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BRAMANTE (1444-1514)

Activités romaines

En 1495 était construit à Rome le palais de la Chancellerie dont l'architecture rappelle par plusieurs côtés celle d'Urbino ; l'hypothèse d'une participation de Bramante à ces travaux a été avancée : on retrouve les modules très caractéristiques de son architecture, surtout dans la cour et dans l'église de San Lorenzo in Damaso reliée au palais. De Milan, Bramante se serait donc rendu à Rome pour un court séjour avant de s'y établir définitivement et, à cette occasion, il aurait donné des dessins pour certaines parties de la Chancellerie.

Quoi qu'il en soit, l'activité romaine de Bramante est attestée à partir du 17 août 1500 : la commande des pilastres et des colonnes du cloître de Sainte-Marie-de-la-Paix, dont il avait fourni les dessins. Le cloître fut achevé en 1504. Au rez-de-chaussée, des arcatures reposant sur des pilastres doriques, à l'étage, un entablement porté par des colonnes qui alternent avec des pilastres composites : Bramante ne réussira plus jamais à concilier avec un tel bonheur les acquisitions si diverses de sa formation architecturale.

La construction du cloître était en cours quand lui fut confié le projet du Tempietto de San Pietro in Montorio. L'édifice avait été commandé pour enchâsser le lieu du supplice de saint Pierre. Le projet de Bramante comprenait non seulement le temple rond – presque un tabernacle – à plan central qui seul sera réalisé, mais aussi, pour cerner l'édifice, un cloître circulaire creusé de niches. Ce projet s'inspire directement de l'étude approfondie faite par Bramante des monuments de la Rome antique ; d'où un sens des proportions plus aigu que celui que l'on éprouvait alors à Milan, des contrastes d'ombre et de lumière plus prononcés, une plus grande unité, des formes dépouillées de tout motif décoratif superflu. Aussi, bien qu'étant de dimensions modestes, le temple acquiert-il, grâce à l'organisation des volumes, une monumentalité exceptionnelle, qu'accentuent encore les jeux de clair-obscur.

On ne connaît pas la date à laquelle Jules II chargea Bramante d'aménager une partie des palais du Vatican, la zone s'étendant de l'actuelle cour de San Damaso au Belvédère d'Innocent VIII. Le projet prévoyait l'aménagement du terrain, qui est en forte déclivité, par des terrasses, des escaliers et des exèdres. Des mutilations et des transformations devaient altérer l'unité de cet ensemble qui n'en influencera pas moins les aménagements de jardins, de parcs et d'ensembles monumentaux.

Les travaux étaient à peine commencés quand fut décidée la reconstruction totale de la vieille basilique de Saint-Pierre, prévue de longue date.

L'édition autographe du projet initial de Bramante ne nous est pas parvenue et il faut tenter de le reconstituer à partir de dessins anciens et d'une vue de l'église reproduite sur la célèbre médaille du Caradosso. Bramante était une fois de plus affronté au même problème : créer un édifice surmonté d'une coupole vers laquelle convergent les espaces du pourtour. À Saint-Pierre, ce thème est déployé avec grandeur : croix grecque surmontée d'une immense coupole hémisphérique, chapelles cruciformes flanquées de tours d'angle, coupole reposant à l'intérieur sur un haut tambour percé de fenêtres et ceint d'une colonnade. Quatre énormes pilastres destinés à soutenir le tambour devaient constituer les points d'articulation entre la partie centrale, couverte par la coupole, et le déambulatoire cruciforme du pourtour, couvert par quatre petites coupoles d'angles et entouré d'un jeu compliqué d'absides et de niches. Les références à l'architecture romaine (le Panthéon) ou paléochrétienne étaient évidentes.

La construction commence le[...]

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Écrit par

  • : consultant auprès des Musées du Vatican pour la restauration des œuvres d'art

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Christ à la colonne, D. Bramante - crédits : Luisa Ricciarini/ Bridgeman Images

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Palais ducal, Urbino - crédits :  Bridgeman Images

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