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CONSTELLATIONS

Noms et désignations des étoiles

Sur les quelque 5 000 étoiles qui sont visibles à l'œil nu, seules quelques centaines portent un nom, et moins de 60 sont couramment utilisées par les navigateurs ou les astronomes. Quelques noms proviennent presque directement du grec, comme Procyon, Canopus et Antarès, ce dernier étant dérivé d'« anti-Arès », ou « rival de Mars », à cause de sa couleur rouge. Les étoiles Sirius (« torride ») et Arcturus (« le gardien de l'ours ») sont mentionnées à la fois par Homère et par Hésiode (viiie siècle av. J.-C. ?). Aratos nomme également ces étoiles ainsi que celles de Procyon (« qui précède le chien »), Stachys (« l'épi de maïs », à présent Spica), et Protrugater (« l'annonceur des vendanges », latinisé en Vindemiatrix).

Le préfixe al présent dans de nombreux noms d'étoiles indique leur origine arabe : dans cette langue, al correspond en effet à l'article défini « le » ou « la » : ainsi, Aldébaran (« le suiveur »), Algenib (« le flanc »), Alhague (le charmeur de serpent ») et Algol (« le démon »). Albireo, dans la constellation du Cygne, constitue une exception manifeste ; son nom vient probablement d'une déformation des mots ab ireo dans la première édition latine de l'Almageste, en 1515. La plupart des noms d'étoiles sont en fait arabes et sont souvent des traductions des descriptions grecques. Les étoiles d'Orion illustrent les diverses dérivations : Rigel, qui vient de rijl al-Jawzah, « la jambe d'Orion », Mintaka, qui signifie « la ceinture », et Saïph, « l'épée », correspondent aux descriptions de Ptolémée ; Bételgeuse, tiré de yad al-Jawzah, qui n'a pas été décrite par Ptolémée, signifie « main d'Orion » ; Bellatrix, « la guerrière », est peut-être la traduction latine d'un nom arabe, an-najid, « le conquérant », ou une modification d'une autre dénomination d'Orion. Seuls quelques noms ont des origines récentes. Ainsi, Cor Caroli, l'étoile la plus brillante de la constellation des Chiens de chasse, a été nommée en 1725 par Edmond Halley.

C'est Bayer qui, dans son Uranometria de 1603, introduisit un système de lettres grecques pour désigner les principales étoiles visibles à l'œil nu. Dans ce système, la lettre grecque est suivie de la forme au génitif du nom de la constellation : l'Alpha de la constellation des Chiens de chasse (Canes Venatici) est donc α Canum Venaticorum. Ces lettres et leurs extensions s'appliquent à 1 300 étoiles environ. Dans son Historia Coelestis Britannica (publiée après sa mort en 1725), Flamsteed numérota à la suite les étoiles de 54 constellations selon leur ascension droite. Ces numéros sont habituellement utilisés pour les étoiles visibles à l'œil nu les plus faibles, par exemple 61 Cygni.

Un astronome souhaitant spécifier une étoile encore plus faible aura généralement recours à un catalogue plus complet ou plus spécialisé. Ces catalogues ne tiennent généralement pas compte des constellations et répertorient les astres à l'aide de leur ascension droite. BD +380 3238 fait ainsi référence à une étoile du Bonner Durchmusterung et HD 172167 en désigne une du catalogue Henry Draper de classification spectrale ; dans cet exemple, on a affaire à la même étoile brillante, Véga (α Lyrae), qui peut aussi être indiquée comme GC 25466, dans le General Catalogue of 33,342 Stars de Benjamin Boss (1937), ou comme ADS 11510, dans le New General Catalogue of Double Stars de Robert Grant Aitken (1932).

Les étoiles variables ont leur propre nomenclature, qui est prioritaire par rapport aux dénominations des catalogues plus spécialisés. Elles sont nommées par ordre de découverte dans chaque constellation à l'aide des lettres R à Z (à condition qu'elles ne portent[...]

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Écrit par

  • : professeur d'astronomie et d'histoire des sciences, université Harvard, astronome, Smithsonian Astrophysical Observatory, Cambridge (Massachussetts)
  • : professeur, président du département de physique et d'astronomie, Youngstown State University, Ohio

Classification

Pour citer cet article

Owen GINGERICH et Warren Melvin YOUNG. CONSTELLATIONS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Johann Elert Bode, Uranographia - crédits : Courtesy of the Observatories, University of Cambridge

Johann Elert Bode, Uranographia

Constellations - crédits : Encyclopædia Universalis France

Constellations

Autres références

  • ANDROMÈDE GALAXIE D'

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 1 140 mots
    • 1 média

    La galaxie d’Andromède, dont le nom scientifique est M31 (M désigne le catalogue établi en 1764 par l’astronome français Charles Messier), est la galaxie la plus proche de notre propre galaxie, la Voie lactée. Avec la Voie lactée, la galaxie du Triangle (M33) et une trentaine de galaxies...

  • ASTROLOGIE

    • Écrit par Jacques HALBRONN
    • 13 311 mots
    ...zodiaque faisait insensiblement machine arrière. Le malentendu et la rivalité entre astronomie et astrologie peuvent être symbolisés par l'homonymie des constellations avec les signes et leur croissant décalage. Les mêmes mots pour des référentiels différents. L'astronomie ne se préoccupait pas d'ajuster...
  • ASTRONOMIE

    • Écrit par James LEQUEUX
    • 11 339 mots
    • 20 médias
    ...elles disparaissent car « se couchant » avant le Soleil – sont de bons repères pour marquer les périodes de l'année. On a retrouvé la liste de nombreuses constellations (ensemble d’étoiles) définies par les Babyloniens, et la première ébauche du zodiaque (les constellations où passe le Soleil pendant l’année)....
  • CORONELLI VINCENZO MARIA (1650-1718)

    • Écrit par André LOUCHET
    • 704 mots
    • 1 média

    Né à Venise en 1650, Vincenzo Maria Coronelli fait ses études à Ravenne et entre chez les franciscains de Venise dès 1665. Docteur en théologie en 1673, il mènera sa vie durant une carrière de savant, de géographe et d’encyclopédiste.

    À la fin des années 1670, Coronelli travaille comme...

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Voir aussi