Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CENTRE NATIONAL D'ART & DE CULTURE GEORGES-POMPIDOU

Inauguré en 1977 à Paris, le Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (C.N.A.C.-G.-P.), dit Centre Georges-Pompidou – à l'origine établissement public du Centre Beaubourg, selon le décret du 31 décembre 1971 –, a été créé par la loi du 3 janvier 1975 pour favoriser « la création des œuvres de l'art et de l'esprit » et contribuer « à l'enrichissement du patrimoine culturel de la nation, à l'information et à la formation du public, à la diffusion de la création artistique et à la communication sociale » (art. 1).

Le président Pompidou, qui fut l'initiateur du projet, en avait dessiné les grandes lignes dès le 13 décembre 1969, dans une lettre au ministre des Affaires culturelles Edmond Michelet, puis en 1972, dans un entretien accordé au journal Le Monde. Le Centre, auquel a été donné le nom du président disparu dans l'exercice de ses fonctions, avait été « passionnément » voulu par ce dernier, contre une bonne partie du monde politique, professionnel (le projet suscita des réserves marquées chez les conservateurs de bibliothèques et de musées) et intellectuel – qu'on pense au titre de Baudrillard, en 1977 : L'Effet Beaubourg : implosion et dissuasion.

Premier « établissement public national à caractère culturel » en France (selon la loi de janvier 1975), le Centre national d'art et de culture devait à la fois redonner à Paris sa place internationale et servir d'exemple pour la décentralisation culturelle, déjà engagée avec la création des Maisons de la culture par Malraux, au début des années 1960. Surtout, l'enjeu était celui d'un outil nouveau de diffusion de la culture entendue comme un tout organique et dynamique. De cela, il est possible aujourd'hui, avec trente années de recul, de faire un bilan : ce n'est pas la première fois qu'on soulignera la perte de certaines utopies, ou au contraire leur réussite exemplaire, et, partant, leur quasi-banalisation dans les pratiques culturelles.

Mais, surtout, trente ans – le temps d'une génération –, c'est enfin la durée d'une histoire. Celle qui permet de mesurer comment a fonctionné le rêve assurément le plus fou, d'une structure évolutive en attente d'usages nouveaux. Ainsi, ce qui caractérise l'histoire du Centre Georges-Pompidou, c'est le paradoxe d'une fidélité à un programme initial, alliée à une capacité réactive, créatrice des moyens de diffusion culturelle les plus propres à coller au temps qui vient, à les marquer de son empreinte, voire à les anticiper. De là viennent à la fois l'immense succès populaire (alors que les prévisions les plus optimistes tablaient en 1977 sur 5 000 visiteurs par jour, il y en eut dès cette année 25 000) et les problèmes de gestion des flux.

« Une grande idée logée » (Francis Ponge) : la pluridisciplinarité

Aux origines du Centre, un concours de circonstances a permis la réalisation d'une idée qui allait imposer une conception de la culture rompant avec les cloisonnements académiques hérités du xixe siècle. La pluridisciplinarité du Centre telle que nous la connaissons, regroupant arts visuels, livre, spectacle vivant, s'est en effet construite progressivement. Dans sa lettre à Edmond Michelet, le président Pompidou écrivait : « L'ensemble architectural devra non seulement comprendre un vaste musée de peinture et de sculpture, mais des installations spéciales pour la musique, le disque, éventuellement le cinéma et la recherche théâtrale. Il serait souhaitable qu'il puisse également comprendre une bibliothèque, à tout le moins une bibliothèque regroupant tous les ouvrages consacrés aux arts et à leur évolution la plus récente. » Le seul terrain disponible au cœur de Paris étant celui des Halles, prévu pour l'édification d'une bibliothèque de [...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : maître de conférences en sciences de l'information et de la communication, université Pierre-Mendès-France, Grenoble

Classification

Pour citer cet article

Bernadette DUFRÊNE. CENTRE NATIONAL D'ART & DE CULTURE GEORGES-POMPIDOU [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Centre Pompidou-Metz, Shigeru Ban et J. de Gastines - crédits : D. Gréco

Centre Pompidou-Metz, Shigeru Ban et J. de Gastines

Autres références

  • ARCHITECTURE ET DESIGN AU CENTRE GEORGES-POMPIDOU, PARIS

    • Écrit par Claude MASSU
    • 1 877 mots

    Depuis son inauguration en 1977, le Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou a joué un grand rôle, tant en France qu'à l'étranger, dans le domaine des expositions d' architecture et de design. Cependant, la fonction et le sens de ces manifestations ont connu des...

  • AULENTI GAE (1927-2012)

    • Écrit par Universalis, Roger-Henri GUERRAND
    • 1 272 mots
    • 2 médias
    C'est la même solution que Gae Aulenti a appliquée dans la restructuration du Musée national d'art moderne abrité au Centre Georges-Pompidou (1982-1985) : les collections du musée, de plus en plus riches, « flottaient » littéralement dans un espace trop flexible. L'architecte a donc recréé de vraies...
  • BIBLIOTHÈQUES

    • Écrit par Henri-Jean MARTIN
    • 8 931 mots
    • 3 médias
    ...650 000 mètres carrés. Enfin, tandis que la Ville de Paris entreprenait de moderniser et de développer depuis 1960 son réseau de bibliothèques de prêt, l'État créait dans la capitale, au Centre Georges-Pompidou, la Bibliothèque publique d'information (1977). Consacrant de façon spectaculaire le principe...
  • BOZO DOMINIQUE (1935-1993)

    • Écrit par Yve-Alain BOIS
    • 895 mots

    L'historien d'art Dominique Bozo a changé le paysage de l'art moderne et contemporain en France. C'est à lui que l'on doit la réussite du musée Picasso ; c'est à ses efforts que l'on doit la transformation d'un Musée national d'art moderne vieillot et frileux en l'un des...

  • CENTRE POMPIDOU-METZ

    • Écrit par Philippe PIGUET
    • 865 mots
    • 1 média

    Trente-trois ans après sa création, le Musée national d'art moderne-Centre Georges-Pompidou a inauguré à Metz, en 2010, un nouveau lieu d'expositions. Dénommé Centre Pompidou-Metz, il constitue une des premières expériences de décentralisation en région d'un établissement...

  • Afficher les 16 références

Voir aussi