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RÉFORME

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme - crédits : Encyclopædia Universalis France

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme

L'Église chrétienne d'Occident, qui a réussi à surmonter plusieurs hérésies au Moyen Âge, a vu au cours du xvie siècle, entre 1517 et 1570, de larges secteurs géographiques lui échapper définitivement, une opposition se créant ainsi entre l'Europe méditerranéenne, latine et romaine, et l'Europe protestante du Nord-Ouest et du Nord. Malgré le maintien de nombreux rapports entre les deux blocs, chacun élaborera après 1560 une culture originale qui a imprégné des générations de fidèles, en particulier dans les campagnes.

La Réforme a fourni une réponse au problème religieux qui préoccupait de nombreux chrétiens déçus de l'Église institutionnelle. Quatre raisons peuvent expliquer son succès : une sensibilité religieuse très vive, frappée par les malheurs du temps, hantée par une présence obsédante de la mort et de la peur et qui éprouvait le besoin d'un refuge ; l'évolution vers le sacerdoce universel, qui a suscité un anticléricalisme dirigé contre les privilèges et les pratiques financières des clercs ; l'importance des abus et le développement de l'imprimerie qui assurait la diffusion de la Bible, laquelle connaissait un grand succès et apparaissait comme une autorité infaillible.

Cependant, la Réforme, partie de Wittenberg, n'a pas conservé son unité. Elle s'est en réalité morcelée en trois tendances – luthéranisme, zwinglo-calvinisme et anglicanisme –, qui se sont parfois affrontées durement entre 1550 et 1650. Mais, en dépit d'une organisation ecclésiale différente et de divergences théologiques, l'accord a été maintenu touchant les questions fondamentales : le recours à la personne du Christ rédempteur, l'insistance sur la toute-puissance de la grâce (sola gratia) et le sola fide (la justification est un don gratuit qui ne dépend d'aucune disposition humaine), l'Église est l'assemblée des croyants, la Bible est la révélation définitive de Dieu actualisée par la Parole vivante de la prédication (sola scriptura). Enfin toutes les Églises de la Réforme rejettent l'autorité épiscopale, le culte de la Vierge et des saints, ainsi que la messe considérée comme un sacrifice offert à Dieu.

La Réforme luthérienne

Naissance et diffusion du mouvement

C'est dans l'Empire allemand que le mouvement spirituel qui aboutit à la Réforme est apparu sous l'impulsion d'un moine augustin saxon, Martin Luther (1483-1546). Depuis son entrée au couvent, Luther poursuivait un combat douloureux pour acquérir la certitude de son salut. Il trouva entre 1513 et 1518, au terme d'une laborieuse pérégrination, la solution dans un passage de l'Épître de Paul aux Romains (i, 17) : il s'agissait de la justification par la foi, qui allait devenir la clé de voûte de la doctrine luthérienne. La vente d'indulgences, favorisée par le pape pour reconstruire Saint-Pierre de Rome, parut à Luther peu compatible avec les doctrines bibliques : la publication de quatre-vingt-quinze thèses sur « la vertu des indulgences », adressées le 31 octobre 1517 à l'archevêque de Mayence, déclencha une vive effervescence à travers tout l'Empire. Les thèses, imprimées et colportées à l'insu de Luther, connurent un succès inouï ; les critiques pleines de bon sens qu'elles contenaient, à l'encontre de certaines pratiques et de la manière dont la crédulité populaire était exploitée au profit du fisc romain, en faisaient apparaître le texte comme un manifeste libérateur. Soumis à un feu roulant d'attaques de la part de la hiérarchie et de théologiens comme Jean Eck, notamment lors des disputes de Heidelberg et de Leipzig, Luther précisait peu à peu ses doctrines ; sa fermeté aboutit en 1520 à la rupture totale avec Rome. Cette année-là, il écrivit quatre œuvres majeures : De la papauté[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur d'histoire de l'Alsace à l'université de Strasbourg-II

Classification

Pour citer cet article

Bernard VOGLER. RÉFORME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme - crédits : Encyclopædia Universalis France

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme

Luther - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Luther

Jean Calvin - crédits : Imagno/ Getty Images

Jean Calvin

Autres références

  • ALBERT DE BRANDEBOURG (1490-1568) premier duc de Prusse (1525-1568)

    • Écrit par Bernard VOGLER
    • 576 mots

    Troisième fils du margrave d'Ansbach en Franconie, Albert de Brandebourg est destiné à une brillante carrière ecclésiastique. Dès l'âge de seize ans, il devient chanoine à Cologne, ce qui ne l'empêche pas de participer en 1508 à une campagne militaire de l'empereur Maximilien en Italie. C'est...

  • ALBERT DE HOHENZOLLERN (1490-1545) électeur de Mayence (1514-1545)

    • Écrit par Bernard VOGLER
    • 317 mots

    Auteur indirect de la Réforme, le prince Albert de Hohenzollern est le type même de l'évêque humaniste et mondain, plus soucieux de politique que de pastorale. Frère de l'Électeur de Brandebourg, il devient, grâce à la politique dynastique qui vise à faire de Magdebourg un apanage...

  • ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne du XVIe et du XVIIe s.

    • Écrit par Georges LIVET
    • 6 506 mots
    • 7 médias
    ...Bâle et de Constance, des vieilles hérésies, de la mystique des Pays-Bas, vivifiée et enrichie par l'humanisme d'Érasme, l'idée de la réforme de l'Église dans son chef et dans ses membres a besoin pour être réalisée d'une puissance révolutionnaire explosive, capable, après une...
  • ALSACE

    • Écrit par Universalis, Françoise LÉVY-COBLENTZ, Raymond WOESSNER
    • 6 482 mots
    • 2 médias
    ...de la société en général et du clergé en particulier. Quelque chose s'ébranle dans l'édifice rigide que la scolastique du Moyen Âge avait cru immuable. Strasbourg est prête à recevoir les premiers messages de Luther (1517) et bien d'autres villes après elle, dont Mulhouse et Wissembourg. Dès 1519, les...
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Voir aussi