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AZTÈQUES

Le Templo Mayor : révélations sur le monde aztèque

Monolithe de Coyolxauhqui, Templo Mayor - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Monolithe de Coyolxauhqui, Templo Mayor

Le 21 février 1978, une découverte relance les recherches archéologiques sur les Aztèques. Avant cette date, nos connaissances sur ce peuple étaient issues de rares fouilles scientifiques et de trouvailles accidentelles, mais surtout de descriptions dues aux chroniqueurs de la conquête, dont les récits minutieux n'avaient pu être vérifiés. Ce jour-là, les ouvriers de la compagnie d'électricité réalisent une intervention dans le sous-sol du centre de Mexico, où ils trouvent un énorme monolithe circulaire, qui s’avère être la représentation de Coyolxauhqui, la déesse de la Lune.

Un mois plus tard, les autorités mettent en place le projet du Templo Mayor, un programme permanent de recherche scientifique qui, à travers la fouille archéologique de l’enceinte sacrée de Tenochtitlán, vise à reconstituer la vie religieuse de la capitale de l’empire aztèque – le mot aztèque désigne le peuple fondateur de l’empire, Mexicas et Tenochcas sont les habitants de la ville de Tenochtitlán. L'équipe de chercheurs est constituée d'archéologues, de restaurateurs, d'anthropologues, de biologistes, de chimistes et d'historiens.

D'après les calculs démographiques, Tenochtitlán comptait 250 000 habitants à l'arrivée des Espagnols. L’enceinte sacrée, au cœur de laquelle se trouve le Templo Mayor, était séparée de l’espace profane et délimitée par une plate-forme rectangulaire de 360 mètres sur 340. Cet ensemble préhispanique se trouve recouvert par l'actuel centre historique de Mexico, ville qui, avec ses 20 millions d'habitants, est l'une des plus complexes du monde. Le centre-ville est lui-même protégé par les lois du patrimoine, car il contient des édifices coloniaux d'une grande valeur qui, par ailleurs, s'enfoncent de plusieurs centimètres par an à cause de la nature marécageuse du sous-sol. Cela donne une idée de l'énorme défi qu'implique une fouille archéologique dans une telle urbanisation.

Le projet Templo Mayor se trouve dans sa neuvième saison de fouilles, qui touchera à sa fin en 2024, ce qui représente près d’un demi-siècle de travaux, puisque la première saison a débuté en 1978. En 2017, la surface fouillée représentait 18 300 mètres carrés ; les découvertes les plus significatives sont la pyramide principale ou Huey Teocalli – en langue nahuatl –, la maison des Aigles, 15 sanctuaires, 171 offrandes, ainsi que d’innombrables sculptures et peintures murales.

Une recherche pluridisciplinaire

L’équipe d’archéologues du projet Templo Mayor a fait appel à diverses disciplines pour assurer la recherche sur le terrain et mieux interpréter les découvertes qui en découlent. Des biologistes ont collaboré à l’identification des restes de plantes et d’animaux largement représentés dans les offrandes. Les études géophysiques – qui impliquent, entre autres instruments, l’utilisation systématique du radar à pénétration de sol (GPR) – ont permis de visualiser les caractéristiques du sous-sol avant d’entreprendre les fouilles, ce qui limite la destruction de vestiges d’occupation humaine. La tomographie de certains objets ainsi que la reproduction expérimentale de techniques anciennes ont fait avancer la connaissance de leurs processus de fabrication. Les études microchimiques et pétrographiques ont révélé les composants des roches et argiles utilisés dans la construction pour parvenir à situer leurs sources naturelles dans le bassin de Mexico, mais aussi dans des régions lointaines. Ces mêmes analyses, appliquées aux sols des sanctuaires, contribuent à la reconstitution des cérémonies qui s’y déroulaient : encens brûlé, aliments offerts, sacrifices humains. Les pigments présents dans les décorations murales et les sculptures ont été aussi analysés pour connaître leur chromatique originale et obtenir ainsi un aperçu de leur[...]

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Écrit par

  • : docteure en archéologie à l'université Paris I-Panthéon Sorbonne, chercheuse associée Universidad de Guadalajara (Mexique)
  • : docteure en archéologie des Amériques, chercheuse associée au laboratoire Archéologie des Amériques - UMR 8096 - CNRS
  • : assistante au musée de l'Homme

Classification

Pour citer cet article

Rosario ACOSTA NIEVA, Alexandra BIAR et Mireille SIMONI. AZTÈQUES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

1300 à 1400. Tamerlan - crédits : Encyclopædia Universalis France

1300 à 1400. Tamerlan

Civilisations précolombiennes, Méso-Amérique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Civilisations précolombiennes, Méso-Amérique

Tripode, Teotihuacán - crédits : AKG-images

Tripode, Teotihuacán

Autres références

  • LES AZTÈQUES (exposition)

    • Écrit par Rosario ACOSTA NIEVA
    • 938 mots

    À de nombreux titres, l'exposition présentée à Londres, à la Royal Academy of Arts, du 16 novembre 2002 au 11 avril 2003, constitua un événement majeur pour la perception européenne des arts précolombiens. Tout d'abord, la qualité et la diversité des œuvres exposées, 359 au total dont beaucoup pour...

  • AZTÈQUES (notions de base)

    • Écrit par Universalis
    • 3 537 mots
    • 13 médias

    Lorsque les conquistadores débarquent en 1519 sur les côtes du Mexique, la jeune civilisation aztèque est en pleine expansion. Installés depuis moins de deux siècles sur les rives du lac Texcoco, les Aztèques se sont imposés à leurs voisins en moins de cent ans. Leur société guerrière hérite d’une...

  • ALIMENTATION (Comportement et pratiques alimentaires) - Anthropologie de l'alimentation

    • Écrit par Dominique FOURNIER
    • 6 095 mots
    • 3 médias
    C'est le cas des commentaires sur laconsommation du pulque d'agave au Mexique depuis l'époque précolombienne jusqu'à nos jours. On a répété à l'envi que les Aztèques n'autorisaient cette boisson fermentée faiblement alcoolisée qu'aux anciens, et dans des circonstances exceptionnelles ; que...
  • AMÉRINDIENS - Amérique centrale

    • Écrit par Universalis, Georgette SOUSTELLE
    • 7 512 mots
    • 1 média

    L'empire aztèque s'est écroulé le 13 août 1521, jour de la prise de Mexico-Tenochtitlán par l'armée d'Hernán Cortés, armée composée en majeure partie d'Indiens désireux de secouer le joug aztèque. Au cours des années suivantes, l'occupation espagnole s'étendit aux autres...

  • AMÉRIQUE (Histoire) - Amérique espagnole

    • Écrit par Jean-Pierre BERTHE
    • 21 855 mots
    • 13 médias
    ...utilisé les divisions qu'ils avaient su discerner au sein du monde indigène : Cortés exploite les rancœurs des peuples tributaires de la confédération Aztèque, s'appuie sur Tlaxcala contre Tenochtitlan ; Pizarro profite de la querelle entre Huascar et Atahualpa pour la succession de l'empire inca. Ils...
  • NOUVEAU MONDE CHRONIQUES DU

    • Écrit par Jacques LAFAYE, Itamar OLIVARES
    • 3 656 mots
    • 8 médias
    ...indigène mexicain. Son œuvre est fondamentale tant pour l'étude de la religion et des mythes, que pour celle de l'histoire, des coutumes et des codex des Aztèques. Fray Diego de Landa, franciscain également, se livra à une semblable recherche sur la civilisation maya dans sa Relation des choses du Yucatán...
  • Afficher les 30 références

Voir aussi