidement de proche en proche à toute la cellule musculaire, aux cellules voisines et finalement au cœur tout entier en 5 centièmes de seconde environ, 10 centièmes de seconde au plus. Cependant, comme la repolarisation est beaucoup plus lente, la durée totale de l'activation de la masse cardiaque (dépolarisation plus repolarisation) est de l'ordre de 30 centièmes de seconde. L'état de repos électrique avec polarisation cellulaire dure environ 60 centièmes de seconde. Au total, le rythme de l'activité électrique du cœur est de 60 à 80 activations par minute.

Tracé électrocardiographique normal - crédits : Encyclopædia Universalis France

Tracé électrocardiographique normal

La variation globale de potentiel électrique induite par l'activité du cœur ne dépasse guère quelques millivolts. Elle est suffisante pour que l'on puisse déceler dans le corps humain (milieu conducteur relativement homogène) un champ électrique intermittent et perpétuellement variable (tout au moins pendant la période d'activation cardiaque) d'un instant à un autre, et d'un endroit à l'autre du corps. Il en résulte que deux électrodes convenablement placées en des points conventionnels du corps sont soumises à des différences de potentiel qu'un appareil sensible peut enregistrer sur bande de papier (directement ou par photographie) ou sur bande magnétique. Par une disposition soigneusement étudiée des électrodes à la surface du corps, on obtient des tracés électriques relativement simples dont l'interprétation a été facilitée et assurée par un certain nombre de postulats (ou d'artifices) et de conventions. Ainsi, pour étalonner l'appareil, on règle le système d'enregistrement de manière qu'une variation de potentiel d'un millivolt introduite dans le circuit détermine sur le tracé l'apparition d'une onde ou déflexion de un centimètre de haut, et on règle la vitesse de déroulement du papier enregistreur à 25 mm par seconde. On peut ainsi obtenir des tracés comparables et mesurer deux paramètres essentiels, qui sont le voltage (ou différence de potentiel) et le temps (ou durée) des ondes électriques à étudier (cf. ).

Modes d'enregistrement

L'électrocardiogramme s'enregistre toujours en position couchée et dans le relâchement musculaire total, condition qui n'est pas toujours facile à obtenir chez les sujets nerveux ou inquiets.

L'expérience pratique a conduit les cardiologues à adopter dans le monde entier des procédés d'enregistrement standardisés : cela veut dire que les électrodes sont placées en des endroits définis du corps humain ; les plus essentiellement utilisés depuis Einthoven (1907), et toujours d'actualité, sont le poignet droit, le poignet gauche et le pied gauche. Ces trois points d'application des électrodes définissent grossièrement un triangle à peu près équilatéral, dont le cœur occuperait le centre[...]

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Écrit par

  • : assistant des Hôpitaux de Paris, directeur adjoint à l'École pratique des hautes études
  • : professeur à la faculté libre de médecine de Lille
  • : professeur honoraire à la faculté des sciences de Paris
  • : professeur de psychophysiologie à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
  • : ancien professeur à la faculté de médecine de Paris.

Classification

Pour citer cet article

Max DONDEY, Jean DUMOULIN, Alfred FESSARD, Paul LAGET et Jean LENÈGRE. ÉLECTROPHYSIOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Biopotentiels - crédits : Encyclopædia Universalis France

Biopotentiels

Potentiel de repos - crédits : Encyclopædia Universalis France

Potentiel de repos

Électrodes - crédits : Encyclopædia Universalis France

Électrodes

Autres références

  • ARSONVAL ARSÈNE D' (1851-1940)

    • Écrit par Georges KAYAS
    • 394 mots

    Médecin, biologiste et physicien français, d'Arsonval a fait ses études au lycée impérial de Limoges, puis au collège Sainte-Barbe à Paris. Il se destinait à la médecine lorsqu'il fit la rencontre de Claude Bernard dont il devint le préparateur (1873-1878). De 1882 à 1910 il dirigea le laboratoire...

  • AUDITION - Acoustique physiologique

    • Écrit par Pierre BONFILS, Yves GALIFRET, Didier LAVERGNE
    • 14 809 mots
    • 17 médias
    Les premiers enregistrements intracellulaires du potentiel de récepteur des cellules ciliées de la cochlée des Mammifères ont été faits en 1977, par I. J. Russell et P. M. Sellick, et cette réussite constitue une étape importante dans le développement de la physiologie de l'audition. On constate qu'avec...
  • BERGER HANS (1873-1941)

    • Écrit par Henri GASTAUT
    • 828 mots

    Le 21 mai 1873 à Neuses, petite ville près de Coburg, Hans Berger naît dans une famille d'intellectuels. Après avoir terminé ses études médicales, à l'âge de vingt-quatre ans, il rejoignit l'équipe de la clinique psychiatrique de l'université de Iéna qu'il ne quittera plus jusqu'à la fin de sa...

  • CANAUX IONIQUES

    • Écrit par Laurent COUNILLON, Mallorie POËT
    • 4 298 mots
    • 8 médias

    Bien que la possibilité d'une forme d'énergie électrique intervenant dans le fonctionnement du système nerveux ait déjà été évoquée par Newton dans ses Principia mathematica en 1713, il faut attendre la fin du xviiie siècle pour que Luigi Galvani montre que la contraction du...

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Voir aussi