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PORPHYRE (234 env.-310)

Philosophie et religion

Toute sa vie, Porphyre a été préoccupé par les problèmes religieux, tout particulièrement par le rôle des pratiques religieuses pour le salut de l'âme. Il semble bien que l'influence de Plotin l'ait amené à modifier totalement ses conceptions dans ce domaine. Avant de connaître Plotin, en effet, il avait écrit La Philosophie tirée des oracles, traité consacré aux pratiques religieuses et magiques capables d'assurer le salut de l'âme et qui témoignait d'un esprit naïf et superstitieux. Après sa rencontre avec Plotin, ainsi qu'il apparaît dans le traité Sur l'abstinence de la chair des animaux, dans la lettre À Marcella, dans la lettre À Anébon, dans la Vie de Plotin, dans le traité Sur le retour de l'âme, Porphyre professe une tout autre théorie des rapports entre philosophie et religion : les religions ne s'adressent qu'à des dieux inférieurs ou à des démons ; la philosophie les transcende, parce qu'elle est le culte du Dieu suprême, dont le philosophe est le prêtre. Ce culte ne consiste que dans l'offrande d'une pensée purifiée de tout ce qui est visible et sensible et il conduit à l'union au Dieu transcendant, dès ici-bas en des moments d'extase, puis définitivement après la mort. Le philosophe est donc le seul à pouvoir espérer être délivré pour toujours du cycle des naissances. Les pratiques religieuses ne peuvent procurer qu'un salut tout relatif, une certaine purification de la partie inférieure de l'âme, qui lui permettra de s'élever dans les astres, sans être délivrée définitivement de sa prison cosmique. C'est dans cette perspective que Porphyre consacre une grande partie de son activité littéraire à critiquer et à juger les traditions religieuses : le gnosticisme (en des ouvrages malheureusement perdus), les oracles chaldaïques (avec le traité Sur le retour de l'âme), la religion traditionnelle de la Grèce (lettre À Anébon), la religion chrétienne (traité Contre les chrétiens).

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Pour citer cet article

Pierre HADOT. PORPHYRE (234 env.-310) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DU BEAU, ENNÉADES I, 6 et V, 8, Plotin - Fiche de lecture

    • Écrit par Daniel RUSSO
    • 962 mots

    Plotin (205-270) a cinquante-neuf ans quand il rencontre Porphyre (234-305 env.), qui demeure avec lui pendant six ans et qui, après sa mort, réunit ses œuvres en cinquante-quatre livres, partagés en six Ennéades. Les passages sur le Beau et le Beau intelligible occupent respectivement les livres...

  • EUSÈBE DE CÉSARÉE (265 env.-av. 341)

    • Écrit par Richard GOULET
    • 752 mots

    Né probablement à Césarée de Palestine, Eusèbe restera fidèle à cette ville jusqu'à sa mort, d'abord comme collaborateur du prêtre Pamphile, qui avait recueilli et enrichi la bibliothèque léguée par Origène à Césarée, puis comme évêque de cette cité après la persécution déclenchée par Dioclétien....

  • GNOSTICISME

    • Écrit par Pierre HADOT, Michel TARDIEU
    • 10 625 mots
    Au iiie siècle, le mouvement gnostique continue à s'étendre. À Rome même, on sait par Plotin que des gnostiques fréquentaient son école. Porphyre, le disciple de Plotin, avait été chargé par son maître de réfuter des écrits qui étaient en la possession de ces gnostiques et dont ils s'enorgueillissaient....
  • NÉO-PLATONICIENNE D'ATHÈNES ÉCOLE

    • Écrit par Henri Dominique SAFFREY
    • 1 990 mots

    À l'intérieur du vaste mouvement philosophique que l'on désigne globalement sous le nom de néo-platonisme et qui se développe du iiie au vie siècle après J.-C., on distingue des écoles diverses. Fondé à Rome par Plotin, qui y enseigne de 245 à 270, et maintenu vivant sur place...

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Voir aussi