STYLE 1925
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Panorama du style 1925
Autriche, Allemagne, Hollande
Sauf exception, le style 1925 est œuvre d'équipe. Le ton est donné dès le début du siècle à Vienne dans les ateliers d'art – les Wiener Werkstätte – et à Munich dans l'association du Deutscher Werkbund – le lien pour l'œuvre. Le Bauhaus, fondé en 1919 par Walter Gropius (1883-1969), apporte un élément nouveau dans la mesure où il défend « le métier » et refuse « la différence de nature entre l'artiste et l'artisan ». Fondées sur le respect et la connaissance du matériau, en fonction de l'utilisation de l'objet, les formes issues des ateliers du Bauhaus sont géométriques et sans décor superflu. Le choix des couleurs procède d'études théoriques fondamentales. L'activité du Bauhaus s'étend jusqu'à sa fermeture en 1933. La France de l'Art déco l'a ignoré ; ses réalisations sont absentes de l'exposition de 1925.
Bauhaus, Weimar (Allemagne). L'atelier de menuiserie, 1923.
Crédits : Bridgeman Images
En Hollande, le mouvement moderne s'organise autour du groupe d'architectes, de peintres et de sculpteurs qui s'exprime à travers la revue De Stijl, fondée en 1917 par Theo van Doesburg (1883-1931). Ils sont unis dans la recherche d'une synthèse des arts à partir de la doctrine de la plastique pure, le néo-plasticisme. Leur activité déborde le cadre de la Hollande. Van Doesburg participe en 1923 à l'aménagement intérieur de la villa Noailles à Hyères, construite par Robert Mallet-Stevens. Il réalise avec Jean Arp et Sophie Taeuber le cabaret de l'Aubette à Strasbourg, aujourd'hui détruit.
Italie
La vision apportée par le futurisme bouleverse l'Italie, figée dans un nationalisme étroit et rétrograde. Elle alimente en même temps cette exaltation du patriotisme qui tourne au fascisme. L'architecture, l'art décoratif se fraient difficilement un chemin dans ce pays coupé en deux : entre une société rétrograde qui rêve de l'Antiquité romaine et un monde jeune, moderne, tourné vers l'Europe. Des architectes proposent une architecture « moderniste » mais néo-classique. L'un d'eux, Giuseppe Terragni (1904-1942), quitte le Novecento italiano pour fonder en 1927 le Gruppo 7, qui préconise une architecture fonctionnelle dans la tradition nationale. Les arts décoratifs bénéficient de la biennale de Monza, qui devient triennale et s'installe à Milan en 1933. Le régionalisme, resté fort dans le pays, confère à la production artistique et artisanale un caractère folklorique. Quelques artistes et ateliers y échappent : des affichistes – Enrico Saccheti et Sepo Nizzoli –, des verriers – Venini et Cappelin à Murano. La manufacture de céramique Richard-Ginori demande des modèles à l'architecte Giò Ponti (1891-1979), qui crée en 1928 Domus : première revue au monde qui apporte une information égale sur l'architecture, l'art et les arts décoratifs.
Gió Ponti (1891-1979), assiette de la série Le mie donne. 1923-1930. Céramique. Manufacture Richar-Ginori.
Crédits : A. Dagli Orti/ De Agostini Picture Library/ Bridgeman Images
Pays scandinaves
La participation des pays scandinaves au style 1925 est centrée sur la verrerie, la céramique et le métal. En Suède, la verrerie d'Orrefors développe simultanément la fabrication en série de verres à bon marché et la création d'exemplaires uniques d'objets en cristal taillé et gravé. Au Danemark, la Manufacture royale de porcelaine de Copenhague ainsi que la manufacture Bing et Gröndahl diversifient leurs techniques. Des décors de style 1925 sont adoptés sur les pièces de porcelaine. Mais c'est le métal qui révèle les artistes les plus créatifs : Christian Fjerdingstadt, qui donne des modèles à Christofle à Paris, et surtout George Jensen. Il expose en France à partir de 1913. Au style traditionnel des années qui précèdent la guerre succède une période influencée par le cubisme et le courant international des années 1920.
Angleterre, États-Unis
Une fois disparue la génération des géants de l'Art nouveau, Beardsley, Mackmurdo, Mackintosh, l'Angleterre se lance dans l'art industriel, avec le soutien de l'Architectural Review et du Studio. Elle échappe à la folie du luxe et à la gratuité décorative qui caractérisent une partie de l'art français. Le décorateur George Sheringham est le plus européen du courant anglais qui favorise les couleurs sombres, propose des décors dans le goût chinois et le goût égyptien (lord Carnarvon découvre en 1922 la tombe de Tout Ankh Amon). Aux États-Unis, les leçons de l'école de Chicago sont oubliées au profit d'une débauche ornementale aux sources variées : le Moyen Âge, l'Orient et surtout ce qui vient de Paris.
U.R.S.S.
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Écrit par :
- Yvonne BRUNHAMMER : conservateur général honoraire du patrimoine, ancien conservateur en chef du musée des Arts décoratifs, Paris
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ART DÉCO STYLE
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Pour citer l’article
Yvonne BRUNHAMMER, « STYLE 1925 », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 08 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/style-1925/