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TUNNELS

Tunnels immergés

Bouclier à pression de boue - crédits : Encyclopædia Universalis France

Bouclier à pression de boue

Un tunnel immergé est un procédé qui permet de traverser dans des conditions compétitives des fleuves navigables ou des estuaires maritimes, où il faut laisser à la fois une profondeur de chenal importante (de 15 à 16 m) et une grande hauteur libre (de 45 à 55 m) pour les bateaux de haute mer. Les autres solutions, comme le pont fixe qui doit laisser de grandes portées libres et avoir de longues rampes d'accès ou le tunnel creusé dont le radier doit être très profond, ne sont pas toujours possibles. La construction d'un tunnel à l'air libre par tronçons à l'abri de batardeaux successifs gêne la navigation et accroît les courants.

Compte tenu des problèmes posés par les rampes d'accès ou la nature du sous-sol, la solution d'un tunnel immergé construit par éléments préfabriqués peut être choisie. Ces éléments tubulaires sont réalisés soit en métal avec un remplissage de béton, soit en béton armé, soit en béton précontraint. Il est nécessaire de prendre des dispositions pour assurer l' étanchéité. En fonction des possibilités offertes par le chenal navigable pour la flottation des éléments, la tendance est de construire des éléments de plus en plus longs, qui peuvent atteindre 268 mètres.

Les éléments tubulaires sont construits successivement à sec dans une sorte de forme de radoub avec bateau-porte (cale sèche). Les extrémités des caissons sont obturées provisoirement et sont munies de deux cheminées métalliques pour le guidage. Un lestage au moyen de bacs remplis d'eau est assuré. Les éléments sont amenés par flottaison sur leur emplacement définitif qui a été préparé par dragage. Chaque élément est coulé sur des poutres provisoires et mis au contact de l'élément précédent. Un joint en caoutchouc de type spécial (gina) assure l'étanchéité avec l'élément précédent. En pompant l'eau qui se situe entre les deux éléments, on assure le contact grâce à la pression hydrostatique qui agit sur l'autre extrémité de l'élément en cours de pose. L'appui définitif du caisson est obtenu par remblayage hydraulique. Les joints définitifs sont alors achevés.

La mise en place des caissons n'est faite que si les courants restent faibles. Des études hydrodynamiques sur modèle réduit sont souvent nécessaires. Les trémies d'accès sont construites en tranchée couverte.

Plus de 150 tunnels immergés ont été construits dans le monde. La section de ces tunnels peut ne pas être circulaire, ce qui, par rapport aux tunnels forés au tunnelier, les rend particulièrement attrayants pour les autoroutes de grande largeur ou pour les tunnels combinés route-rail. Le plus long tunnel immergé est celui qui permet aux deux voies de chemin de fer rapide de traverser la baie de San Francisco, sur 5 825 mètres. De nombreux tunnels routiers de ce type sont en service, notamment aux Pays-Bas, en Belgique, sur la côte est des États-Unis et au Japon. En France, les ouvrages les plus récents sont ceux du franchissement de la Marne par l'autoroute A 86 et celui de la Seine sur la ligne 14 du métro parisien baptisée Météor (Métro est-ouest rapide).

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Écrit par

  • : ingénieur général des Ponts et Chaussées; directeur du Centre d'études des tunnels (Cétu), du ministère de l'Équipement, Bron
  • : Ingénieur général des Ponts et Chaussées. Directeur du Centre d'Etudes des Tunnels (C.E.T.U.).

Classification

Pour citer cet article

Michel MAREC et Jean PÉRA. TUNNELS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Demi-sections supérieures et soutènement - crédits : Encyclopædia Universalis France

Demi-sections supérieures et soutènement

Abattage à l'explosif : tunnel de Chamoise - crédits : Encyclopædia Universalis France

Abattage à l'explosif : tunnel de Chamoise

Tunnelier pour roches dures - crédits : Encyclopædia Universalis France

Tunnelier pour roches dures

Autres références

  • AFFAISSEMENTS DU SOL

    • Écrit par Pierre DUFFAUT
    • 2 171 mots
    • 1 média
    L'écroulement du tunnel du canal du Rove, près de Gignac (Bouches-du-Rhône) a provoqué en 1963 un cratère en surface (le tunnel est depuis lors abandonné) ; des fontis plus ou moins importants ne sont pas rares, mais presque toujours au cours des travaux (aéroport de Londres-Heathrow en octobre 1994,...
  • AQUEDUCS, Antiquité

    • Écrit par Philippe LEVEAU
    • 4 685 mots
    • 4 médias
    La technique de percement d'un tunnel était connue depuis l'âge du bronze. Malgré la célébrité que lui assure son inscription, le tunnel de 428 m que Nonius Datus construisit pour l'aqueduc amenant l'eau de Toudja à Bougie sous le col d'El Abel en Algérie n'est pas exceptionnel : très tôt, grâce aux...
  • TUNNEL DU MONT-BLANC CATASTROPHE DU

    • Écrit par Universalis, Philippe SARDIN
    • 363 mots
    • 1 média

    Le 24 mars 1999, à la suite d'une fuite de carburant et de l'échauffement du moteur, la cabine d'un semi-remorque frigorifique s'enflamme alors que le véhicule est au milieu du tunnel du Mont-Blanc (d'une longueur de 11,6 km). Vingt-six véhicules sont détruits dans cet incendie qui fait trente-neuf...

  • EUPALINOS DE MÉGARE (milieu VIe s. av. J.-C.)

    • Écrit par Bernard HOLTZMANN
    • 528 mots

    Ingénieur grec né à Mégare, auteur à Samos d'un aqueduc souterrain décrit par Hérodote (Histoires, III, 60) comme l'un des ouvrages d'art les plus remarquables construits par les Grecs.

    Redécouvert en 1882, le tunnel qui en constitue la section centrale a été complètement dégagé...

  • Afficher les 13 références

Voir aussi