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AULENTI GAE (1927-2012)

Parmi la génération de femmes architectes apparue au cours de la seconde moitié du xxe siècle, Gae Aulenti fait figure de pionnière. Cette Italienne a en effet accumulé les titres naguère réservés aux hommes et s'est retrouvée au carrefour de la production artistique contemporaine. En France, Gae Aulenti est connue pour avoir aménagé dans les années 1980 les intérieurs des musées d'Orsay et de Beaubourg. Mais celle qui s'est fait une spécialité de l'aménagement de grands espaces publics, et notamment de musées, est aussi un designer de talent. Depuis les années 1960-1970, elle a ainsi dessiné de nombreux meubles et objets, qu'elle n'hésite pas à rendre accessibles à tous en créant aussi des séries pour le grand public. L'architecte a investi de nombreux domaines de l'espace intérieur avec beaucoup d'originalité et fait notamment preuve d'une vision synthétique de l'environnement rarement égalée. Sa renommée et ses réalisations, devenues internationales, se sont imposées non seulement en Italie mais aussi en Europe et aux États-Unis.

Un designer d'avant-garde

Lampe « Pipistrello » de Gae Aulenti - crédits : Shutterstock

Lampe « Pipistrello » de Gae Aulenti

Née en 1927 à Palazzolo della Stella (province d'Udine), Gae Aulenti est diplômée d'architecture au Politecnico di Milano en 1954. Membre à partir de 1960 de la Société des designers italiens (Associazione per il disegno industriale, A.D.I.), elle triomphe en 1964 à la Triennale de Milan qui lui attribue un grand prix. Cet intérêt pour le design est à rapprocher de sa formation d'origine. On ne peut pas, en effet, isoler Gae Aulenti du milieu milanais qui l'a formée, alors animé par l'architecte et designer Giò Ponti (1891-1979). Ce maître disciple de Le Corbusier a introduit sous le fascisme le mouvement moderne en Italie. Son activité s'est exercée à chaque niveau de la vie quotidienne, de l'immeuble au matériel sanitaire : tous les designers qui débutèrent dans les années 1960 ont subi son influence qui est venu bousculer le style serein des Scandinaves. Dans la lignée de cette tradition, Gae Aulenti créé, par exemple, la lampe « Pipistrello » (chauve-souris), en 1963.

Comme son maître, cependant, elle ne se contente pas d'œuvrer pour les riches esthètes. En 1970, elle s'associe à l'expérience de la chaîne de magasins Prisunic qui lance une ligne de mobilier contemporain à des prix accessibles en rassemblant des designers connus. Durant les quatre années que dure cette expérience sans précédent, Gae Aulenti conçoit ainsi des chaises et des fauteuils en acier laqué et chromé qui prendront ensuite place dans les musées.

Tout au long de sa carrière, l'artiste reste fidèle à la leçon de Giò Ponti, n'oubliant jamais la vie quotidienne. Mais elle n'hésite pas non plus à être à contre-courant. En 1996, par exemple, elle créera pour la firme italienne Ideal-Standard une ligne de porcelaine sanitaire baptisée « Orsay », tandis que la robinetterie se dénomme « Hyperbole » – car elle privilégie cette courbe. Tout en ajoutant au matériel habituel de la salle de bains une originale table desserte en porcelaine vitrifiée, elle rétablit l'usage du bidet que le reste de l'Occident semblait pourtant avoir abandonné.

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'École d'architecture de Paris-Belleville
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Roger-Henri GUERRAND. AULENTI GAE (1927-2012) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Lampe « Pipistrello » de Gae Aulenti - crédits : Shutterstock

Lampe « Pipistrello » de Gae Aulenti

Musée d'Orsay - crédits : Eduardo Fuster/ Universal Images Group/ Getty Images

Musée d'Orsay

Autres références

  • ORSAY MUSÉE D', Paris

    • Écrit par Stéphane GUÉGAN
    • 1 223 mots
    • 1 média
    ...« polyphonie » (selon Michel Laclotte, le directeur du musée d’Orsay jusqu’à son ouverture) avait été introduite sous les voûtes de l’ancienne gare, réaménagée par Gae Aulenti, elle-même peu sensible au style qu’elle jugeait « périmé » de Victor Laloux. À la suite de la transformation de la gare...

Voir aussi