SOUDAN

Nom officiel

République du Soudan (SD)

Chef de l'État et du gouvernement

Abdel Fattah al-Burhan (par intérim depuis le 12 avril 2019). Premier ministre : Abdallah Hamdok (depuis le 21 novembre 2021)

Capitale

Khartoum (siège du Conseil des États) 2

2 L'Assemblée nationale siège à Omdurman.

Langues officielles

Anglais, arabe 3

3 Langues de travail selon la Constitution intérimaire de 2005.

Unité monétaire

Livre soudanaise (SDG)

Population (estim.) 43 976 000 (2021)
Superficie 1 840 687 km²

Histoire

À une civilisation connue sous le nom de Kerma, et qui remonte au IIe millénaire avant J.-C., succèdent au viii e siècle avant J.-C. le royaume de Napata, dont plusieurs pharaons d'Égypte sont issus, puis celui de Méroé (qui prend fin au iv e siècle de notre ère), célèbre pour ses pyramides encore bien conservées.

L'époque chrétienne dure du viii e siècle au début du xvi e siècle. Les Nubiens, évangélisés à partir d'Alexandrie et de Constantinople, construisent un grand nombre d'églises, dont la plus célèbre demeure la cathédrale de Faras, ornée de fresques.

L'islamisation par des marchands conduit à la formation de royaumes, dont celui de Sennar qui met un terme par la bataille d'Arbaji, en 1505, à la dernière principauté chrétienne.

Le royaume funj, dont les conseillers politico-religieux sont originaires d'Arabie, est fondé sur le Nil Bleu. Dès cette époque, l'influence des confréries islamiques devient un facteur déterminant de la politique intérieure soudanaise, plus que dans tout autre État d'Afrique et du Proche-Orient.

L'année 1820 marque l'entrée des troupes du khédive Mohammed Ali au Soudan. Après avoir fondé les villes de Wad Medani et Khartoum, de 1823 à 1830, le nouveau pouvoir, reconnu internationalement après acceptation de la Sublime-Porte, ne contrôle réellement la zone du Nil Blanc que jusqu'à Malakal. Plusieurs décennies sont encore nécessaires pour instaurer une autorité dans le Sud-Soudan.

Charles Gordon

Charles Gordon

Charles Gordon

Le général britannique Charles Gordon (1833-1885), héros de l'épopée coloniale, est nommé gouverneur…

Un soulèvement nationaliste et religieux, sous la direction du Mahdi, Mohammed Ahmed Ibn Abdallah (figure censée apparaître dans les derniers moments de l'existence du monde pour combattre le Mal et annoncer la victoire du Bien) chasse les Ottomans au terme de trois ans de guerre. Après la prise de Khartoum et la mort de son gouverneur, Gordon Pasha, le 28 janvier 1885, le Soudan obtient ainsi son indépendance qu'il conserve jusqu'en 1898, lorsque le régime mis en place par le successeur du Mahdi est renversé par une expédition anglo-égyptienne menée par le général britannique Horatio Herbert Kitchener.

Le Soudan devient en 1899 un condominium anglo-égyptien. Face à la montée du nationalisme en Égypte dès le début du xx e siècle, Londres entreprend de marginaliser l'influence des Égyptiens en ne les affectant qu'à des postes subalternes dans l'armée et dans l'administration, tandis qu'un corps spécialisé recruté exclusivement parmi les Britanniques diplômés des meilleures universités gère le pays. Pourtant, le rapport à l'Égypte – ancienne puissance coloniale et source permanente d'inspiration – va durablement diviser le mouvement nationaliste soudanais dans toutes ses composantes, communiste, laïque, religieuse, et même islamiste.

En effet, il est impossible d'isoler le Nord-Soudan des idées qui alors se développent dans le monde arabe : les mouvements nationalistes prennent forme dès les années 1930 dans les milieux instruits et les élites économiques locales et obtiennent l'aval des plus hautes personnalités islamiques du pays malgré leurs rivalités, notamment celle de Sayyed Abdirahman al-Mahdi qui transforme l'idéal du djihad au cœur de l'épisode mahdiste en un nationalisme politique hostile à l'Égypte et conservateur socialement.

