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SYRIE

Nom officiel

République arabe syrienne (SY)

    Chef de l'État et du gouvernement

    Bachar al-Assad (depuis le 17 juillet 2000). Premier ministre : Hussein Arnous (depuis le 11 juin 2020)

      Capitale

      Damas

        Langue officielle

        Arabe

          Unité monétaire

          Livre syrienne (SYP)

            Population (estim.) 23 434 000 (2024)
              Superficie 185 180 km²

                Le régime des colonels

                Fait significatif, les États libérés de la tutelle française optent pour un système politique républicain, et la Syrie, au lendemain des élections de juillet 1943, n'échappe pas à cette règle. L'unité nationale, laissée à peu près intacte par le mandataire, était minée par les privilèges accordés aux minorités (Grands Nomades, Druzes, ‘Alawītes). Aussi le pouvoir républicain installé à Damas tente-t-il de les limiter. Sǔkrī al-Quwwatlī (Choucri Kouatli), premier président de la jeune République et Sa‘ād Allāh al-Jalrī, qui a formé le gouvernement, ont fort à faire pour secouer le joug d'une classe dirigeante qui, à l'image même de la IIIe République en France, s'est emparée du pouvoir. Les grands bourgeois, propriétaires terriens, seigneurs de la finance et du commerce, officiers supérieurs éduqués à l'occidentale, précipitent l'avènement d'une série de coups d'État. La conscience aiguë de leur appartenance à l' arabisme, le traumatisme subi à la suite de la guerre en Palestine et la rancœur des vaincus de 1948 ébranlent le régime. Mais cela ne suffit pas à entraîner le changement radical auquel aspirent les cadres de l'armée ; hypersensibilisés par un arabisme révolutionnaire cultivé de 1947 à 1949 à l'école militaire de Homs, ils fournissent des générations de jeunes officiers influencés par les théories nationalistes.

                Si le 17 avril demeure le jour de la fête nationale célébrant le départ, en 1946, du dernier soldat étranger, le 29 mars de la même année marque l'avènement d'une Syrie qui se veut moderne. Le putsch, conduit par le chef d'état-major général Husni al-Za‘īm, avait pour but de mettre fin au régime des nantis, responsable de la situation lamentable du pays. Les théories sociales du dictateur montraient la voie de l'avenir, mais son culte de la force et de l'ordre civil, dictés par son admiration pour l'œuvre de Mustafa Kemal Atatürk, menčrent ą l'échec un socialisme encore balbutiant. Toujours à l'exemple de Mustafa Kemal, sa lutte contre la pesante tradition islamique fut, certes, courageuse, mais l'armée, irritée par les habitudes pro-occidentales du maréchal-président, se ligue avec les ex-parlementaires, les commerçants, les religieux et les bourgeois conservateurs, et bientôt Za‘īm se retrouve seul. L'unique point positif de son court règne fut de réunir une Assemblée constituante, apportant ainsi quelques satisfactions à la gauche syrienne. Un colonel des blindés, Sāmi Hinnāwi, réédite le coup de Za‘īm qui ne s'était maintenu au pouvoir que 134 jours. Hinnāwi fait arrêter et exécuter son prédécesseur. Plus indépendant que ce dernier, il aurait pu réussir d'autant plus qu'il s'était entouré de Akram Awrāni, qui s'occupe alors d'un premier projet de réforme agraire, et de Michel Aflak, fondateur du Baas (Parti socialiste de la renaissance arabe), qui devient ministre de l'Éducation nationale et multiplie les écoles primaires et normales.

                Mais l'indépendance syrienne était en jeu ; l'union avec l'Irak, prônée par les Britanniques (dont, semble-t-il, Hinnāwi était l'agent), aurait conduit à admettre l'hégémonie anglaise ; or ni l'armée, ni le parti de Awrāni, ni le Baas ne pouvaient cautionner une telle politique. Le réflexe patriotique joua pour la troisième fois en neuf mois et l'armée intervint sous le commandement d'un colonel plus jeune, Adib Sǐsǎklī ( Chichakli). Prudent, ce dernier commence par se tenir sur la réserve, et se contente du poste de chef d'état-major adjoint, tout en constituant un comité militaire secret dont il s'adjuge la direction. Une nouvelle Constitution, proclamée le 5 septembre 1950, garantit, pour la première fois, le droit, et, surtout, déclare le pays partie intégrante des nations arabes.[...]

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                Écrit par

                • : maître de conférences à l'université de Lyon-II-Louis-Lumière
                • : ancien élève de l'École polytechnique
                • : professeur des Universités en science politique
                • : docteur en sociologie politique des relations internationales
                • : spécialiste économique et politique pour le Proche-Orient, conseiller privé
                • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

                Classification

                Pour citer cet article

                Fabrice BALANCHE, Jean-Pierre CALLOT, Philippe DROZ-VINCENT, Universalis, Philippe RONDOT et Charles SIFFERT. SYRIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

                Médias

                Syrie : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

                Syrie : drapeau

                Restitution du portique-galerie d'une maison de Sergilla, Syrie - crédits : C. Duvette

                Restitution du portique-galerie d'une maison de Sergilla, Syrie

                Grande Mosquée de Damas - crédits :  Bridgeman Images

                Grande Mosquée de Damas

                Autres références

                • ÉTAT ISLAMIQUE (EI) ou DAECH ou DAESH

                  • Écrit par Universalis
                  • 2 494 mots
                  • 2 médias
                  Au début de 2011, en Syrie, l’insurrection contre le régime de Bachar al-Assad tourne rapidement à la guerre civile. C’est une occasion que saisit l’EII, dont les militants traversent sans difficulté la frontière irako-syrienne. Fin 2012, les groupes d’opposants syriens, majoritairement laïques...
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                  • 4 170 mots
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                  • Écrit par Nicolas TENZER
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                • JIBRIL AHMED (1938-2021)

                  • Écrit par Aude SIGNOLES
                  • 754 mots

                  Ahmed Jibril fut leleader du Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG), un groupe palestinien né à la fin des années 1960, proche du régime syrien baathiste.

                  Né en 1938 à Jaffa (en Palestine alors sous mandat britannique), d’un père palestinien et...

                Voir aussi