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TEXTILE

Le mot textile recouvre l'ensemble du monde du tissu et désigne plus particulièrement l'industrie qui s'y applique. Au pluriel, les textiles constituent une vaste famille recouvrant celle des étoffes, nom qui a pris un caractère un peu archaïque. « Étoffe », en effet, fut longtemps le terme utilisé pour désigner tous les tissus traditionnels, tant les matériaux que dans les modes de tissage. C'est un mot au long cours, relativement noble, puisqu'on en arriva à l'expression « avoir de l'étoffe » pour désigner quelqu'un capable de réalisations. Tissu, quant à lui, est dérivé de tissage, et désigne le résultat du croisement des fibres : la nappe des fils de chaîne traversée par les allées et venues du fil de trame, obtenu sur un métier, dont on peut répertorier les différentes progressions techniques.

Histoire

À l'origine, il s'agit de tendre un ensemble de fils parallèles entre des pièces de bois fixes. Avec l'aide d'une navette sur laquelle il est enroulé, le fil de trame est passé dessus dessous. Ce type d'installation pouvait être tendu verticalement ou horizontalement. On perfectionne ce système rudimentaire avec des poids qui permettent d'abaisser et de relever plus facilement les fils de chaîne. La grande amélioration, qui donne naissance à ce qu'on appelle l'ensouple, réside dans l'adjonction d'un rouleau à chaque extrémité des fils de chaîne permettant d'un côté de les enrouler (donc d'avoir un long métrage pour tisser), et de l'autre côté d'enrouler l'étoffe au fur et à mesure du tissage. Ce sont les Chinois qui ont inventé le métier à pédale : le tisserand appuyait sur une planchette de bois pour faire avancer les fils de chaîne enroulés en haut du métier. Puis on en arriva au métier à la tire, dont le principe se retrouve aujourd'hui dans les métiers mécaniques. Ce métier permet de répéter automatiquement et de façon régulière l'ensemble du motif du tissu (ce qu'on appelle le rapport). Comme il faut lever et abaisser un grand nombre de cordes pour faire jouer les fils de chaîne, ce sont le plus souvent des enfants qui, pendant des siècles, ont accompli ces manœuvres sur les métiers à la tire, avant que les cartons perforés de Jacquard au début du xixe siècle permettent d'automatiser cette sélection. Les derniers progrès sur les métiers industriels viennent des programmations informatiques qui gèrent les entrelacements des fils. Mais le principe même du tissage reste immuable depuis six mille ans...

Les mots du textile

Les armures

Tout tissu est donc le produit d'un travail qui obéit à trois types de modes de croisement ou armures fondamentales : l'armure toile, l'armure sergé et l'armure satin.

L'armure toile, la plus facile à tisser, est largement répandue dans le monde entier pour les tissus d'usage quotidien. Lors du tissage, le fil de trame passe d'une lisière à l'autre, au-dessus puis en dessous de chacun des fils de chaîne ; au retour, on inverse le passage de sorte que chaque « ligne » soit bloquée. On peut jouer sur le nombre de fils sautés, donner ainsi plus ou moins d'effets de surface au tissage. En variant les couleurs du fil de chaîne – ou celles du fil de trame – on obtient des rayures.

L'armure sergé dépend d'un croisement de fils un peu plus complexe. Le fil de trame passe sur deux fils de chaîne, puis sous un fil ; au retour on alterne, et l'effet sergé se lit en biais sur la surface terminée. De nombreuses variations sont possibles : chevrons, losanges, arêtes. Le sergé est le tissage type du jean.

L'armure satin, principalement utilisée avec des fibres fines comme la soie ou le coton, est d'un toucher beaucoup plus lâche que la toile ou le sergé. Les fils de chaîne passent sous un fil[...]

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Écrit par

  • : ancien directeur de l'École nationale supérieure des arts et industries textiles
  • : docteur ingénieur, docteur ès-sciences, directeur du Laboratoire de physique et mécanique textiles, université de Haute-Alsace, Mulhouse
  • : auteure, consultante culturelle, historienne du textile
  • : ancien directeur du laboratoire de chimie de l'Institut textile de France, Paris
  • : docteur-ingénieur, docteur ès sciences, directeur de l'École nationale supérieure des industries textiles de Mulhouse
  • : docteur-ingénieur, docteur ès sciences, professeur en sciences textiles, directeur honoraire de l'École nationale supérieure des industries textiles de Mulhouse

Classification

Pour citer cet article

Eugène AMOUROUX, Jean-Yves DRÉAN, Claude FAUQUE, André PARISOT, Marc RENNER et Richard A. SCHUTZ. TEXTILE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

La laine du Commonwealth - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

La laine du Commonwealth

Fils de soie - crédits : Bunyarit/ Shutterstock

Fils de soie

Ver à soie - crédits : De Agostini/ Getty Images

Ver à soie

Autres références

  • CHARDONNET HILAIRE DE (1839-1924)

    • Écrit par Bruno JACOMY
    • 1 091 mots
    • 1 média

    Chimiste et ingénieur français, Hilaire de Chardonnet (de son vrai nom Louis-Marie Hilaire Bernigaud, comte de Chardonnet) a mis au point en 1884 un procédé original pour fabriquer de la soie artificielle à partir de nitrocellulose et en a assuré la production industrielle, faisant de lui le père des...

  • LA DRAPERIE AU MOYEN ÂGE (D. Cardon)

    • Écrit par Françoise PIPONNIER
    • 999 mots

    Le rôle joué par l'industrie lainière dans l'essor économique de l'Occident est largement reconnu. Ses origines médiévales ont été étudiées par d'éminents historiens de l'économie dans divers cadres régionaux. L'angle sous lequel Dominique Cardon aborde la question dans son ouvrage ...

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Voir aussi