Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

VAN DER WEYDEN ROGIER (1399 ou 1400-1464)

Le duc et ses courtisans : commanditaires de Van der Weyden

<it>Le Jugement dernier</it>, R. Van der Weyden - crédits :  Bridgeman Images

Le Jugement dernier, R. Van der Weyden

Rogier Van der Weyden bénéficie de la présence, à Bruxelles, de la cour du duc de Bourgogne. Il travaille pour l'entourage ducal et réalise jusqu'en 1450 une série de grands retables dans lesquels se cristallise son style expressif, qui se développe en s'éloignant progressivement de l'héritage de Robert Campin et de Jan Van Eyck. Ce dernier, qui était le peintre attitré du duc, meurt en 1441. On peut imaginer que Van der Weyden, sans en avoir officiellement le titre, reprend la fonction. Le Retable des sept sacrements (Musées royaux des beaux-arts, Anvers) est un exemple typique de la production de cette époque. Réalisée pour l'évêque de Tournai Jean Chevrot, chef du Conseil ducal, la composition savante est un beau cas de production d'atelier, où les mains de différents assistants se trouvent sublimées par la touche finale du maître. Le Polyptyque du Jugement dernier de Beaune (musée de l'Hôtel-Dieu) est également le produit d'une collaboration bien orchestrée au sein de l'atelier. Si la brillante composition est attribuable au maître, la main de plusieurs assistants se distingue dans l'exécution proprement dite. L'œuvre, inspirée des grands tympans des églises romanes et gothiques, est une commande du chancelier de Bourgogne Nicolas Rolin. Le Triptyque de la Nativité (Staatliche Museen, Berlin), sans doute réalisé pour le conseiller et trésorier de la Toison d'or Pierre Bladelin, développe un programme iconographique original autour du thème de l'avènement du Christ. Quant aux commandes proprement dites du duc, peu sont attestées. On conserve plusieurs copies de portraits de Philippe le Bon réalisées à partir d'un prototype dû à Van der Weyden. De même, le peintre fit sans doute le portrait d'Isabelle de Portugal, l'épouse du duc. L'exemplaire du musée Getty de Los Angeles est clairement la copie d'un original perdu. Une seule œuvre sans doute autographe et réalisée pour le duc nous est parvenue. Il s'agit du célèbre frontispice enluminé des Chroniques de Hainaut (Bibliothèque royale Albert-Ier, Bruxelles) montrant la Présentation du livre à Philippe le Bon. Le tableautin croque, avec un vérisme saisissant, une scène de la vie de cour : le duc est entouré de ses conseillers, de son jeune fils, le futur Charles le Téméraire, et de courtisans portant le collier de la Toison d'or. D'une qualité inconnue dans la miniature flamande du milieu du xve siècle, c'est l'œuvre d'un grand peintre.

Au cours des années 1440-1450, Van der Weyden réalise d'autres œuvres importantes pour des commanditaires restés anonymes. Comme ce couple en prière au pied de La Crucifixion du triptyque de Vienne (Kunsthistorisches Museum). Le Retable de Miraflores, qui met en œuvre une iconographie mariale savante, a été donné à la chartreuse espagnole par le roi Juan II en 1445. Mais l'origine du tableau n'est pas certaine. Enfin, le Triptyque Abegg, dont le panneau central représente la Crucifixion (Abegg Stiftung, Riggisberg), a été peint pour un membre de la famille de banquiers piémontais De Villa, représenté sur le volet gauche. Cette famille comptait plusieurs de ses membres dans les Pays-Bas méridionaux.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Dominique VANWIJNSBERGHE. VAN DER WEYDEN ROGIER (1399 ou 1400-1464) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>L'Annonciation</it>, R. Van der Weyden - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

L'Annonciation, R. Van der Weyden

La Descente de croix, Van der Weyden - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

La Descente de croix, Van der Weyden

<it>Saint Luc peignant la Vierge</it>, R. Van der Weyden - crédits :  Bridgeman Images

Saint Luc peignant la Vierge, R. Van der Weyden

Autres références

  • LE MAÎTRE DE FLÉMALLE et ROGIER VAN DER WEYDEN (expositions)

    • Écrit par Christian HECK
    • 1 092 mots

    L'organisation, la même année, de deux expositions majeures consacrées à l'art des primitifs flamands, l'une Le Maître de Flémalle et Rogier Van der Weyden au Städel Museum de Francfort (21 novembre 2008-22 février 2009) reprise par la suite à la Gemäldegalerie de Berlin (20...

  • AUTOPORTRAIT, peinture

    • Écrit par Robert FOHR
    • 3 573 mots
    • 6 médias
    Apparue, semble-t-il en Flandres, au xve siècle (Rogier Van der Weyden, Dirk Bouts) et assez répandue jusqu'à la fin du siècle suivant (Niklaus Manuel Deutsch, Jan Gossaert dit Mabuse, Lancelot Blondeel...), la formule de l'autoportrait – réaliste ou symbolique – « en saint Luc peignant...
  • BOUTS DIERIC ou THIERRY (1415 env.-1475)

    • Écrit par J. BOUTON
    • 638 mots

    Dans les écrits du xvie siècle, on l'appelle « Dirick de Haarlem », dans d'autres « Dirk de Louvain ». Il s'agit en fait d'un seul et même personnage dont le nom véritable est Dirk Bouts. Né à Haarlem, il se fixe vers 1445-1448, au moment de son mariage, à ...

  • CAMPIN ROBERT ou MAÎTRE DE FLÉMALLE (1380 env.-1444)

    • Écrit par Françoise HEILBRUN
    • 1 613 mots
    • 3 médias
    ...compositions perdues. Les tableaux dont on attribue actuellement, avec certitude, l'exécution ou la conception à Campin, ont d'abord été attachés au nom de Rogier van der Weyden, son élève, comme œuvres de jeunesse ; mais on s'est vite rendu compte de la différence fondamentale des factures et de l'esprit,...
  • CHRISTUS PETRUS (entre 1405 et 1410-1472/73)

    • Écrit par Jacques FOUCART
    • 1 033 mots

    La vie de Petrus Christus est mal connue. Il est vraisemblablement né à Baerle (en Brabant-Septentrional ou en Flandre-Occidentale). Le fait qu'il reste absolument étranger au style gothique international laisse supposer qu'il n'a pas commencé son apprentissage avant 1425-1435. De ses débuts...

  • Afficher les 9 références

Voir aussi