Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

BYZANCE L'Empire byzantin

Les Paléologues et la chute de Byzance (1261-1453)

Byzance : dynasties des Paléologues et des Cantacuzènes - crédits : Encyclopædia Universalis France

Byzance : dynasties des Paléologues et des Cantacuzènes

En faisant aveugler le petit Jean IV, héritier légitime des Lascaris, Michel VIII installait à Byzance une dynastie qui devait durer jusqu'à la fin de l'Empire. L'histoire de cette dynastie comporte deux parties : les vingt ans de règne de Michel VIII lui-même, qui semblèrent inaugurer une nouvelle période de puissance et de grandeur pour l'Empire, et une décadence de près de deux siècles qui aboutit à sa disparition définitive. Il ne faut pas en déduire que tous les successeurs de Michel VIII furent des incapables ; mais, eussent-ils tous été géniaux, il n'était pas en leur pouvoir de résoudre des problèmes que le règne de Michel VIII avait contribué à rendre insolubles.

Le double front

Ces problèmes étaient à la fois d'ordre extérieur et intérieur. En redevenant une puissance mi-européenne mi-asiatique, avec laquelle il fallait compter, Byzance avait retrouvé le double front qui avait déjà usé tant de dynasties. À l'ouest, c'est le royaume serbe en pleine expansion ; à l'est, un adversaire beaucoup plus dangereux que l'État seldjoukide va entrer vers 1300 en contact avec les Grecs : la tribu des Osmanlis. Or, Byzance ne peut plus tenir ces deux fronts à la fois. Michel VIII, pour soutenir l'assaut de l'Occident, a dû laisser presque sans défense l'ancien domaine asiatique des souverains de Nicée. Comme les Paléologues, par manque de terres et d'autorité sur la noblesse, ne pouvaient reconstituer des biens militaires quand les Turcs eurent conquis ceux qui existaient en Asie, il fallut en revenir au système du mercenariat, doublement ruineux, pour les finances et pour la sécurité intérieure. L'aventure des Almugavares le prouva bientôt. Cette bande de Catalans, invincibles mais ingouvernables, fut engagée avec son chef Roger de Flor par Andronic II pour combattre les Turcs. Ils les battirent en effet, mais ravagèrent tout, en Asie d'abord, puis en Europe où Andronic avait cherché à les employer contre les Bulgares. Après d'affreux ravages, devant lesquels les Grecs étaient complètement impuissants, ils finirent par s'installer dans le duché d'Athènes qu'ils enlevèrent aux Français.

Les problèmes intérieurs n'étaient pas moins graves. Dès le règne de Michel VIII, le manque d'or obligeait à dévaluer l'hyperpère (nouveau nom du sou d'or, l'ancien nomisma), ce qui entraîna une forte hausse des prix et chassa la monnaie byzantine du marché international, où jusqu'ici elle faisait prime ; pour la remplacer, on se mit en Occident à frapper des monnaies d'or – florin et ducat notamment – qui lui furent rapidement préférées. À la crise monétaire s'ajoutait à Byzance une crise d'autorité. Le régime féodal établi par les croisés n'avait pu qu'aggraver les tendances séparatistes déjà flagrantes sous les Comnènes. En particulier, l'autonomie municipale, qui avait disparu depuis le temps d'Héraclius, s'était mise à renaître sous la pression des « puissants » qui tenaient déjà la plus grande partie de la terre. Dès le xie siècle, on avait vu apparaître de véritables constitutions urbaines, qui devinrent très nombreuses sous les Paléologues ; elles étaient en général purement aristocratiques et, par conséquent, n'étaient pas de nature à rapprocher le peuple et le pouvoir central dans l'exercice des responsabilités. Bien au contraire, elles occasionnèrent de graves troubles sociaux, surtout à Thessalonique, seconde ville de l'Empire, qu'ensanglanta au milieu du xive siècle la révolte populaire des zélotes.

Jean Cantacuzène

Andronic II, qui avait recueilli le lourd héritage de Michel VIII, passa tout son long règne à se débattre contre ces difficultés. Il ne put ni s'opposer aux progrès[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : maître assistant à l'École pratique des hautes études
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et José GROSDIDIER DE MATONS. BYZANCE - L'Empire byzantin [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Byzance : l'Empire romain d'Orient - crédits : Encyclopædia Universalis France

Byzance : l'Empire romain d'Orient

400 à 500. Royaumes barbares - crédits : Encyclopædia Universalis France

400 à 500. Royaumes barbares

Empire byzantin, l'Empire de Justinien - crédits : Encyclopædia Universalis France

Empire byzantin, l'Empire de Justinien

Autres références

  • BYZANCE, 330-1453 (exposition)

    • Écrit par Christian HECK
    • 1 037 mots

    Du marbre représentant le monstre marin rejetant Jonas sur la rive à la plaque d'orfèvrerie de l'éclatant saint Michel archange et à l'icône de l'Échelle sainte de Jean Climaque, plus de trois cents objets ont exprimé, lors de l'exposition Byzance, 330-1453 (Royal Academy...

  • BYZANCE MÉDIÉVALE 700-1204 (A. Cutler et J.-M. Spieser)

    • Écrit par Jean-Pierre SODINI
    • 1 250 mots

    La collaboration de deux grands spécialistes de Byzance a permis la mise au point d'un livre intelligent et vivant, qui renouvelle les vues routinières sur Byzance (coll. L'Univers des formes, Gallimard, Paris, 1996).

    Une brève introduction souligne quelques constantes de l'âme byzantine....

  • ALBANIE

    • Écrit par Anne-Marie AUTISSIER, Odile DANIEL, Universalis, Christian GUT
    • 22 072 mots
    • 9 médias
    ...que l'Illyrie, christianisée dès le ier siècle (avec saint Asti à Durrës et saint Donat à Vlora), fournit, au iiie siècle, plusieurs empereurs. Comprise, en 395, dans l'empire d'Orient, elle fut ravagée par les invasions barbares avant que le déferlement slave des vie et viie siècles...
  • ALP ARSLAN (1030 env.-1072) sultan seldjoukide (1063-1072)

    • Écrit par Robert MANTRAN
    • 328 mots

    Après avoir montré ses qualités militaires dans des campagnes victorieuses en Afghanistan et en Iran, Alp Arslan succède vers 1060 à son père Tchaghri Beg au Khorassan, puis en 1063 à son oncle Toghroul Beg en Iran et en Irak. Ayant réussi à éliminer ses oncles et cousins, reconnu comme ...

  • ANASTASE LE BIBLIOTHÉCAIRE (810 env.-env. 880)

    • Écrit par Universalis
    • 455 mots

    Linguiste distingué et cardinal de Rome né autour de 810, probablement à Rome (Italie), mort vers 880, Anastase le bibliothécaire est un conseiller politique influent des papes du ixe siècle.

    Apparenté à un évêque italien et reconnu pour sa parfaite connaissance du grec, Anastase est nommé cardinal-prêtre...

  • ANNE COMNÈNE (1083-1148)

    • Écrit par Pascal CULERRIER
    • 564 mots

    Fille aînée de l'empereur Alexis Ier (qui régna de 1081 à 1118), Anne Comnène, née en 1083, épousa le césar Nicéphore Bryennios et brigua en vain la couronne impériale. L'échec de ses ambitions politiques lui valut une retraite forcée qu'elle mit à profit pour reprendre un projet laissé...

  • Afficher les 111 références

Voir aussi