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CANCER Immunothérapie

Conclusions et perspectives

Les immunothérapies et notamment celles basées sur les lymphocytes T suscitent beaucoup d’enthousiasme. Ces thérapies immunomodulatrices ont en effet montré leur potentiel thérapeutique dans des cancers agressifs comme le mélanome. Cependant, ces traitements ne profitent pas à tous les patients et ils sont, par ailleurs, peu efficaces dans les cancers ovariens et pancréatiques, caractérisés notamment par un environnement dérégulé limitant l’infiltration des lymphocytes T dans les régions tumorales. Dans ce contexte, les combinaisons de thérapies ciblant deux étapes différentes de l’immunité antitumorale – l’activation et la migration lymphocytaires T – semblent particulièrement prometteuses.

Plusieurs aspects méritent une réflexion. Le premier concerne la toxicité de ces produits. L’objectif est en effet de relâcher les « freins » des lymphocytes T tueurs pour qu’ils détruisent efficacement les cellules cancéreuses. Mais, bien sûr, ce n’est pas par hasard qu’ils sont maintenus serrés en condition normale : cela permet de conserver une certaine tolérance du soi, autrement dit d’éviter une autoagression de l’organisme. Le danger de ces traitements est donc de créer un embrasement du système, et de voir surgir des effets indésirables. C’est d’ailleurs ce qui a été rapporté dans des études menées avec les anticorps anti-CTLA-4, les anti-PD-1 semblant moins toxiques. Les traitements fondés sur les cellules CAR T, bien que très prometteurs, peuvent également provoquer des effets secondaires importants, notamment un relargage massif de cytokines inflammatoires – parfois appelé « tempête cytokinique » – pouvant être à l’origine de neurotoxicité, voire de décès. Cette réaction brutale au traitement impose un suivi du patient dans des établissements spécialisés et préparés à prendre en charge ces effets.

Le deuxième aspect concerne le prix très élevé de ces médicaments. À titre d’exemple, un traitement à l’anti-PD-1 nécessite quatre perfusions au prix de 20 000 euros l’unité. Pour les cellules CAR T, le coût d’un traitement avoisine les 400 000 euros en 2019. Par comparaison, le prix d’une chimiothérapie classique est inférieur à 2 000 euros. Même si des patients en rémission complète grâce à ces traitements pourront reprendre une activité professionnelle, l'augmentation du coût des traitements pose un problème de choix budgétaires et médicaux difficiles à assumer, problème sur lequel se penche le Comité national consultatif d'éthique.

Malgré ces réflexions, il n’en reste pas moins que cette discipline est en pleine révolution. La guérison des patients atteints de cancer métastatique, impensable il y a seulement quelques années, est désormais en ligne de mire des immunothérapies.

— Emmanuel DONNADIEU

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Écrit par

  • : directeur de recherche au CNRS, chef d'équipe à l'Institut Cochin, Paris

Classification

Pour citer cet article

Emmanuel DONNADIEU. CANCER - Immunothérapie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Migration du lymphocyte T au cours d’une réponse antitumorale - crédits : Encyclopædia Universalis France

Migration du lymphocyte T au cours d’une réponse antitumorale

Métastases d’un cancer de la prostate - crédits : GJLP/ CNRI/ Science Photo Library/ AKG-images

Métastases d’un cancer de la prostate

Une tumeur est un organe - crédits : Encyclopædia Universalis France

Une tumeur est un organe

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    ...fin du xxe siècle. Proctor, qui avait auparavant travaillé sur la médecine raciale dans l’Allemagne nazie, introduit l’expression en 1995 dans Cancer Wars, ouvrage dont le sous-titre –  « Comment les politiques publiques façonnent ce que nous savons et ce que nous ne savons pas sur le cancer...
  • AMIANTE ou ASBESTE

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    • 3 488 mots
    L'exposition à l'amiante entraîne, par ordre de fréquence décroissante, des cancers broncho-pulmonaires, des mésothéliomes et d'autres tumeurs primitives de la plèvre et, avec une moins grande certitude, des cancers gastro-intestinaux, en particulier des cancers de l'estomac.
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