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DINOSAURES

Paléobiologie des dinosaures

Traces de pas de dinosaures - crédits : E. Buffetaut

Traces de pas de dinosaures

La reconstitution de la biologie d'animaux sans équivalents dans la nature actuelle se heurte à de nombreuses difficultés. Avec les dinosaures, elle est fondée sur des données fossiles exploitables qui comprennent non seulement les ossements et les dents, mais aussi, dans certains cas, les « parties molles » (peau, organes internes), les contenus stomacaux, les traces de pas et les œufs. Certaines questions relatives à la biologie des dinosaures trouvent ainsi aisément une réponse : les nombreux œufs de dinosaures découverts à travers le monde montrent clairement que ces animaux étaient ovipares ; les embryons, beaucoup plus rares il est vrai, donnent quant à eux des indications sur le mode de développement de ces animaux. La question centrale est cependant de savoir si, physiologiquement, les dinosaures étaient comparables aux reptiles d'aujourd'hui ou s'ils disposaient d'un métabolisme plus actif leur permettant des activités et des comportements plus complexes.

Les opinions sur le mode de vie et la physiologie des dinosaures ont beaucoup varié au fil du temps. Les paléontologues les ont longtemps considérés comme de simples versions énormément agrandies de reptiles actuels. De ce fait, leur physiologie aurait été de type reptilien, c'est-à-dire que la température de leur corps variait en fonction de celle de leur milieu ; faute d'une activité métabolique suffisante pour maintenir une température corporelle constante, les dinosaures auraient donc été des animaux poïkilothermes et ectothermes, à l'inverse des oiseaux et des mammifères qui sont homéothermes (ils maintiennent une température interne à peu près constante) et endothermes (grâce à la chaleur produite par leur métabolisme). Selon cette hypothèse, ils auraient été des animaux peu actifs, aux comportements peu complexes et à l'intelligence rudimentaire. On a longtemps prêté aux plus grands d'entre eux (les sauropodes notamment) des mœurs semi-aquatiques, la poussée d'Archimède étant censée les avoir aidé à soutenir leur énorme poids.

Les dinosaures avaient-ils le sang chaud ?

À partir des années 1960, cette vision des dinosaures a été battue en brèche à la suite, notamment, des travaux des paléontologues américains John Ostrom et Robert Bakker, qui donnèrent naissance à une controverse assez vive au sujet des « dinosaures à sang chaud ». En effet, un réexamen général des données concernant ces animaux a conduit à penser qu'ils étaient beaucoup plus actifs qu'on ne l'imaginait. L'étude détaillée des squelettes et celle des empreintes fossiles de pas et de pistes suggèrent une locomotion efficace et parfois relativement rapide sur la terre ferme, même dans le cas des plus grands sauropodes pour lesquels des mœurs semi-aquatiques ne sont pas vraisemblables (à partir d'une certaine profondeur d'immersion, la pression de l'eau sur la cage thoracique aurait rendu la respiration en surface impossible). À ce niveau d'activité relativement élevé s'ajoutent apparemment des comportements assez complexes, indiqués par exemple par des pistes qui suggèrent des comportements grégaires. Certains sites de ponte, où sont conservés non seulement des œufs mais aussi des restes de nouveau-nés, laisseraient supposer que les adultes de certaines espèces prenaient soin des jeunes après leur naissance. Il est clair, en tout cas, que certains dinosaures surveillaient de près leurs œufs puisque des squelettes d'oviraptorosaures ont été trouvés, en Mongolie et en Chine, en position accroupie sur leurs pontes, position comparable à celle d'un oiseau qui couve. Activité soutenue et comportements complexes sont des caractéristiques des endothermes actuels tels que les oiseaux et les mammifères. Leur présence chez au moins certains dinosaures pourrait donc indiquer que ces animaux étaient plutôt « à sang chaud ».[...]

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Pour citer cet article

Eric BUFFETAUT. DINOSAURES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Dinosaures : deux types de bassins - crédits : Encyclopædia Universalis France

Dinosaures : deux types de bassins

Dinosaures : cladogramme - crédits : Encyclopædia Universalis France

Dinosaures : cladogramme

Brachiosaurus - crédits : Encyclopædia Universalis France

Brachiosaurus

Autres références

  • DÉFINITION DES DINOSAURES

    • Écrit par Eric BUFFETAUT
    • 156 mots

    Dans un rapport sur les reptilesfossiles de Grande-Bretagne, l'anatomiste et paléontologue Richard Owen (1804-1892) propose de rassembler sous le nom de Dinosauria (du grec deinos, « terriblement grand » et sauros, « lézard ») trois genres mis au jour dans le Jurassique et le Crétacé...

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par Anne FAURE-MURET
    • 18 789 mots
    • 22 médias
    ...style des rivières, celles-ci s'étalant dans de grandes plaines d'épandage. Les formations lacustres sont localement bien développées, avec des restes de Dinosauriens. Ceux-ci passent peu à peu à des formes plus petites, plus mobiles en réponse à la nécessité de se déplacer, à cause du caractère progressivement...
  • ALBERTOSAURUS

    • Écrit par Universalis
    • 309 mots

    Genre de grands dinosauresthéropodes carnivores du Crétacé supérieur (environ 80 millions d'années), trouvé à l'état fossile en Amérique du Nord. Les albertosaures constituent un sous-groupe des Tyrannosaures.

    Par sa structure et ses mœurs supposées, Albertosaurus ressemblait...

  • ALLOSAURUS

    • Écrit par Universalis
    • 302 mots
    • 1 média

    Grand dinosaure saurischien carnivore (théropode) ayant vécu au Jurassique supérieur, il y a environ 150 millions d'années. Il est particulièrement bien connu par des fossiles découverts dans l'Ouest des États-Unis, notamment dans les États de l'Utah et du Colorado.

    Allosaurus...

  • ALVAREZ LUIS WALTER (1911-1988)

    • Écrit par Alain GRIMAUD
    • 420 mots
    • 1 média

    Physicien américain né le 13 juin 1911 à San Francisco, Luis Walter Alvarez commence ses travaux comme assistant, puis il devient professeur à l'université de Californie (Berkeley), où il découvre en 1938 le phénomène de capture électronique de certains noyaux radioactifs. Avec Felix...

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Voir aussi