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ASTROLOGIE

L'astrologie a traversé les siècles en assumant les rôles les plus divers, et il n'est pas toujours aisé de la reconnaître sous ses multiples apparences et ses statuts les plus contrastés. On lit un texte la concernant en fonction d'une certaine représentation ; ainsi celle d'un savoir sur l'humain dont les fondements se situeraient au-delà ou au-dessus de l'humain. Impliquant un état préstructuré de la psyché, l'astrologie dévaloriserait l'homme par rapport à la nature si elle s'avérait fondée. Ses errances mêmes témoignent du fait que l'astrologie n'a pas dû sa gloire tant à sa « vérité » qu'à son crédit ou à sa position stratégique au sein de l'ensemble des savoirs. Ayant fait l'objet de multiples et incessantes tentatives de démystification, mirage qui disparaît quand on s'en approche de trop près ou qu'on veut l'isoler de son environnement, l'astrologie est contradictoire : phénomène de société que certains ne prennent guère au sérieux, elle renvoie l'historien aux efforts des hommes pour harmoniser les savoirs et les religions avec les modernités successives. Fallait-il demander davantage à l'astrologie que d'enseigner aux hommes à regarder vers l'avenir et à s'y préparer ? N'est-il pas heureux que ses pouvoirs réels soient si limités tout en étant capables de mobiliser les esprits ?

Marginalisée, l'astrologie existe toujours, et son rejet hors de la science pèse sur toute tentative pour rappeler sa grandeur passée et la fascination qu'elle a pu exercer sur de grands esprits. Suscitant encore nombre de publications, les discours astrologiques, bien que désormais perçus comme archaïques, font partie des diverses composantes de la culture européenne, et il convient d'interroger de près les prises de position qu'ils ont suscitées.

Émergence et assise des discours astrologiques

L'astrologie existe dès lors que certains croient en elle et veulent savoir ce qu'elle a à leur dire. De ce fait, il est probablement plus important de déterminer ce qu'on attend d'elle que ce qu'elle est objectivement capable de fournir. Mais comment cerner son domaine ? Dire, par exemple, que les Centuries de Nostradamus ne sont pas « de l'astrologie » signifie que celles-ci ne peuvent être a priori mises en relation avec le système astrologique, ce qui constitue une approche quelque peu étriquée. Certains nostradamistes se sont ingéniés à démontrer que Nostradamus n'avait que mépris pour l'astrologie. Un portrait psychologique relève-t-il de l'astrologie avant qu'on ait décrété qu'il s'agissait d'un Sagittaire ou d'un saturnien ?

Peut-on dater l'apparition de l'astrologie ? Ne serait-ce que pour s'orienter, les hommes ont toujours observé le ciel. Mais, dans le ciel étoilé, la voûte céleste apparaît figée et la Lune suit un cycle bien réglé (nouvelle lune-pleine lune) ; les planètes (d'un mot grec signifiant « errant ») semblent ne suivre que leurs caprices (d'où le nom de « chèvre » que leur donnaient les Babyloniens). Il fallut atteindre un seuil de connaissance relativement élevé et tardif pour cerner la révolution apparente autour de la Terre des cinq planètes Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne (respectivement, dans le panthéon babylonien, les demeures des dieux Nebo, Ishtar, Nergal, Mardouk et Ninib).

Le zodiaque se définit comme le lieu de passage de l'ensemble des planètes sur une bande de 17 degrés (pour les planètes anciennement connues tout au moins). Mais pourquoi avoir découpé la ceinture zodiacale en douze alors que l'on ne connaissait que sept astres ? Il semble que cela tienne avant tout au rapport entre la Lune et le Soleil. Entre deux passages du Soleil en un même point[...]

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Écrit par

  • : docteur de troisième cycle en études orientales, directeur de la Bibliotheca Astrologica

Classification

Pour citer cet article

Jacques HALBRONN. ASTROLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ABRAHAM IBN EZRA (1089-1164)

    • Écrit par Gabrielle SED-RAJNA
    • 813 mots

    Commentateur, grammairien, philosophe et astronome, Abraham ibn Ezra, né à Tudela, est l'une des plus grandes figures de la pensée juive du Moyen Âge. Sa carrière se divise en deux périodes bien distinctes. Pendant la première, jusqu'en 1140, il vit en Espagne, où des liens d'amitié le lient à...

  • ALBUMASAR, arabe DJA‘FAR BEN MUḤAMMAD BEN ‘UMAR AL-BALKHĪ ABŪ MA‘SHAR (787-886)

    • Écrit par Universalis
    • 171 mots

    L'un des principaux astronomes et astrologues du monde musulman, Abū Ma‘shar, plus connu sous le nom de Albumasar, soutenait que le monde a été créé lorsque les sept planètes étaient en conjonction dans le premier degré du Bélier, et prendrait fin quand cette même conjonction se reproduirait dans le...

  • ASTRE ou OBJET CÉLESTE

    • Écrit par Marc LACHIÈZE-REY
    • 1 244 mots

    Le nom d'« astre » s'applique à tout corps céleste. Pour l'astronome de l'Antiquité, il désignait l'une des quelques milliers d'étoiles suffisamment brillantes pour être visibles à l'œil nu ou l'une des sept planètes (du grec planêtes[asteres],...

  • ASTRONOMIE

    • Écrit par James LEQUEUX
    • 11 339 mots
    • 20 médias
    Ce culte des objets célestes conduit à attribuer à ces astres une influence sur la destinée humaine et donne naissance à l'astrologie qui, sauf peut-être chez les Grecs, a dominé dans le monde entier l'astronomie jusqu'à la Renaissance. Cette astrologie fut particulièrement développée...
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Voir aussi