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CONSTELLATIONS

La représentation des constellations remonte aux toutes premières civilisations. Ainsi, les plus anciens textes cunéiformes consacrés à l'astronomie – seconde moitié du IIe millénaire avant J.-C. – mentionnent les noms sumériens des constellations encore appelées aujourd'hui Lion, Taureau et Scorpion. Des bornes babyloniennes de la même époque sont ornées de dessins représentant ces animaux « astronomiques ». Cependant, la présence de ces motifs sur des sceaux, sur des vases sumériens et sur des plateaux de jeu suggère une origine bien antérieure, peut-être dès 4000 avant J.-C. En Chine, quelques configurations stellaires présentent de grandes analogies avec celles qui sont connues en Occident ; parmi celles-ci figurent le Scorpion, le Lion, Orion et la Grande Ourse. Si ces faits plaident en faveur de l'existence d'une tradition commune très ancienne dans le cas de certaines constellations, on peut également conclure que la majorité des autres ont des origines totalement indépendantes.

Les origines grecques

La littérature grecque ancienne reflète l'importance des étoiles pour une civilisation d'agriculteurs et de marins. Homère (viiie siècle av. J.-C. ?) désigne plusieurs constellations par des noms qui demeurent en vigueur aujourd'hui, et les étoiles circumpolaires sont pour la première fois mentionnées dans l'Odyssée (Chant V, trad. Leconte de Lisle) :

« Et le divin Odysseus, joyeux, déploya ses voiles au vent propice ; et, s'étant assis à la barre, il gouvernait habilement, sans que le sommeil fermât ses paupières. Et il contemplait les Pléiades, et le Bouvier qui se couchait, et l'Ourse qu'on nomme le Chariot, et qui tourne en place en regardant Orion, et, seule, ne touche point les eaux de l'Okéanos. »

La plus ancienne description systématique des constellations se trouve dans les Phénomènes, un poème d'Aratos de Soles (iiie siècle av. J.-C.), qui dénombre 43 constellations et nomme 5 étoiles. Selon Cicéron dans Sur la république (Livre I, XIV, 22, trad. Esther Bréguet) :

« Gallus disait, en effet, que l'invention de l'autre sphère, qui était faite d'une seule masse compacte, était ancienne et que Thalès de Milet avait été le premier à la tourner ; plus tard, Eudoxe de Cnide, un disciple, disait-il, de Platon, y avait tracé le dessin des constellations et des étoiles fixes du ciel. Toute la représentation graphique de cette belle ordonnance, Aratos, bien des années plus tard, l'a empruntée à Eudoxe et l'a célébrée en vers, en recourant non à la connaissance de l'astronomie, mais à un grand talent poétique. »

La plus longue liste d'étoiles et de constellations qui nous soit parvenue de l'Antiquité est l'Almageste de Ptolémée (vers le milieu du iie siècle apr. J.-C.). Cette « Grande Composition » contient les coordonnées écliptiques et la magnitude (mesure de l'éclat) de 1 022 étoiles, regroupées en 48 constellations. Selon plusieurs auteurs, Ptolémée aurait fait de nombreux emprunts à un catalogue aujourd'hui perdu, compilé par Hipparque en 129 avant J.-C. Une analyse critique des quelques fragments restants de ce catalogue, y compris des commentaires sur les Phénomènes d'Aratos, indique que celui-ci ne comportait pas plus de 850 étoiles et que Ptolémée a probablement utilisé des coordonnées différentes, plus récentes. Ptolémée, qui est souvent considéré comme un simple compilateur, devrait donc être placé au premier rang des observateurs astronomiques les plus importants de tous les temps.

La liste de Ptolémée recèle pourtant un mystère. Ptolémée n'observa évidemment pas la partie la plus australe de la sphère céleste, invisible à la latitude d'Alexandrie. Près de cet horizon méridional, il repéra, d'un côté, les étoiles brillantes du Centaure[...]

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Écrit par

  • : professeur d'astronomie et d'histoire des sciences, université Harvard, astronome, Smithsonian Astrophysical Observatory, Cambridge (Massachussetts)
  • : professeur, président du département de physique et d'astronomie, Youngstown State University, Ohio

Classification

Pour citer cet article

Owen GINGERICH et Warren Melvin YOUNG. CONSTELLATIONS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Johann Elert Bode, Uranographia - crédits : Courtesy of the Observatories, University of Cambridge

Johann Elert Bode, Uranographia

Constellations - crédits : Encyclopædia Universalis France

Constellations

Autres références

  • ANDROMÈDE GALAXIE D'

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 1 140 mots
    • 1 média

    La galaxie d’Andromède, dont le nom scientifique est M31 (M désigne le catalogue établi en 1764 par l’astronome français Charles Messier), est la galaxie la plus proche de notre propre galaxie, la Voie lactée. Avec la Voie lactée, la galaxie du Triangle (M33) et une trentaine de galaxies...

  • ASTROLOGIE

    • Écrit par Jacques HALBRONN
    • 13 311 mots
    ...zodiaque faisait insensiblement machine arrière. Le malentendu et la rivalité entre astronomie et astrologie peuvent être symbolisés par l'homonymie des constellations avec les signes et leur croissant décalage. Les mêmes mots pour des référentiels différents. L'astronomie ne se préoccupait pas d'ajuster...
  • ASTRONOMIE

    • Écrit par James LEQUEUX
    • 11 339 mots
    • 20 médias
    ...elles disparaissent car « se couchant » avant le Soleil – sont de bons repères pour marquer les périodes de l'année. On a retrouvé la liste de nombreuses constellations (ensemble d’étoiles) définies par les Babyloniens, et la première ébauche du zodiaque (les constellations où passe le Soleil pendant l’année)....
  • CORONELLI VINCENZO MARIA (1650-1718)

    • Écrit par André LOUCHET
    • 704 mots
    • 1 média

    Né à Venise en 1650, Vincenzo Maria Coronelli fait ses études à Ravenne et entre chez les franciscains de Venise dès 1665. Docteur en théologie en 1673, il mènera sa vie durant une carrière de savant, de géographe et d’encyclopédiste.

    À la fin des années 1670, Coronelli travaille comme...

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Voir aussi