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PORPHYRE (234 env.-310)

La doctrine de l'acte d'être

Les recherches contemporaines (P. Hadot, S. Pines) laissent entrevoir, par une convergence d'indices caractéristiques et indépendants (étude d'un fragment de commentaire sur le Parménide, de textes néo-platoniciens arabes, de la doctrine de Marius Victorinus), que Porphyre a eu une doctrine de l'être tout à fait originale. Ici encore, Porphyre transforme et déforme la pensée de son maître Plotin. Celui-ci avait posé au-delà de l'Esprit, Substance première, un principe absolument simple, sans substance, sans pensée, qu'il avait appelé l'« Un ». Mû à la fois par le besoin de résoudre certaines difficultés de l'exégèse de Platon et par la logique interne de sa pensée, Porphyre identifie l'Un de Plotin avec une pure activité d'être : « L'Un, qui est au-delà de la substance et de l'étant, n'est ni étant ni substance, mais plutôt il agit et il est lui-même l'agir pur, en sorte qu'il est l'Être, l'Être qui est avant l'étant et comme l'Idée de l'étant. » En son origine transcendante, toute réalité particulière vient coïncider avec cette activité pure d'être, infiniment simple. Pour la première fois dans l'histoire de la pensée occidentale, l'être-infinitif est clairement distingué de l'être-participe. Cet être-infinitif est indissolublement agir et idée, sommet de l'activité et de l'indétermination. Cette distinction se retrouvera dans le De hebdomadibus de Boèce qui la transmettra au Moyen Âge. Elle reparaîtra sous une forme nouvelle dans la différence ontologique selon Heidegger.

— Pierre HADOT

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Pour citer cet article

Pierre HADOT. PORPHYRE (234 env.-310) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DU BEAU, ENNÉADES I, 6 et V, 8, Plotin - Fiche de lecture

    • Écrit par Daniel RUSSO
    • 962 mots

    Plotin (205-270) a cinquante-neuf ans quand il rencontre Porphyre (234-305 env.), qui demeure avec lui pendant six ans et qui, après sa mort, réunit ses œuvres en cinquante-quatre livres, partagés en six Ennéades. Les passages sur le Beau et le Beau intelligible occupent respectivement les livres...

  • EUSÈBE DE CÉSARÉE (265 env.-av. 341)

    • Écrit par Richard GOULET
    • 752 mots

    Né probablement à Césarée de Palestine, Eusèbe restera fidèle à cette ville jusqu'à sa mort, d'abord comme collaborateur du prêtre Pamphile, qui avait recueilli et enrichi la bibliothèque léguée par Origène à Césarée, puis comme évêque de cette cité après la persécution déclenchée par Dioclétien....

  • GNOSTICISME

    • Écrit par Pierre HADOT, Michel TARDIEU
    • 10 625 mots
    Au iiie siècle, le mouvement gnostique continue à s'étendre. À Rome même, on sait par Plotin que des gnostiques fréquentaient son école. Porphyre, le disciple de Plotin, avait été chargé par son maître de réfuter des écrits qui étaient en la possession de ces gnostiques et dont ils s'enorgueillissaient....
  • NÉO-PLATONICIENNE D'ATHÈNES ÉCOLE

    • Écrit par Henri Dominique SAFFREY
    • 1 990 mots

    À l'intérieur du vaste mouvement philosophique que l'on désigne globalement sous le nom de néo-platonisme et qui se développe du iiie au vie siècle après J.-C., on distingue des écoles diverses. Fondé à Rome par Plotin, qui y enseigne de 245 à 270, et maintenu vivant sur place...

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Voir aussi