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PLATINE ET PLATINOÏDES

Platine - crédits : R. Appiani/ De Agostini/ Getty Images

Platine

Le platine est un métal précieux, c'est-à-dire un métal auquel deux caractères dominants confèrent un prestige et une valeur qui furent à l'origine les attributs exclusifs de l'argent et, plus encore, de l'or : rareté et inaltérabilité. Cette dernière propriété permet à ces métaux de conserver leur éclat dans des circonstances où tous les autres se ternissent ou se dégradent et d'exister dans le sol à l'état natif.

Son titre de noblesse ne fut pas attribué sans réticences au platine. Il fut découvert par les Indiens d'Amérique du Sud, bien avant l'arrivée des Espagnols, qui furent les premiers Européens à le connaître lorsqu'ils s'établirent en Nouvelle-Grenade (maintenant Colombie). Ils lui donnèrent le nom de platina, diminutif du mot plata, argent. Afin de marquer le peu d'intérêt que présentait ce métal inconnu à leurs yeux et par crainte de voir des faux-monnayeurs le substituer à l'argent, ils commencèrent par le jeter à la mer. Le platine ne fut introduit en Europe qu’au xviiie siècle.

Pour les chimistes, le platine (Pt) fut un sujet d'études fructueuses. Ils reconnurent qu'il était accompagné le plus souvent, dans la nature, de métaux aux propriétés voisines qu'on appelle les platinoïdes, ou métaux de la mine du platine. Ce sont le palladium (Pd), le rhodium (Rh), l' iridium (Ir), le ruthénium (Ru) et l' osmium (Os). Ils découvrirent la richesse de la chimie de ces éléments nouveaux : la variété de leurs sels et leur pouvoir catalytique. Ils mirent au point des procédés de séparation et de purification qui, malheureusement, ne fournissent ces métaux que sous forme de poudres appelées « mousses » ou, dans les pays anglo-saxons, « éponges ».

Pour pouvoir les utiliser, il fallait parvenir à élaborer des pièces compactes. Les techniques de fusion traditionnelles échouèrent en raison des températures très élevées nécessaires, et les métallurgistes durent inventer des procédés et des appareils nouveaux : la métallurgie des poudres et le chalumeau oxhydrique. Le physicien français Pierre-François Chabaneau fut, en 1789, le premier à obtenir du platine malléable et, au début du xixe siècle, le chimiste anglais William Hyde Wollaston le premier à obtenir un échantillon de platine pur.

Aujourd'hui, par suite de leurs propriétés uniques et malgré leurs prix très élevés, les platinoïdes sont essentiellement employés dans l'industrie, et seule leur rareté vient limiter le développement de leurs utilisations. En effet, environ 20 p. 100 des produits manufacturés dans le monde contiennent du platine ou sont produits à base de platine. Par ailleurs, l’utilisation de platine dans la joaillerie fine a progressé rapidement au début du xxe siècle.

Minéralogie et propriétés

Le platine est considéré comme un élément natif quoiqu'il ne soit jamais pur à 100 p. 100. Sa forme brute contient normalement des quantités d'autres éléments. Les cristaux de platine pur sont très rares, et en général, le platine se trouve sous forme de pépites. La source la plus répandue de platine provient de dépôts « placers » (zones d’alluvions). La variété habituelle de platine natif est le polyxène. Il se compose de 80 à 90 p. 100 de platine, de 3 à 11 p. 100 de fer, ainsi que d'autres métaux tels que l'or, le cuivre et le nickel. Le platine natif est le principal minerai de platine. Cependant, il peut être trouvé combiné avec de l'arsenic comme le minerai de sperrylite et avec du soufre tel que dans le minerai de cooperite, étant également associé aux minerais de chromite et à l'olivine.

Platine : caractéristiques physico-chimiques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Platine : caractéristiques physico-chimiques

Les platinoïdes ont des propriétés chimiques très voisines, ce qui rend leur séparation difficile. Leur caractère le plus apparent est leur inaltérabilité. Le platine (caractéristiques au tableau 1)[...]

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Écrit par

  • : ingénieur E.N.S.C.P., docteur ès sciences physiques, directeur des recherches au comptoir Lyon-Alemand-Louyot
  • : ingénieur chimiste, chef du laboratoire de recherches au comptoir Lyon-Alemand-Louyot
  • : professeur d'université à l'I.U.F.M. de Créteil, chercheur au Centre d'études de chimie métallurgique (C.N.R.S.)
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis, Jean-Paul GUERLET, Roger LACROIX et Jean-Louis VIGNES. PLATINE ET PLATINOÏDES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Platine - crédits : R. Appiani/ De Agostini/ Getty Images

Platine

Platine : caractéristiques physico-chimiques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Platine : caractéristiques physico-chimiques

Producteurs de platine, palladium et rhodium - crédits : Encyclopædia Universalis France

Producteurs de platine, palladium et rhodium

Autres références

  • ÉLÉMENTS NATIFS

    • Écrit par Guy ROGER
    • 2 071 mots
    • 3 médias
    Le platine existe presque toujours à l'état natif, mais non pur, car il forme des alliages, essentiellement avec d'autres métaux de la famille du platine (surtout l'iridium) et avec le fer.
  • NEWJANSKITE & SYSSERTSKITE

    • Écrit par Guy TAMAIN
    • 209 mots

    Minéraux du groupe de l'iridosmine composés principalement d'osmium et d'iridium en solution solide, la newjanskite et la syssertskite (découvertes dans l'Oural, à Neviansk et à Syssert respectivement) cristallisent dans le système hexagonal et se présentent sous forme de lamelles ou grains tabulaires....

  • POLYXÈNE

    • Écrit par Philippe ROSSI
    • 426 mots

    Solution solide formée de nombreux complexes isomorphes, qui contient en moyenne 83 p. 100 de platine, 10 p. 100 de fer, jusqu'à 7 p. 100 d'iridium, et des traces de palladium, de rhodium, de cuivre et de nickel ; on nomme souvent platine natif ce système minéral.

    Le polyxène cristallise...

  • SAINTE-CLAIRE DEVILLE HENRI (1818-1881)

    • Écrit par Georges KAYAS
    • 272 mots

    Chimiste français né à l'île Saint-Thomas (Antilles) et mort à Boulogne-sur-Seine. Fils d'un consul de France, Henri Étienne Sainte-Claire Deville obtient, en 1844, deux doctorats, en médecine et en sciences ; il est alors chargé de l'organisation de la nouvelle faculté des sciences de Besançon...

Voir aussi