Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MUSIQUE CONTEMPORAINE L'évolution de la musique depuis 1945

Olivier Messiaen - crédits : Erich Auerbach/ Getty Images

Olivier Messiaen

L'essor de la musique après la guerre est lié, en grande partie, au rôle déterminant joué en Europe par trois hommes qui furent à la fois des compositeurs et des pédagogues de premier plan. Olivier Messiaen, tout d'abord, qui forma la plupart des compositeurs importants de la seconde moitié du siècle, et les initia aux musiques non européennes, les sensibilisant à une conception nouvelle de la durée et de la forme ; René Leibowitz, ensuite, qui leur transmit la technique sérielle qu'il avait lui-même apprise d'Anton Webern (Max Deutsch devait jouer le même rôle à Paris plus longtemps encore) ; Pierre Schaeffer, enfin, qui, dans les studios de la R.T.F. à Paris, fit découvrir à un certain nombre de créateurs le domaine de la musique concrète. Paris fut donc, dès 1945, un centre musical important, de même que l'Allemagne, notamment au travers des célèbres cours d'été de Darmstadt et du festival de Donaueschingen, ainsi que plus tardivement New York, avec John Cage, ses « descendants », et l'école dite « répétitive ».

Le sérialisme

Musique contemporaine: quelques œuvres charnières. - crédits : Encyclopædia Universalis France

Musique contemporaine: quelques œuvres charnières.

Après la guerre, les jeunes musiciens éprouvent le besoin fébrile de reconstruire sur des bases solides et durables le système sériel, tel que l'a développé A. Webern, mort accidentellement en 1945, et qui fait figure, à leurs yeux, de modèle, de voie à suivre. Pierre Boulez, Karlheinz Stockhausen, Jean Barraqué, Luciano Berio, Luigi Nono, Bruno Maderna, et, par la suite, Jean-Claude Éloy dans sa première période ou Gilbert Amy entreprennent d'organiser minutieusement tous les caractères sonores, tous les « paramètres » notables sur la partition tels que la hauteur, l'intensité, la durée ou le timbre, afin de les soumettre à un contrôle total et de leur appliquer un traitement sériel. C'est ce que l'on a appelé le « sérialisme intégral » ; il devait inspirer des œuvres sévères et abstraites comme le premier cahier des Structures de Pierre Boulez, les Kontra-Punkte de Karlheinz Stockhausen, ou Polifonica-Monodia-Ritmica de Luigi Nono, dans lesquelles se retrouve un même effort pour « éliminer, comme l'écrivait Boulez, toute trace d'héritage ». Plus tard, Igor Stravinski lui-même, dans sa dernière période, adopte l'écriture sérielle, tandis qu'avec son Mode de valeurs et d'intensité (1949) pour piano, Olivier Messiaen essaye de se placer à l'avant-garde de ce mouvement, vis-à-vis duquel il reprend d'ailleurs rapidement ses distances. Le sérialisme intégral marque profondément les esprits, sans toutefois empêcher des créateurs indépendants comme André Jolivet, Francis Poulenc ou Henri Dutilleux de poursuivre une voie personnelle, plus proche de la tradition. Mais, rapidement, les « sérialistes » assouplissent leur style, réintègrent certains éléments de la tradition. Se présentent alors diverses réactions, se développent différents courants, qui, contrairement au sérialisme, ne donneront pas plus naissance à des mouvements qu'à des corps de doctrines : d'ailleurs, après le début des années cinquante, plus aucune école ne verra le jour, hormis peut-être celle de l'électro-acoustique française (entre 1950 et 1960) au sein du Groupe de recherches musicales, fondé par Pierre Schaeffer.

Pierre Boulez.

Pierre Boulez.

Karlheinz Stockhausen

Karlheinz Stockhausen

Luciano Berio

Luciano Berio

Luigi Nono

Luigi Nono

Stravinski et Diaghilev

Stravinski et Diaghilev

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : écrivain, compositeur, réalisateur, maître de conférences émérite à l'université de Paris-III
  • : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)

Classification

Médias

Olivier Messiaen - crédits : Erich Auerbach/ Getty Images

Olivier Messiaen

Musique contemporaine: quelques œuvres charnières. - crédits : Encyclopædia Universalis France

Musique contemporaine: quelques œuvres charnières.

Pierre Boulez. - crédits : Erich Auerbach/ Getty Images

Pierre Boulez.

Autres références

  • ABSIL JEAN (1893-1974)

    • Écrit par
    • 943 mots

    Figure dominante de la musique belge contemporaine, Jean Absil voit le jour à Bonsecours, dans le Hainaut. Il est élevé dans l'univers rigoureux de la musique d'église avant d'être admis au Conservatoire royal de Bruxelles. Il y remporte les premiers prix d'orgue, d'harmonie et de fugue et complète...

  • ACOUSMATIQUE MUSIQUE

    • Écrit par
    • 7 820 mots
    • 5 médias
    Reste qu'un certain nombre d'expériences marquantes constituent autant de jalons dans la découverte des propriétés du support-espace et permettent d'envisager favorablement l'avenir. Il est utile d'en rappeler la genèse et la progression.
  • ADAMS JOHN (1947- )

    • Écrit par
    • 1 969 mots
    • 2 médias
    ...milieu idéal à ses activités, puisqu'il est nommé chef du département de composition du Conservatoire de San Francisco, où il va enseigner de 1972 à 1982. Edo De Waart, alors directeur musical de l'Orchestre symphonique de San Francisco, remarque ce professeur hors du commun et lui propose en 1978 un poste...
  • ALÉATOIRE MUSIQUE

    • Écrit par
    • 1 301 mots
    • 4 médias

    On range sous la dénomination de musique aléatoire les pratiques compositionnelles qui rejettent totalement ou ponctuellement la fixité. Cette musique fondée sur le hasard et l'indétermination est née au cours des années 1950, en réaction au sérialisme intégral. La part d'indétermination et de hasard...

  • Afficher les 247 références