Rien de tel ne se produit dans le Sud, retribalisé et coupé du reste du monde pendant plusieurs décennies par la politique coloniale britannique. L'effervescence nationaliste, qui a quelque succès parmi les rares sudistes présents dans le Nord, est contenue avec succès. Surtout, la très peu nombreuse élite sud-soudanaise est formée dans les écoles missionnaires qui développent une vision hostile de l'islam et du monde arabe : rien ne la dispose alors à exiger ses droits des colonisateurs. Même au sortir de la Seconde Guerre[...]

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Écrit par

  • E.U. : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
  • Alain GASCON : professeur des Universités, Institut français de géopolitique de l'université de Paris-VIII, membre du Centre d'études africaines, C.N.R.S., École des hautes études en sciences sociales, chargé de cours à l'Institut national des langues et civilisations orientales
  • Roland MARCHAL : chargé de recherche CNRS

Classification

Pour citer cet article

E.U., Alain GASCON, Roland MARCHAL, « SOUDAN », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Média

Soudan : carte physique

Soudan : carte physique

Soudan : carte physique

Carte physique du Soudan.

Soudan : drapeau

Soudan : drapeau

Soudan : drapeau

Soudan (1971). Bandes horizontales rouge, blanche et noire, avec triangle vert basé au guindant. Les…

Soudan : peuplement

Soudan : peuplement

Soudan : peuplement

Soudan. Principales ethnies.

Autres références

  • SOUDAN, chronologie contemporaine

    • Écrit par Encyclopædia Universalis
  • AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations

    • Écrit par Marc MICHEL
    • 68 324 mots
    • 24 médias
    [...]première dans la voie de la décolonisation en Afrique de l'Ouest, où la situation était plus « mûre » qu'ailleurs, et sur les marges du monde noir. Au Soudan, le problème était étroitement lié à l'avenir des relations anglo-égyptiennes. Le processus de transfert de souveraineté y fut très précoce. [...]
  • ANSARS ou ANÇĀRS

    • Écrit par Yves THORAVAL
    • 3 974 mots

    Nom donné aux croyants de Médine qui recueillirent et protégèrent le prophète Mahomet lors de sa fuite de La Mecque, les Ansars (en arabe : les défenseurs) sont souvent appelés : Ansar An-Nabi (« défenseurs du Prophète »). Au Soudan, les Ansars, ralliés au parti Umma,[...]

  • ANYA NYA

    • Écrit par Yves THORAVAL
    • 3 566 mots

    Terme signifiant dans les dialectes nilotiques du sud du Soudan « venin de serpent », l'Anya Nya est le nom que se sont donné les combattants du Front de libération de l'Azanie de Joseph Lagu et d'Oduho (l'Azanie était l'ancien nom de cette région d'Afrique).[...]

  • BECHIR OMAR HASSAN EL- (1944- )

    • Écrit par E.U.
    • 5 681 mots

    Homme politique soudanais, Omar el-Béchir s’impose par la force à la tête du Soudan en 1989, avant d’être président de la République de 1993 à 2019.

    Né le 7 janvier 1944 dans le village de Hosh Bonnaga, Omar Hassan el-Béchir est issu d'une famille paysanne modeste qui s'installe par la suite[...]

  • CHINE - Politique étrangère contemporaine

    • Écrit par Jean-Pierre CABESTAN
    • 42 172 mots
    • 6 médias
    [...]intervention internationale doit, aux yeux de Pékin, être approuvée par le Conseil de sécurité de l'O.N.U. et, si possible, par les autorités locales. D'où sa prudence et ses hésitations face à la tragédie du Darfour. En 2007, la Chine a soutenu le déploiement de la force d'interposition mixte[...]
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Voir aussi