SLOVAQUIE
Nom officiel | République slovaque |
Chef de l'État | Peter Pellegrini - depuis le 15 juin 2024 |
Chef du gouvernement | Robert Fico - depuis le 25 octobre 2023 |
Capitale | Bratislava |
Langue officielle | Slovaque |
Population |
5 426 740 habitants
(2023) |
Superficie |
49 030 km²
|
Nouvel État souverain, depuis le 1er janvier 1993, la Slovaquie, dont la capitale est Bratislava, est le plus petit pays d'Europe centrale (49 036 km2) et le moins peuplé (5 400 000 habitants). Après avoir appartenu pendant près de mille ans au royaume de Hongrie et, à partir de 1918, à la Tchécoslovaquie, à l'exception d'une brève période d'indépendance, de 1939 à 1945, les Slovaques ont, d'un commun accord avec les Tchèques, mis un terme à la République fédérative tchèque et slovaque (Fédération tchéco-slovaque) qui regroupait les deux entités au sein d'un État commun. La création des institutions étatiques indispensables à une nation devenue indépendante, la restructuration d'un appareil productif hérité de l'industrialisation socialiste et la réorientation des échanges économiques vers l'Ouest ont été autant de défis à relever. La disparition du bloc soviétique a modifié l'environnement géopolitique, tandis que la partition a conduit au relâchement des liens avec la République tchèque. Après un difficile démarrage de la transition, sous la direction de Vladimir Mečiar (1993-1998), la démocratie a été consolidée et les réformes accompagnant le passage à l'économie de marché ont été menées à bien (1998-2005). Un temps tenue à l'écart, la Slovaquie a pu rejoindre l'OTAN et devenir membre de l'Union européenne en 2004.
Géographie et économie
Un pays de montagnes
Pays de montagnes faisant partie de l'ensemble occidental de la chaîne des Carpates, le territoire slovaque est relativement enclavé. À l'ouest, les Carpates Blanches le séparent de la Moravie tchèque et de la Basse-Autriche ; au nord, les chaînes des Beskides et les monts des Tatras forment la frontière avec la Pologne ; au sud, la frontière avec la Hongrie longe la vallée du Danube et suit le piémont des monts Métallifères ; à l'est, l'ouverture sur le bassin subcarpatique donne accès à l'Ukraine. L'arc montagneux carpatique, tournant sa convexité vers le nord, comprend les chaînes de flysch des Carpates Blanches, les massifs cristallins des Hautes Tatras (2 655 m) et des Basses Tatras (2 043 m), les blocs soulevés des Petites et Grandes Tatras, et la masse plus compacte des massifs volcaniques des monts Métallifères (1 477 m). Les vallées étroites du Váh, de la Nitra et du Hron, qui mènent au Danube, assurent la pénétration de ce domaine montagneux au climat rude, couvert d'épaisses forêts. Au sud, la Slovaquie méridionale, qui s'ouvre sur la grande plaine danubienne, fait figure de bon pays agricole propice aux céréales et à la betterave à sucre ; des étés chauds et ensoleillés favorisent la culture de la vigne sur les coteaux surplombant le Danube et l'Ipel. Moins étendues, les plaines de Slovaquie orientale sont drainées vers le sud par des affluents de la Tisza, et annoncent les paysages de la puszta hongroise.
Une modernisation récente et fragile
La domination hongroise qui s'est exercée pendant des siècles est responsable du retard de développement caractérisant, à la veille de la Première Guerre mondiale, la province de Slovaquie (ou Haute-Hongrie) : régime de la grande propriété hongroise et allemande dans les plaines, systèmes sylvo-pastoraux autarciques dans les montagnes, en situation de surpeuplement relatif. L'image d'un pays rural, catholique et fécond en retard sur son époque a perduré au sein d'un État tchécoslovaque dominé par les Tchèques pendant l'entre-deux-guerres ; puis, le régime communiste a mis en œuvre, dans les années 1950, une politique d'industrialisation, sous la forme de grands combinats, intégrés dans des échanges complexes au sein du Conseil d'assistance économique mutuelle (CAEM, ou Comecon), permettant le rattrapage économique de la Slovaquie. L'équipement hydroélectrique du Váh, l'implantation du combinat sidérurgique de Košice fondé sur le coke du bassin d'Ostrava et sur les importations de minerai de fer ukrainien, le développement des industries mécaniques, du raffinage et de la pétrochimie (oléoduc de l'Amitié) comptent parmi les réalisations les plus marquantes de cette politique volontariste qui a permis à la Slovaquie de réduire son retard par rapport aux pays tchèques.
