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CARTEL, théâtre

Pitoëff

Quand Georges Pitoëff (1884-1939) débute à Paris en 1922, il a déjà une légende. Né a Tiflis, il a appris son métier d'acteur et de metteur en scène à Moscou, avant de s'installer à Genève, avec sa compatriote Ludmilla rencontrée à Paris. Leur couple est saisissant, lui, avec son visage d'apôtre obstiné, sa voix saccadée, sans souffle, elle, toute petite, avec des gestes de marionnette, un front large, lisse et blanc et des yeux noirs immenses. En scène, la foi les transfigure. Pendant trente ans, à Genève et à Paris, elle sera la pureté rayonnante, la fragilité indomptable, et lui, la générosité maladroite et bouleversante. La pauvreté est leur génie. Dans L'Échange de Claudel, on tend un mince ruban bleu à l'arrière-plan et c'est la mer. Quelques praticables gris sur lesquels jouent des projecteurs et ce sera tour à tour les créneaux du château d'Hamlet, le bûcher de Sainte Jeanne. Entourés d'une troupe souvent médiocre, mal payée et fidèle, ils transfigurent tout ce qu'ils touchent, et jusqu'à leur public. Une sorte de pacte mystique unit la salle et la scène. La poésie des mots devient la poésie de l'âme. Shakespeare, Ibsen, Tchekhov, Shaw, Maeterlinck, Strindberg, Pirandello, tous les poètes du mystère, de l'angoisse, de la tendresse trouvent, sur les divers plateaux occupés par la troupe errante, leur lieu d'expression privilégié.

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Écrit par

  • : administrateur général honoraire de la Comédie-Française, ancien inspecteur général des spectacles, essayiste théâtral

Classification

Pour citer cet article

Pierre-Aimé TOUCHARD. CARTEL, théâtre [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Louis Jouvet dans Entrée des artistes, M. Allégret - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Louis Jouvet dans Entrée des artistes, M. Allégret

Autres références

  • BATY GASTON (1885-1952)

    • Écrit par Armel MARIN
    • 442 mots

    Troisième homme du « Cartel », Gaston Baty fut un technicien sensible et intelligent de cette machine à jouer qu'est le théâtre. Il débute en 1919 au cirque d'Hiver en assistant Firmin Gémier dans une de ses mises en scène populaires. En 1921, il crée sans grand succès L'Annonce...

  • LITTÉRATURE FRANÇAISE DU XXe SIÈCLE

    • Écrit par Dominique RABATÉ
    • 7 278 mots
    • 13 médias
    ...modernisation des décors, Gaston Baty (1885-1952), Charles Dullin (1885-1949), Louis Jouvet (1887-1951) et Georges Pitoëff (1884-1939) fondent en 1927 le Cartel des quatre qui prépare la voie au Théâtre national populaire de Jean Vilar (1912-1971). Antoine Vitez (1930-1990) illustre cette vitalité des...
  • VIEUX-COLOMBIER THÉÂTRE DU - (repères chronologiques)

    • Écrit par Jean CHOLLET
    • 801 mots

    1913 En avril, à la recherche d'un lieu théâtral à Paris, Jacques Copeau découvre au 21 rue du Vieux-Colombier, au cœur du quartier Latin, une salle de 500 places baptisée Athénée Saint-Germain. Le théâtre réaménagé est ouvert le 23 octobre 1913, avec une œuvre élisabéthaine : ...

  • THÉÂTRE OCCIDENTAL - La scène

    • Écrit par Alfred SIMON
    • 10 045 mots
    • 7 médias
    Auprès des superingénieurs de la grande machinerie constructivo-expressionniste, les metteurs en scène du Cartel ( Dullin, Jouvet, Baty, Pitoëff), dans leurs petits théâtres vétustes, avec leurs pauvres moyens, font l'effet d'artisans de village. Ce serait pourtant céder à l'autodénigrement que de minimiser...

Voir aussi