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BEL CANTO

Un bel canto romantique ?

Gaetano Donizetti - crédits : AKG-images

Gaetano Donizetti

Le premier romantisme, celui de Donizetti, et surtout de Bellini, cultive, comme il a été dit plus haut, une certaine nostalgie des formes extérieures du belcantisme. Les héroïnes féminines apparaissent dans des atours vocaux inspirés d'une certaine idéalisation ou d'un angélisme innocent, et les mélismes de la vocalisation contribuent à les préserver du commun. Une agilité belcantiste tient lieu d'idéalisation à Juliette (I Capuleti e i Montecchi) comme à Amina (La Sonnambula), à Elvira (Les Puritains) ou à Lucia (Lucia di Lammermoor). Quand la femme prend les traits d'une prêtresse (Norma), d'une reine (Anna Bolena) ou, plus généralement, d'un être hors du commun, c'est au vocabulaire néo-belcantiste que les romantiques ont recours pour sublimer ses élans, vengeurs ou arrogants. La cantilène délicatement fleurie exprime par ailleurs la suavité et la tendresse de ces âmes sensibles. Les coloratures encore dévolues aux premiers emplois de ténor par Bellini sont davantage redevables de la formation rossinienne de ces chanteurs et seront rapidement délaissées. Il reste que, dans son essence, l'opéra romantique, s'il conserve une dette à l'égard du bel canto, en diffère absolument par sa poétique théâtrale. Descendus de leur piédestal, les héros romantiques se meuvent désormais dans le réel et leurs réminiscences belcantistes, qui vont peu à peu disparaître, ne sont qu'une révérence au passé. On n'utilisera donc l'expression « bel canto romantique » qu'avec la pleine conscience de l'antinomie qui sépare les deux esthétiques confondues dans cet oxymoron.

Vincenzo Bellini - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Vincenzo Bellini

Bellini, I Puritani, scène de la folie - crédits : CEFIDOM / Encyclopædia Universalis France

Bellini, I Puritani, scène de la folie

Donizetti, Lucia di Lammermoor, scène de la folie - crédits : CEFIDOM / Encyclopædia Universalis France

Donizetti, Lucia di Lammermoor, scène de la folie

— Jean CABOURG

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Écrit par

  • : critique musical, agrégé de lettres modernes

Classification

Pour citer cet article

Jean CABOURG. BEL CANTO [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Haendel - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Haendel

Gaetano Donizetti - crédits : AKG-images

Gaetano Donizetti

Vincenzo Bellini - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Vincenzo Bellini

Autres références

  • BAROQUE

    • Écrit par Claude-Gilbert DUBOIS, Pierre-Paul LACAS, Victor-Lucien TAPIÉ
    • 20 831 mots
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  • BELLINI VINCENZO (1801-1835)

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    Le propre du bel canto tel que le conçoit Bellini n'est pas l'abandon au chant pur, mais l'expression juste des passions. C'est faute de l'avoir compris que Stendhal s'est montré injuste à l'égard du maître de Catane, et en particulier de La Straniera, une œuvre...
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