CONSTELLATIONS
Relation entre les étoiles brillantes et leurs constellations
Les anciennes civilisations nommaient parfois chaque étoile brillante. Il arrivait que le nom du groupe d'étoiles et celui de son astre le plus brillant soient synonymes, comme dans le cas de la constellation de l'Aigle (Aquila) et de l'étoile Altaïr (α Aquilae), signifiant tous deux « aigles en vol », ou utilisés de manière interchangeable, comme dans le cas de l'étoile Arcturus (α Bootis, « le gardien de l'ours ») et de la constellation du Bouvier (« le laboureur »). Dans l'Almageste, Ptolémée ne cite qu'une douzaine d'étoiles par leur nom et décrit les autres par leur position au sein des constellations. La plupart des dénominations couramment utilisées ont des formes arabes. Ce sont généralement de simples traductions des descriptions de Ptolémée. Ainsi, Deneb, l'étoile la plus brillante de la constellation du Cygne (α Cygni), signifie littéralement la « queue » de l'oiseau.
Le placement des étoiles au sein de figures bien connues réalisé par Ptolémée indique que des cartes stellaires, probablement des globes, existaient déjà à son époque. On peut en voir un exemple au musée archéologique de Naples : il s'agit du globe des Farnèse, l'objet astronomique le plus célèbre subsistant de l'Antiquité. Cet énorme globe en marbre, soutenu par une statue d'Atlas, est généralement considéré comme une copie romaine d'un original grec plus ancien. Il présente les constellations mais pas les étoiles, bien qu'elles y aient peut-être été peintes.
Une carte céleste hémisphérique unique, liant de manière remarquable la représentation classique des constellations à leur forme arabe plus tardive, est peinte sur le dôme des bains de Qusayr 'Amra, un palais arabe construit en Jordanie vers 715. Les fragments restants de la fresque représentent en partie 37 constellations et environ 400 étoiles.
On a pu indirectement prouver l'utilisation au début de notre ère d'une représentation plate du ciel, sous la forme d'un planisphère utilisant une projection stéréographique. C'est ce type de représentation qui a donné naissance aux astrolabes, dont les exemples les plus anciens dont nous disposons remontent au ixe siècle. L'armature du plateau supérieur mobile (appelé « araignée ») d'un astrolabe représente une carte du ciel. Associé à des listes manuscrites, cet instrument constitue la documentation de base des dénominations arabes des étoiles.
Si l'on exclut les astrolabes, la carte stellaire portative la plus ancienne, toutes civilisations confondues, est le manuscrit chinois de Tunhuang conservé au British Museum, et qui date d'environ 940 de notre ère. Un document en latin, datant à peu près de la même époque et qui se trouve également au British Museum, montre un planisphère illustrant les Phénomènes d'Aratos, mais n'indiquant pas les étoiles individuellement. Le plus ancien manuscrit astronomique arabe enluminé, une copie de 1009-1010 de l'ouvrage d'al-Sufi sur les étoiles fixes, présente chaque constellation avec les étoiles qui les constituent.
Les cartes occidentales les plus anciennes représentant les hémisphères célestes boréal et austral avec leurs constellations et leurs étoiles datent de 1440. Conservées à Vienne, elles ont peut-être été inspirées par deux cartes aujourd'hui disparues, datant de 1425, et qui ont appartenu à l'astronome et mathématicien allemand Regiomontanus. En 1515, Albrecht Dürer dessina les premières cartes stellaires imprimées – deux beaux planisphères aux motifs serrés – d'après les manuscrits de Vienne. Dürer et ses collaborateurs y désignèrent les étoiles selon l'ordre de la liste de Ptolémée, une nomenclature peu répandue au xvie siècle. Le premier[...]
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Écrit par
- Owen GINGERICH : professeur d'astronomie et d'histoire des sciences, université Harvard, astronome, Smithsonian Astrophysical Observatory, Cambridge (Massachussetts)
- Warren Melvin YOUNG : professeur, président du département de physique et d'astronomie, Youngstown State University, Ohio
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