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NIL

Assouan - crédits : Tuul & Bruno Morandi/ The Image Bank/ Getty Images

Assouan

Avec ses 6 671 kilomètres, depuis son affluent le plus lointain, la Luvironza en Tanzanie, et 6 058 kilomètres depuis le lac Victoria, le Nil prend rang, aux côtés de l'Amazone et de l'ensemble Mississippi-Missouri, parmi les trois plus longs fleuves du monde. Son bassin draine 3 millions de kilomètres carrés, un dixième du continent africain réparti entre deux grands ensembles, le Nil Blanc depuis le lac Victoria et le Nil Bleu ou Abbay (« le père » en amharique) depuis le lac Tana en Éthiopie. Leurs eaux convergent à Khartoum. Ce bassin se répartit entre onze pays : la Tanzanie, le Kenya, le Burundi, le Rwanda, l'Ouganda, la République démocratique du Congo, l'Éthiopie, l'Érythrée, le Soudan, le Soudan du Sud et l'Égypte. Ce n'est pas pour autant un fleuve au débit moyen très abondant. Avec ses 2 830 mètres cubes par seconde à Assouan, il n'est guère plus puissant que le Rhône et très modeste face au fleuve Congo et même au fleuve Niger.

La moitié des eaux du Nil Blanc se perd dans les immenses surfaces lacustres du pourtour du lac Kyoga en Ouganda, mais surtout du Sudd et du Bahr al-Zaraf au Soudan du Sud. Le Nil devient, sur les derniers 3 000 kilomètres de son cours, un fleuve allogène qui, après avoir quitté le domaine tropical humide, traverse l'un des déserts les plus arides du monde.

Le Nil est appelé couramment el Bahr (« la mer »), en Égypte et au Soudan arabophone, ce qui témoigne de sa dimension vitale. Dans l'ancienne Égypte, Hâpy, symbole de l'abondance, est aussi la personnification divine de la crue. Ce régime de la crue a favorisé l'essor de civilisations majeures, en Égypte bien sûr, mais aussi en Nubie couchitique, méroïtique ou chrétienne ou encore, au Sud-Soudan, avec la royauté sacrée shilluk et la domination des clans pastoraux nilotiquesDinka et Nuer. Les civilisations abyssiniennes se sont épanouies à distance du Nil Bleu, qui coule dans des gorges longtemps réputées maléfiques. La mythologie antique comme les expéditions pour découvrir les sources du Nil puis contrôler son cours et, aujourd'hui, « l'hydropolitique » des pays riverains sont associées à l'angoisse d'une crue peu abondante synonyme de famine et à la peur de voir les pays de l'amont couper le cours du fleuve. En 2011, 423 millions de personnes vivent dans les onze pays où coulent les Nils, dont un peu moins de la moitié sur le bassin lui-même. Entre le Soudan et l'Égypte, quelque 90 millions de riverains ne disposent d'aucun autre accès à l'eau.

Depuis que l'empereur éthiopien Amda Sion, en 1321, a menacé, sans en avoir les moyens, le sultan égyptien de couper les sources du Nil pour faire cesser la persécution des coptes, la problématique est la même, déterminant les relations internationales comme les aménagements du bassin nilotique.

Le bassin, le régime et la crue

Paysage de la région du Nil - crédits : C. Sappa/ De Agostini/ Getty Images

Paysage de la région du Nil

Les profils des deux ensembles, Nil Blanc et Nil Bleu, sont très différents. Le Nil Blanc, né dans la région des grands lacs, débute par un cours entrecoupé de rapides et de chutes. Entre le lac Victoria et Djouba au Soudan du Sud, sur 900 kilomètres, il passe de 1 135 mètres d'altitude à 455 mètres. Il lui reste donc moins de 500 mètres de dénivelé pour parcourir les 5 100 kilomètres qui le séparent encore de Rosette et charrier les 30 kilomètres cubes d'eau apportés chaque année par le Nil Albert aux portes du Soudan, à Nimule. Le Nil ne dispose ensuite que d'une pente de 67 mètres pour parcourir les 1 050 kilomètres qui le séparent de Malakal et d'à peine 90 mètres durant les 950 kilomètres suivants jusqu'à Khartoum. Ses eaux vont donc se perdre pour moitié dans les marais du Soudan du Sud.

À 1 800 mètres d'altitude à la sortie du lac Tana, le Nil Bleu dévale des gorges torrentueuses qui lui font perdre[...]

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Pour citer cet article

Éric DENIS. NIL [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Assouan - crédits : Tuul & Bruno Morandi/ The Image Bank/ Getty Images

Assouan

Paysage de la région du Nil - crédits : C. Sappa/ De Agostini/ Getty Images

Paysage de la région du Nil

Chutes du Nil Bleu, Éthiopie - crédits : C. Sappa/ De Agostini/ Getty Images

Chutes du Nil Bleu, Éthiopie

Autres références

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par Roland POURTIER
    • 21 496 mots
    • 29 médias
    ...permanent) et 10 p. 100 de régions endoréiques (écoulement vers un bassin intérieur). Au nord, ce domaine couvre le Sahara, de l'Atlantique à la mer Rouge. Seule la vallée du Nil, dont le bassin supérieur est alimenté par les pluies tropicales (Nil bleu issu d'Éthiopie) et équatoriales (Nil blanc collectant...
  • AGRICULTURE - Histoire des agricultures jusqu'au XIXe siècle

    • Écrit par Marcel MAZOYER, Laurence ROUDART
    • 6 086 mots
    • 2 médias
    Dansla vallée du Nil par exemple, il y a 7 500 ans environ, les villageois ont commencé à pratiquer des cultures de décrue en semant chaque automne du blé, de l'orge, des lentilles, des pois, du lin... au fur et à mesure du retrait des eaux de la grande crue d'été. Il y a 6 000 ans, ils...
  • ASSIOUT ou ASYŪṬ

    • Écrit par Jean-Marc PROST-TOURNIER
    • 197 mots
    • 2 médias

    Capitale de la Haute-Égypte, Assiout (en arabe Usyūt) comptait, au recensement de 2006, 386 000 habitants. Connue sous le nom de Siâout à l'époque pharaonique et appelée Lycopolis (« la Ville du loup », en l'honneur du chacal Oupouat, sa divinité principale) par les Grecs, Assiout ne joua pas de rôle...

  • ASSOUAN HAUT BARRAGE D'

    • Écrit par François LEMPÉRIÈRE
    • 796 mots

    Le haut barrage d'Assouan, édifié sur le Nil en Haute-Égypte, a finalement été réalisé avec l'aide des Soviétiques alors que ses objectifs et ses dimensions avaient été initialement définis par les États-Unis, ces derniers ayant ensuite retiré leur financement pour raisons politiques. Constituant...

  • Afficher les 29 références

Voir aussi