Au lendemain de la « révolution de velours » (nov.-déc. 1989), cette croissance économique fondée sur une modernisation radicale et précipitée de la société slovaque s'est révélée fragile. Des divergences relatives à la conception et au rythme de la transition vers l'économie de marché sont apparues entre les deux républiques de la Fédération, et le ressentiment slovaque à l'égard des autorités de Prague s'est nourri de la récession économique et des licenciements massifs entraînés par les premières privatisations engagées en 1991. Rapidement mise en œuvre au lendemain des élections de juin 1992, la dissolution de la Fédération imposait une gestion indépendante des économies tchèque et slovaque, fortement imbriquées. Le gouvernement de Vladimir Mečiar a infléchi la politique de privatisation, les entreprises stratégiques (secteur énergétique, chemins de fer, télécommunications) demeurant sous le contrôle de l'État tandis que la privatisation des autres entreprises par la méthode des ventes directes profitait essentiellement à l'entourage immédiat du Premier ministre. À partir de 1998, le gouvernement de centre droit de Mikulas Dzurinda s'est attelé aux grandes réformes (fiscalité, Code du travail, retraites).
Les efforts de stabilisation dans le domaine des politiques économiques ont porté leurs fruits, comme en témoigne le dynamisme d'une économie dont le P.I.B. progresse de 5,5 % par an. Les investissements directs étrangers, qui avaient boudé la Slovaquie, participent aux dernières privatisations (production et distribution de l'électricité, télécommunications, domaine bancaire) et sont à l'origine de nouvelles capacités de production industrielle. Les conditions d'accueil sont très bonnes : aides gouvernementales, faible coût d'une main-d'œuvre qualifiée, flexibilité du marché du travail. En dépit de sa nouvelle attractivité, le pays n'arrive qu'au quatrième rang parmi les nouveaux entrants dans l'UE pour le volume des investissements, celui-ci ne représentant que le quart des montants investis en République tchèque.
L'héritage d'une industrie tournée vers l'armement et les fabrications lourdes a rendu difficile la restructuration. Dépendante en matière énergétique, puisque l'essentiel des besoins sont couverts par les importations (charbon de Pologne et de République tchèque, hydrocarbures de Russie), la Slovaquie entend moderniser la centrale de charbon de Novaky, achever la centrale nucléaire de Mochovce, afin de pouvoir fermer les réacteurs de Jaslovské-Bohunice et mobiliser l'hydroélectricité du barrage de Gabčikovo, sur le Danube. Elle dispose d'une importante capacité de raffinage dont la production est en partie exportée. La métallurgie conserve, avec le centre sidérurgique de Košice, racheté par US Steel, une position forte (4 Mt d'acier). La métallurgie des non-ferreux a une longue tradition en Slovaquie centrale (cuivre à Banská Bystrica, aluminium à Žiar nad Hronom). Les industries de la défense, symbole des spécialisations antérieures, ont vu leur rôle décliner avec la remise en ordre de la vente d'armes aux pays étrangers. Il en est de même pour le secteur de la chimie, les branches du textile, du cuir et de la chaussure. La Slovaquie est en passe de devenir le premier producteur mondial d'automobiles par habitant. De très importantes unités de construction automobile ont été ouvertes par Volkswagen à Bratislava, par Peugeot-Citroën à Trnava, par KIA (Hyundai) près de Žilina, tandis que Ford s'installe dans le parc industriel de Košice. D'autres grandes firmes multinationales sont présentes dans l'électroménager, l'informatique et l'agroalimentaire. L'industrie n'occupe que 32 % de la main-d'œuvre, tandis que les services assurent 63 % de l'emploi.
Le secteur agricole, qui représente 4,9 % de l'emploi et fournit 4,5 % du PIB, est constitué de grandes unités de production de statut coopératif ou sociétaire, dont les performances demandent à être améliorées. Les productions de lait, de porc, de céréales sont excédentaires par rapport à la consommation intérieure, tandis que l'industrie agroalimentaire enregistre un déficit commercial.
Avec l'intégration européenne, la structure géographique des échanges extérieurs s'est modifiée, la part de l'UE atteignant 85 % des exportations et 74 % des importations, l'Allemagne et la République tchèque étant les principaux partenaires. La balance commerciale accuse un déficit avec la Chine, la Corée du Sud (importations d'équipement) et la Russie (importations de gaz). Les infrastructures de transport sont mal adaptées au nouveau contexte économique : le réseau autoroutier doit être impérativement développé (jonction entre Bratislava et Vienne desservant l'aéroport international de Branisko par un tunnel sous le Danube).
