CONSTELLATIONS
Nouvelles constellations : du XVIe au XXe siècle
Jusqu'à la fin du xvie siècle, les cartes stellaires ne contenaient que les 48 constellations repérées par Ptolémée. Pieter Dirckszoon Keyzer, un navigateur qui avait rejoint la première expédition néerlandaise vers les Antilles en 1595, ajouta 12 nouvelles constellations dans l'hémisphère austral, et leur donna notamment des noms d'oiseaux exotiques, comme le Toucan, le Paon et le Phénix.
Les constellations australes apparaissent en 1601 sur un globe céleste de Jodocus Hondius, en 1603 sur un globe de Willem Blaeu et sur l'une des planches de l'Uranometria de Johann Bayer, qui peut être considéré comme le premier véritable atlas céleste : celui-ci présente chacune des 48 constellations répertoriées par Ptolémée, auxquelles s'ajoutent les 12 constellations de Keyzer. Son caractère scientifique est indiscutable, puisque l'Uranometria repose sur les positions et les magnitudes stellaires qui viennent d'être publiées par Tycho Brahe dans son Astronomiae instauratae Progymnasmata (1602).
Dans son Uranographia (1687), l'astronome allemand Johannes Hevelius proposa sept nouvelles constellations, visibles depuis les latitudes boréales moyennes. Celles-ci sont toujours en usage, comme le Sextant, qui porte le nom d'un des instruments qu'il employait. Quatorze constellations australes supplémentaires seront présentées par Nicolas-Louis de Lacaille après sa visite au cap de Bonne-Espérance en 1750. Elles apparaîtront dans les Mémoires de l'Académie royale des sciences en 1752 (publiées en 1756). Toutes les autres tentatives d'inclure de nouvelles constellations seront dès lors rejetées.
Les atlas classiques de Bayer et d'Hevelius, ainsi que l'Atlas Coelestis établi par John Flamsteed (1729) ne représentaient que les étoiles les plus brillantes visibles à l'œil nu. L'Uranographia de Johann Elert Bode (1801) constitue la première description à peu près complète des étoiles visibles à l'œil nu. Les délimitations des constellations, affinées et acceptées par les cartographes du xixe siècle, y sont utilisées pour la première fois. Uranometria Nova (1843) de Friedrich W. A. Argelander et Uranometria Argentina (1877-1879) de Benjamin A. Gould normaliseront la liste des constellations telles qu'on les connaît aujourd'hui. La plus grande constellation de Ptolémée, Argo Navis (le Navire Argo), sera divisée en quatre parties : Vela (les Voiles), Pyxis (la Boussole), Puppis (la Poupe) et Carina (la Carène).
La liste définitive des 88 constellations sera établie en 1930 sous l'autorité de l'Union astronomique internationale (tableau). Les limites rectilignes des constellations y respectent les dispositions traditionnelles des étoiles visibles à l'œil nu. Les plus petites constellations, Equuleus (le Petit Cheval) et Crux (la Croix du Sud), coexistent avec des constellations dix fois plus grandes, respectivement Pégase et Centaure. Les délimitations standards définissent sans ambiguïté l'appartenance de chaque étoile à une constellation donnée.
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Écrit par
- Owen GINGERICH : professeur d'astronomie et d'histoire des sciences, université Harvard, astronome, Smithsonian Astrophysical Observatory, Cambridge (Massachussetts)
- Warren Melvin YOUNG : professeur, président du département de physique et d'astronomie, Youngstown State University, Ohio
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