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SYRIE

Nom officiel

République arabe syrienne (SY)

    Chef de l'État et du gouvernement

    Bachar al-Assad (depuis le 17 juillet 2000). Premier ministre : Hussein Arnous (depuis le 11 juin 2020)

      Capitale

      Damas

        Langue officielle

        Arabe

          Unité monétaire

          Livre syrienne (SYP)

            Population (estim.) 23 434 000 (2024)
              Superficie 185 180 km²

                Révoltes de la société et résistance du régime Assad

                Le système Assad renouvelé au cours de la décennie 2000 paraît « stabilisé » dans une forme d'autoritarisme modernisé, à défaut d'être réformé. Le président lui-même semble s'en illusionner lorsqu'il répond au Wall Street Journal (31 janvier 2011), à l'heure où les « printemps arabes » commencent à ébranler le régime de Moubarak, après avoir fait chuter celui de Ben Ali, que la Syrie est à l'abri de tels développements. Cet aveuglement est démenti en mars 2011 à Deraa, une petite ville agricole du sud, laissée complètement à l'écart de la modernisation des années 2000.

                La naissance du « volet » syrien du printemps arabe

                Les protestations commencent après l'arrestation et la torture par les services de sécurité de quinze jeunes collégiens qui avaient inscrit sur des murs, par imitation des révolutions tunisienne et égyptienne (les images vues sur Al-Jazirah), le slogan « Le peuple veut la chute du régime ». La ville de Deraa se mobilise massivement dans des manifestations pacifiques, réprimées par des unités prétoriennes du régime (commandées par le frère du président, Maher al-Assad) ; les images de la répression violente provoquent en retour des protestations dans d'autres régions rurales ou périphériques des villes, par effet d'imitation, dans ces périphéries elles aussi délaissées par la modernisation, et qui étaient, dans les années 1970-1980, le pilier sunnite rural du régime Assad d'où sont issus de nombreux cadres baassistes.

                Plus généralement, la circulation des images et les conversations sur les réseaux sociaux provoquent un effondrement du « mur de la peur », qui était un levier mis en place par le régime Assad (père, puis fils), comme en témoignait le rôle central des services de renseignement. Les multiples revendications socio-économiques mobilisent les larges « périphéries » du régime, tous ceux dans le monde rural mais aussi urbain (et qui représentent une majorité) qui ne profitent pas de ce régime, n'ont pas accès à ses réseaux pour obtenir au mieux un petit emploi permettant de survivre et n'ont aucune perspective en Syrie. Ces revendications se politisent (par exemple autour de la question de la levée de l'état d'urgence, régulièrement renouvelé malgré les promesses, de la libération des prisonniers, de la fin de la censure, etc.) et se cristallisent autour de slogans génériques de plus en plus politiques, demandant la liberté (huriyya), la dignité (karama), ou l'humanité (insaniyya), reprenant des slogans entendus en Tunisie, en Égypte et en Libye. L'attitude du pouvoir, qui fait la sourde oreille et engage la répression, nourrit rapidement une rage politique exigeant « la chute du régime ». Des mobilisations massives, non sectorielles (pas seulement les libéraux et la gauche comme en 2000, les Kurdes comme en 2004), interclassistes (des jeunes désœuvrés côtoient leurs congénères des classes moyennes), non dirigées par un courant politique (mais organisées par des coordinations locales à la base, reliées par des réseaux sur Internet et des pages Facebook), non armées et pacifiques (le slogan selmiyye, « pacifiquement ») tentent de prendre le contrôle de l'espace public. La jeunesse de la population joue un rôle important, une jeunesse présente massivement, même si la Syrie se trouve en pleine transition démographique (plus différenciée qu'ailleurs, les sunnites et les Kurdes étant moins avancés que d'autres groupes de la société syrienne). La population syrienne a augmenté d'un quart au cours des années 2000 et un tiers des Syriens environ a moins de quinze ans.

                L'engrenage de la violence

                Partisans de Bachar al-Assad, 2011 - crédits : Louai Beshara/ AFP

                Partisans de Bachar al-Assad, 2011

                La spécificité de la trajectoire syrienne dans les « printemps arabes » est la résistance du régime Assad, qui[...]

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                Écrit par

                • : maître de conférences à l'université de Lyon-II-Louis-Lumière
                • : ancien élève de l'École polytechnique
                • : professeur des Universités en science politique
                • : docteur en sociologie politique des relations internationales
                • : spécialiste économique et politique pour le Proche-Orient, conseiller privé
                • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

                Classification

                Pour citer cet article

                Fabrice BALANCHE, Jean-Pierre CALLOT, Philippe DROZ-VINCENT, Universalis, Philippe RONDOT et Charles SIFFERT. SYRIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

                Médias

                Syrie : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

                Syrie : drapeau

                Restitution du portique-galerie d'une maison de Sergilla, Syrie - crédits : C. Duvette

                Restitution du portique-galerie d'une maison de Sergilla, Syrie

                Grande Mosquée de Damas - crédits :  Bridgeman Images

                Grande Mosquée de Damas

                Autres références

                • ÉTAT ISLAMIQUE (EI) ou DAECH ou DAESH

                  • Écrit par Universalis
                  • 2 494 mots
                  • 2 médias
                  Au début de 2011, en Syrie, l’insurrection contre le régime de Bachar al-Assad tourne rapidement à la guerre civile. C’est une occasion que saisit l’EII, dont les militants traversent sans difficulté la frontière irako-syrienne. Fin 2012, les groupes d’opposants syriens, majoritairement laïques...
                • FRANCE - L'année politique 2016

                  • Écrit par Nicolas TENZER
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                  ...s’est aussi illustrée par une action diplomatique intense au sein du Conseil de sécurité des Nations unies à la suite des crimes de guerre commis en Syrie. Elle est parvenue, après deux vetos russes au cours de l’année, à faire voter en décembre par le Conseil de sécurité une résolution censée assurer...
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                • JIBRIL AHMED (1938-2021)

                  • Écrit par Aude SIGNOLES
                  • 754 mots

                  Ahmed Jibril fut leleader du Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG), un groupe palestinien né à la fin des années 1960, proche du régime syrien baathiste.

                  Né en 1938 à Jaffa (en Palestine alors sous mandat britannique), d’un père palestinien et...

                Voir aussi