Les questions du développement territorial
Les disparités économiques régionales sont considérables et se traduisent par des différences de niveaux de revenus et de taux de chômage (18 % en moyenne). Tributaires des industries en reconversion, les bassins industriels de la vallée du Váh, spécialisés dans l'industrie mécanique (de Trenčín à Považska Bystrica), ceux de Slovaquie centrale (Banská Bystrica), mais aussi les régions agricoles de Slovaquie méridionale (Komárno) enregistrent de forts taux de chômage. Au contact de Vienne, la région de Bratislava a attiré les trois quarts des investissements étrangers et réalise 25 % du PIB national, alors que très peu d'investissements étrangers ont été réalisés en Slovaquie orientale. Aux confins de l'Ukraine et dans une région en crise, Košice, deuxième ville du pays (236 093 habitants en 2001), ne peut équilibrer le poids de Bratislava (428 672 habitants, soit 8 % de la population), qui joue un rôle moteur. La capitale se trouve dans une position trop excentrée pour que les autres régions bénéficient de son dynamisme. Les autres villes, dont neuf comptent entre 50 000 et 100 000 habitants, sont de dimension restreinte. Un nouveau découpage administratif du territoire en huit régions et soixante-dix-neuf districts a été adopté en 1996. La décentralisation a mis en place en 2001 des collectivités régionales autonomes qui, faute de ressources suffisantes, éprouvent de grandes difficultés à exercer les compétences transférées. Organisée autour de programmes opérationnels (industries et services, ressources humaines, infrastructures de base, agriculture et développement rural), la stratégie de développement régional manque de volontarisme pour rééquilibrer les activités économiques.
La croissance démographique est devenue très faible en raison d'un fléchissement de la natalité (10 ‰), à peine supérieur au taux de mortalité (9,6 ‰). Ethniquement moins homogène que la République tchèque, la Slovaquie compte des Hongrois (9,7 %), des Tsiganes (1,7 %), des Tchèques (0,8 %) et des Ruthènes (0,4 %). Le problème de la minorité hongroise (520 528 habitants au recensement de 2001), qui réside en Slovaquie méridionale, le long de la frontière avec la Hongrie, est source de tensions politiques internes et externes. Concentrés dans certains quartiers de grandes villes et dans quelques régions rurales, les Tsiganes forment des poches de pauvreté difficiles à résorber. La situation de précarité d'une partie de la population est aggravée par les effets négatifs de la politique d'assainissement des finances sur les services à la population (20 % des habitants vivent au-dessous du seuil de pauvreté).
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Écrit par
- Fedor BALLO : fonctionnaire à l'U.N.E.S.C.O.
- Jaroslav BLAHA : chargé d'études à la Documentation française, Paris
- Michel LARAN : maître de recherche au C.N.R.S.
- Marie-Claude MAUREL : directrice d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Autres références
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SLOVAQUIE, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
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AUTRICHE
- Écrit par Roger BAUER , Jean BÉRENGER , Annie DELOBEZ , Encyclopædia Universalis , Christophe GAUCHON , Félix KREISSLER et Paul PASTEUR
- 34 129 mots
- 21 médias
...également au rang de langue de culture. Les villes royales et les Saxons de Transylvanie parlent et écrivent l'allemand, tandis qu'en Haute-Hongrie (actuelle Slovaquie) les paysans ne connaissent que le slovaque, langue qu'utilisent le clergé et les justices seigneuriales. E. Brown, médecin anglais qui parcourut... -
BACILEK KAROL (1896-1974)
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Le nom de Karol Bacilek est étroitement lié à la période la plus sombre de l'histoire tchécoslovaque de l'après-guerre : les « procès » politiques des années 1950. Surnommé le Beria tchécoslovaque, Bacilek a été un des principaux organisateurs des procès contre Slansky et d'autres éminents dirigeants...
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BRATISLAVA, anc. PRESBOURG
- Écrit par Marie-Claude MAUREL
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Depuis la scission de la Tchécoslovaquie, le 1er janvier 1993, Bratislava (425 500 hab. en 2003) est devenue la capitale de la République slovaque. Au bord du Danube, à proximité des frontières autrichienne et hongroise, la ville se trouve dans une position excentrée par rapport au territoire...
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CARPATES
- Écrit par André BLANC , Pierre CARRIÈRE , Encyclopædia Universalis et Mircea SANDULESCU
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Voir aussi
- TSIGANES ou TZIGANES
- SÉGRÉGATION
- EUROPE, géographie et géologie
- MINORITÉS
- RÉVOLUTIONS DE 1848
- AUTRICHE-HONGRIE ou AUSTRO-HONGROIS EMPIRE
- EUROPE DE L'EST
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- MEČIAR VLADIMÍR (1942- )
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