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TOISON D'OR ORDRE DE LA

Le plus illustre des ordres de chevalerie, créé le 10 janvier 1430 à Bruges par Philippe le Bon, duc de Bourgogne, comte de Flandres, qui arbitrait alors les destinées de la France, entre le Français Charles VII et l'Anglais Henri V. L'ordre devait regrouper, autour de Philippe, les principales personnalités flamandes et bourguignonnes, au moment où, grâce à Jeanne d'Arc, le sacre de Charles risquait de lui rallier nombre d'hésitants. Il avait aussi pour mission de faire revivre la chevalerie chrétienne, qui jadis avait entraîné les croisés vers les Lieux saints. Le choix de la Toison d'or, soustraite au dragon par Jason, symbolisait Jérusalem. Par la suite, l'ordre se référa aussi à la Toison immaculée de Gédéon, image de la Vierge, patronne de l'ordre (l'attribution qui fait référence à la chevelure de la belle Brugeoise Maria de Crombrugghe appartient à la légende).

Les statuts fixèrent le nombre de chevaliers à 31 (porté à 51, puis à 61), de naissance noble, élus d'abord par cooptation, puis nommés. Placés sous l'autorité du grand maître, le duc de Bourgogne, et ses héritiers, ils lui juraient, ainsi qu'à la foi chrétienne, aide et fidélité indéfectibles. Ils devaient être consultés sur les grandes affaires de l'État et se réunir chaque année en chapitre. L'hérésie, la trahison, la fuite sur le champ de bataille, l'acceptation d'un autre collier (notamment au moment où Louis XI créa en 1469 l'ordre de Saint-Michel) entraînaient l'exclusion. Un chancelier, un trésorier, un greffier et un héraut d'armes assumaient l'administration générale.

La Toison d'or, liée à la maison de Bourgogne, en suivit le sort jusqu'au xviiie siècle, passant à la mort du dernier duc, Charles le Téméraire, à son gendre Maximilien de Habsbourg, puis à son arrière-petit-fils Charles Quint. Pas plus que ses prédécesseurs, celui-ci n'organisa de croisade, mais il fit de l'ordre la plus haute des institutions chevaleresques, avant de la remettre à son fils Philippe II avec l'Espagne et les Flandres.

Lorsque en 1700 son dernier descendant légua son trône au Bourbon Philippe V, la maîtrise de la Toison d'or fut âprement disputée entre celui-ci et les Habsbourg d'Autriche. Le droit international n'ayant jamais tranché la question, il existe en fait depuis 1701 deux ordres de la Toison d'or. L'ordre autrichien a conservé son caractère aristocratique et religieux. La République autrichienne l'a reconnu personnalité de droit international en 1953. Sa langue officielle est le français. Celui d'Espagne (la seule branche reconnue par la République française) put s'ouvrir, à partir du xixe siècle, à des non-catholiques et à des non-nobles. Le roi Juan Carlos Ier, qui a succédé à son père dans la dignité de grand maître, a nommé plusieurs souverains étrangers.

L'ordre de la Toison d'or comporte comme insigne une dépouille de bélier attachée par le milieu du corps à un collier d'or composé de « fusils » ou briquets, stylisés en forme de B (Bourgogne ?), encadrant des pierres à feu, d'où jaillissent des étincelles, qui illustrent la devise Ante ferit quam flamma micet, peut-être inspirée par le développement des armes à feu au xve siècle. La Toison se porte aussi suspendue à une cravate rouge. Les chevaliers revêtaient, pour les chapitres, des costumes de velours rouge ou noir, qui, comme le collier, revenaient, à la mort du titulaire, au Trésor de l'ordre. Celui-ci fut transporté, en 1794, de Bruxelles à Vienne.

— Claude DUCOURTIAL-REY

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Écrit par

  • : conservateur du Musée national de la Légion d'honneur et des ordres de chevalerie, Paris

Classification

Pour citer cet article

Claude DUCOURTIAL-REY. TOISON D'OR ORDRE DE LA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BOURGOGNE DUCHÉ DE

    • Écrit par Universalis, Jean RICHARD
    • 3 580 mots
    • 6 médias
    ...prodigieux foyer artistique. Philippe le Bon restait encore fidèle à la ville lorsqu'il fixa à la Sainte-Chapelle de Dijon le siège de l'ordre de la Toison d'or. C'est après 1430 que Bruxelles commença à éclipser Dijon comme résidence ducale. Mais les Bourguignons peuplaient l'entourage ducal et...
  • PHILIPPE III LE BON (1396-1467) duc de Bourgogne (1419-1467)

    • Écrit par Universalis, Richard VAUGHAN
    • 640 mots

    Duc de Bourgogne (1419-1467) né le 31 juillet 1396 à Dijon, mort le 15 juin 1467 à Bruges.

    Fils de Jean sans Peur et de Marguerite de Bavière, Philippe devient duc de Bourgogne à vingt-trois ans. Son objectif premier est alors de se dégager aussi vite que possible des affaires qui ont conduit...