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WILLIAMS TONY (1945-1997)

En portant le jeu de la batterie à son point de perfection, le jazzman américain Tony Williams est devenu un véritable symbole et l'évident modèle de toute une génération. Ni inventeur de musique nouvelle ni rayonnant animateur de formations, l'instrumentiste est entré dans la légende. Miles Davis, qui n'a fréquenté que les plus grands, reconnaissait en lui l'un de ses partenaires préférés.

Anthony Williams naît à Chicago le 12 décembre 1945. À Boston, où il passe son enfance, ses dons se révèlent de manière très précoce. Il n'a que huit ans quand son père, saxophone ténor, lui fait faire ses premières armes dans l'orchestre qu'il dirige. Après deux ans d'études auprès d'Alan Dawson, il n'hésite pas à se confronter à des géants comme Max Roach et Art Blakey au cours de jam-sessions restées célèbres ; il n'a pas encore quinze ans ! Très vite, sa carrière est lancée. Il se fait entendre avec Toshiko Akiyoshi-Mariano, Sam Rivers, le Boston Improvisational Ensemble, et participe à plusieurs trios. Au club Big M, il accompagne l'organiste virtuose Johnny Hammond Smith. En 1962, il se fixe à New York sur les conseils de Jackie McLean, qui l'engage avec Bobby Hutcherson, Grachan Moncur III et Eddie Khan. Infatigable et infaillible découvreur de talents, Miles Davis ne saurait, bien évidemment, manquer un tel génie. Quand il constitue, en 1963, son deuxième quintette, il l'inclut avec Ron Carter (basse) et Herbie Hancock (piano) dans une des plus illustres sections rythmiques de l'histoire du jazz. Une rafale d'albums mémorables – Seven Steps to Heaven (1963), My Funny Valentine (1964), E.S.P. (1965), Miles Smiles (1966), Nefertiti (1967), Miles in The Sky (1968), Filles de Kilimanjaro (1968), Water Babies (1969), In a Silent Way (1969) – va faire la gloire et du nouvel ensemble et de son batteur.

Parallèlement à cette aventure, Tony Williams joue avec Kenny Dorham, Eric Dolphy, Andrew Hill, Cecil Taylor, John Coltrane, et enregistre ses premiers disques sous son nom : Spring (1965), Lifetime (1965). Il quitte Miles Davis en 1969 pour constituer autour de John McLaughlin (guitare) sa propre formation, baptisée précisément Lifetime (1969-1975). Jack Bruce, Stanley Clarke, Eddie Louiss, Ron Carter, Larry Young, Don Alias et Warren Smith s'y succèdent, mais le succès n'est pas au rendez-vous malgré une participation au festival de Newport, en 1972. Au concert comme au disque, il se produit alors avec Stan Getz, Chick Corea, George Russell et Bill Evans. Une tentative de ressusciter un Lifetime rajeuni – avec Alan Pasqua (claviers), Allan Holdsworth (guitare) et Tony Newton (guitare et vocal) – avorte très vite (1976).

Il fréquente Gil Evans, McCoy Tyner, Sonny Rollins, le groupe Weather Report et devient membre du quintette VSOP (1976-1978). Il se produit avec Tom Grant (claviers) et lance avec Ron Carter et Hank Jones le Great Jazz Trio. En 1982, il rejoint avec Ron Carter et Wynton Marsalis le quartette de Herbie Hancock, avec lequel il effectue des tournées en Europe et au Japon. Comme épuisé, Tony Williams cesse progressivement de jouer. Il apparaît encore dans le film de Bertrand Tavernier Autour de minuit (1986). Il meurt en Californie, à Daly City, le 23 février 1997.

Très tôt, mêlant l'héritage d'Elvin Jones et de Roy Haynes aux influences du pop et du rock, Tony Williams ouvre une voie profondément originale. C'est un art impressionniste qui ne se contente plus de donner une architecture au rythme implicite de la mélodie mais crée un climat expressif très particulier. Ce musicien du dialogue est un formidable bâtisseur de solos. Sous un discours dont la forme paraît déstructurée, sous une pulsation que dévore souvent le silence, s'obstine la suggestion de l'immuable tempo. La couleur de son jeu à la grande cymbale, sa sonorité très typée aux toms,[...]

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Pierre BRETON. WILLIAMS TONY (1945-1997) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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