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SCIENCE-FICTION

Univers graphiques et cinématographiques

La bande dessinée

La BD s’est développée de manière exponentielle. La science-fiction lui a fourni un certain nombre de scénarios, avec une capacité d’invention différente de celle qu’on trouve dans les textes. Et, à son tour, la littérature est venue se nourrir des images que les planches proposent.

Passées les audaces graphiques et conceptuelles des années 1970 que poursuivent Moebius (Le Monde du garage hermétique, 1990-1992) et Andréas (Arq, 1997), la bande dessinée européenne joue à fond la carte du space opera (Bajram, Universal War One, 1998-2006), du thriller technologique (Alterego, série orchestrée par Pierre-Paul Renders, 2011) et du cyberpunk (Smolderen et Gauckler, Convoi, 1990). L'exploration spatiale prend néanmoins, sur fond de colonisation (Cailleteau et Vatine, Aquablue, 1988 ; Morvan et Buchet, Sillage, 1998), un tour ethnologique où l'accent est mis sur l'écosystème des planètes (Bourgeon et Lacroix, Le Cycle de Cyann, 1993-2014 ; Léo, Les Mondes d'Aldébaran, 1994). Une certaine critique sociopolitique se poursuit sur le mode métaphorique, à la suite de Transperceneige (Lob et Rochette puis Legrand, 1982-2001), avec Pandora Box (2005) d’Alcante, qui associe mythologie et péchés capitaux à la technologie moderne, ou, par le biais de l'uchronie en plein essor (J. Y. Delitte, U-Boot, 2011 ; Nolane et Maza,Wunderwaffen, 2012 ; la collection Jour J, scénarisée par Pécau, Duval et Blanchard). Une tendance forte est aussi l'adaptation des grands romans français et étrangers (S. Wul, P. Bordage, G.-J. Arnaud, R. Bradbury, J. Haldeman, M. Moorcock).

Serge Lehman et Fabrice Colin, avec Gess, soulignent l'antériorité du super-héros européen, apparu entre les deux guerres (La Brigade chimérique, 2009). Tandis que ceux des États-Unis sont omniprésents sur les écrans, des scénaristes britanniques dépoussièrent les comics avec des narrations plus adultes : Neil Gaiman (Sandman, 1989-1996) et surtout Alan Moore (La Ligue des gentlemen extraordinaires, avec Kevin O'Neil, 1999 ; Watchmen, avec Dave Gibbons, 1986) très engagé politiquement, au point que le masque de Guy Fawkes dans V pour Vendetta (David Lloyd, 1988) est devenu l'emblème des Anonymous.

Les recherches narratives et graphiques vont d’ailleurs souvent de pair avec l’engagement : ainsi pour Enki Bilal (Le Sommeil du monstre, 1998) ; le Belge Yslaire (XXe Ciel.com, 1997et 3 Vierges, 2003) ; les Argentins Breccia et Oesterheld (Mort Cinder, 1962, L'Eternaute, 1969, critique de la dictature argentine) ; l'Espagnol Prado (Demain les dauphins, 1988). Elles s’associent volontiers à une réflexion philosophique (Vehlmann et Bonneval, Les Derniers Jours d'un immortel, 2010), où se distingue la S.F. contemplative et onirique du Suisse Frederik Peeters (Lupus, 2004).

Les mangas

Les mangas, qui se sont développés de manière prolifique, dans les années 1960, autour de héros positifs dans des univers imaginaires, à l'instar du robot AstroBoy du fondamental Osamu Tezuka (1928-1989), s'orientent rapidement vers des récits plus violents, qui alternent entre constats inquiets et désabusés et fuite dans des univers alternatifs ou des aventures spatiales. Le thème de la hantise nucléaire se décline à travers des récits post-cataclysmiques (Akira de K. Ōtomo, 1982-1990 ; Dragon Head de M. Mochizuki, 1995-2000). Dans Tokyo dévasté, des personnages doivent apprendre à maîtriser des pouvoirs qui les dépassent. De même, les victimes d'expériences de laboratoire (Monster de N. Urasawa, 1994-2001), où des personnages hantés par une entité extraterrestre luttent pour recouvrer leur libre arbitre et leur identité (H. Iwaaki, Parasite, 1988-1994 ; Sakurazaka, Abe, Obata, All youneediskill, 2004 et 2014 ; N. Tadano, 7 milliards d'aiguilles, 2008-2010). Les[...]

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Pour citer cet article

Roger BOZZETTO et Jacques GOIMARD. SCIENCE-FICTION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<em>Interstellar</em>, de Christopher Nolan - crédits : Paramount/ Warner Brothers/ The Kobal Collection/ Picture Desk

Interstellar, de Christopher Nolan

<em>Matrix</em>, de Larry et Andy Wachowski, 1999 - crédits : Jasin Boland / Roadshow Film Limited / Album/ akg-images

Matrix, de Larry et Andy Wachowski, 1999

<em>Ghost in the shell</em>, de Oshi Mamoru, 1995 - crédits : Bandai/Kodansha/Production I.G. / The Kobal Collection/ Aurimages

Ghost in the shell, de Oshi Mamoru, 1995

Autres références

  • 2001, L'ODYSSÉE DE L'ESPACE (S. Kubrick)

    • Écrit par Joël MAGNY
    • 218 mots
    • 1 média

    Le cinéma de science-fiction a beaucoup perdu de sa vigueur et de sa vitalité, lorsque Stanley Kubrick (1928-1999) se lance dans l'aventure de 2001 : a Space Odyssey, dont le succès va redonner au genre une nouvelle vie pour plusieurs décennies. Selon Jacques Goimard, il s'agit du « premier...

  • 2001, L'ODYSSÉE DE L'ESPACE, film de Stanley Kubrick

    • Écrit par Michel CHION
    • 1 186 mots
    • 1 média

    Dans les années 1960, marquées par la guerre froide, deux grands thèmes hantent le monde occidental : le risque d'une apocalypse nucléaire, objet d'innombrables films, et la conquête spatiale, sous la forme d'une compétition entre Russes et Américains – compétition à laquelle met fin l'alunissage, en...

  • AD ASTRA (J. Gray)

    • Écrit par Christian VIVIANI
    • 981 mots
    • 1 média

    Dans le premier long-métrage de James Gray, Little Odessa (1994), Joshua Shapira (Tim Roth), tueur sans envergure, revenait dans le quartier de son enfance et, de petit frère admiratif en mère mourante et aimante, allait jusqu’à contraindre à s’agenouiller son père démissionnaire et haï (Maximilian...

  • ALIEN, LE HUITIÈME PASSAGER, film de Ridley Scott

    • Écrit par Laurent JULLIER
    • 932 mots

    Ancien élève du Royal College of Art de Londres, Ridley Scott travailla d'abord pour la B.B.C., comme décorateur de plateau puis, au milieu des années 1960, comme réalisateur. Il poursuivit sa carrière en dirigeant des spots publicitaires, avant de tourner son premier film, Duellistes,...

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Voir aussi