SALONS LITTÉRAIRES
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Les écrivains et la bonne société.
Comme nous l'avons vu, au regard d'autres formes de sociabilité mondaine, une des grandes spécificités des salons parisiens est la place qu'y occupent les écrivains. Leur présence régulière et durable au sein de la bonne société a été souvent commentée par les historiens et a donné lieu à des interprétations divergentes. Doit-on considérer que les auteurs qui fréquentent les salons ne sont que des arrivistes sans scrupules, plus intéressés par les succès mondains que par leur œuvre, ou doit-on, au contraire, en déduire que les salons sont des lieux soustraits à l'empire du pouvoir, entièrement consacrés à la littérature et à la conversation et où les différences sociales n'ont plus cours ? Évidemment, aucune de ces solutions simplistes n'est satisfaisante. Il faut plutôt essayer de comprendre comment s'est formé historiquement ce lien particulier entre la bonne société et une partie du monde littéraire. En France, une telle alliance s'est nouée dans la première moitié du xviie siècle. Les belles-lettres, les sciences et la philosophie sortent des milieux savants pour toucher de nouveaux publics, mondains et féminins ; de nouvelles formes de distinction sociale fondées sur les divertissements littéraires et la maîtrise de la conversation sont mis en avant par la société de cour ; enfin, de nouvelles représentations de l'écrivain font accéder celui-ci au rang des personnes qu'il convient d'inviter et de recevoir. Entre les élites parisiennes et les écrivains à succès, du moins ceux qui acceptent de jouer le jeu de cette bonne société en contribuant par leurs poésies, leurs lettres et leurs bons mots à ses divertissements, se noue alors une alliance de longue durée qui s'exerce durablement jusqu'au xxe siècle. Même des auteurs dont l'œuvre semble éloignée des formes prônées par les salons, tels les frères Goncourt, auteurs de romans réalistes volontiers critiques, fréquentent avec assiduité le salon de la princesse Mathilde et sont nostalgiques d'un xviiie siècle mondain et rococo largement fant [...]
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Écrit par :
- Antoine LILTI : maître de conférences en histoire moderne à l'École normale supérieure
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CHARRIÈRE ISABELLE DE (1740-1805)
La romancière suisse Isabelle de Charrière anticipa dans ses œuvres l'émancipation du début du xix e siècle. Née Isabelle Agnès Elisabeth van Tuyll van Serooskerken, le 20 octobre 1740 à Zuilen, près d'Utrecht en Hollande, elle épouse en 1771 un gentilhomme vaudois, ancien précepteur de ses frères et s'installe à Colombier, non loin de Neuchâtel. C'est là qu'elle tiendra salon, rassemblant autou […] Lire la suite
CONDORCET SOPHIE DE GROUCHY marquise de (1764-1822)
La vie de Sophie de Condorcet est loin de s'identifier à celle de son mari, dont elle a pourtant épousé les idées et partagé les travaux. Sophie de Grouchy est née en Normandie en 1764, dans une assez illustre famille. Sa mère, sœur du président Dupaty, était une femme d'esprit et de sens. Sophie montre très tôt des dispositions pour l'étude, un caractère solide et beaucoup de sérieux. À l'occasio […] Lire la suite
CONTES, Charles Perrault - Fiche de lecture
Dans le chapitre « Un art du naturel » : […] Tenant de ceux (les Modernes) qui revendiquaient une liberté de la littérature par rapport aux modèles antiques contre ceux (les Anciens) qui en prônaient l'imitation, académicien depuis 1671, bon politique sous Colbert, chef de file et champion de la dramaturgie moderne, du nouvel art chrétien, des auteurs contemporains du siècle de Louis XIV, de la langue, de la littérature et de la nation franç […] Lire la suite
CONTES DE FÉES, Madame d'Aulnoy - Fiche de lecture
La comtesse d'Aulnoy (Marie Catherine Le Jumel de Barneville, baronne d'Aulnoy, 1650-1705) est surtout connue, au xvii e siècle, pour le scandale énorme dont elle a été l'objet. Elle fut en effet convaincue, en 1669, d'avoir dénoncé à tort son mari, le baron d'Aulnoy, pour avoir tenu des propos outrageants contre le roi. Cette calomnie, qu'elle et sa mère avaient diffusée pour se débarrasser d'un […] Lire la suite
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Pour citer l’article
Antoine LILTI, « SALONS LITTÉRAIRES », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 22 janvier 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/salons-litteraires/