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CARTEL, théâtre

Jouvet

Louis Jouvet dans Entrée des artistes, M. Allégret - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Louis Jouvet dans Entrée des artistes, M. Allégret

Louis Jouvet (1887-1951) affichait volontiers un certain cynisme intellectuel et mena sa carrière avec habileté. En fait, cet ancien élève de l'École de pharmacie avait le culte du beau et manquait d'assurance en soi. Il alla du plus facile (presque le Boulevard) au plus difficile (les classiques) par une progression constante et opiniâtre, équilibrant ce qu'il pouvait y avoir de formel dans ses conceptions littéraires par une connaissance approfondie de toutes les techniques de la scène, et, particulièrement, de la scène italienne ; il pensait que celle-ci offre, à qui sait l'utiliser, les possibilités les plus larges. D'esprit plus « moderne » que Dullin, pendant la plus grande partie de sa carrière il fit porter tous ses efforts (1923-1934 à la Comédie des Champs-Élysées, 1935-1940 à l'Athénée) à la recherche et à la formation d'auteurs contemporains dont les plus célèbres furent Jules Romains (Knock, Le Mariage de M. Le Trouhadec, Donogoo), Achard (Jean de la Lune, Domino) et surtout Jean Giraudoux (Siegfried, Amphitryon, Intermezzo, La Guerre de Troie, Électre, Ondine). Il avait réuni une troupe brillante (Valentine Tessier, Renoir, Michel Simon, Madeleine Ozeray) à qui il imposait un jeu sobre, rigoureux, où tout tendait à éclairer et à mettre en valeur les idées et les mots. Un décorateur de génie, Christian Bérard, unissait ses talents à ceux d'une équipe remarquable, galvanisée par les exigences et la ferveur du maître de jeu. Les représentations triomphales, en 1936, de L'École des femmes de Molière devaient être les premières d'une série classique (Les Fourberies de Scapin, Le Tartuffe, Don Juan).

Aux ailes de ce bastion d'équilibre et de vigueur que représentaient les deux disciples de Copeau, Pitoëff et Baty apportaient, l'un l'affranchissement de la pure poésie et l'autre celui du rêve.

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Écrit par

  • : administrateur général honoraire de la Comédie-Française, ancien inspecteur général des spectacles, essayiste théâtral

Classification

Pour citer cet article

Pierre-Aimé TOUCHARD. CARTEL, théâtre [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Louis Jouvet dans Entrée des artistes, M. Allégret - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Louis Jouvet dans Entrée des artistes, M. Allégret

Autres références

  • BATY GASTON (1885-1952)

    • Écrit par Armel MARIN
    • 442 mots

    Troisième homme du « Cartel », Gaston Baty fut un technicien sensible et intelligent de cette machine à jouer qu'est le théâtre. Il débute en 1919 au cirque d'Hiver en assistant Firmin Gémier dans une de ses mises en scène populaires. En 1921, il crée sans grand succès L'Annonce...

  • LITTÉRATURE FRANÇAISE DU XXe SIÈCLE

    • Écrit par Dominique RABATÉ
    • 7 278 mots
    • 13 médias
    ...modernisation des décors, Gaston Baty (1885-1952), Charles Dullin (1885-1949), Louis Jouvet (1887-1951) et Georges Pitoëff (1884-1939) fondent en 1927 le Cartel des quatre qui prépare la voie au Théâtre national populaire de Jean Vilar (1912-1971). Antoine Vitez (1930-1990) illustre cette vitalité des...
  • VIEUX-COLOMBIER THÉÂTRE DU - (repères chronologiques)

    • Écrit par Jean CHOLLET
    • 801 mots

    1913 En avril, à la recherche d'un lieu théâtral à Paris, Jacques Copeau découvre au 21 rue du Vieux-Colombier, au cœur du quartier Latin, une salle de 500 places baptisée Athénée Saint-Germain. Le théâtre réaménagé est ouvert le 23 octobre 1913, avec une œuvre élisabéthaine : ...

  • THÉÂTRE OCCIDENTAL - La scène

    • Écrit par Alfred SIMON
    • 10 045 mots
    • 7 médias
    Auprès des superingénieurs de la grande machinerie constructivo-expressionniste, les metteurs en scène du Cartel ( Dullin, Jouvet, Baty, Pitoëff), dans leurs petits théâtres vétustes, avec leurs pauvres moyens, font l'effet d'artisans de village. Ce serait pourtant céder à l'autodénigrement que de minimiser...

Voir aussi