CAGE JOHN
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Du compositeur américain John Cage, on peut dire d'ores et déjà qu'il a été l'un des musiciens les plus importants de la seconde moitié du xxe siècle – bien qu'ayant été, et sans doute parce qu'étant le plus contesté. Il n'est certes plus à la mode aujourd'hui de taxer Cage d'amateurisme ; on ne s'en est cependant nullement privé jadis. Non seulement en effet les musiques dont il se rendait coupable n'obéissaient à aucune régularité interne – issues qu'elles étaient, en tout ou en partie, d'opérations de hasard –, mais leur agencement tendait à ne les rendre susceptibles d'aucune restitution constante : ne se voulaient-elles pas, à partir de 1958, « indéterminées quant à l'exécution » ? Bref, elles ne se ressemblaient pas plus à elles-mêmes qu'elles n'étaient liées entre elles par un style. Même rétrospectivement, elles ne sont que rarement « reconnaissables » : elles manquent au plus haut point d'identité, comme si leur auteur avait eu à cœur de se faire oublier – ce qui, à notre époque, passera sans mal pour un défi... Plus gravement, et contrairement à ce que l'on affirme communément, les procédés de hasard auxquels John Cage confiait la responsabilité de la production de ses partitions ne sont chez lui jamais cultivés pour eux-mêmes : collages, juxtapositions, superpositions, fragmentations et autres tuilages, rien de tout cela ne vise la confusion ou le chaos ; ce qui est en jeu, c'est bien plus simplement l'autonomie de chaque événement. Et cet événement, ce happening, est toujours en lui-même multidimensionnel. Quand le jeune Cage, encore élève de Schönberg, réunit un orchestre de percussions, ce n'est pas tant à l'instar du Varèse d'Ionisation (1931) qu'il décide d'œuvrer – en se servant des sons et des bruits comme de moyens au service de l'unique fin qu'est la production de l'œuvre –, il entreprend au contraire de mettre l'œuvre, le fait d'œuvrer, au service des sons, du jaillissement des sons dans leur matérialité de bruits. Comm [...]
Le compositeur américain John Cage (1912-1992) en 1966. Il eut une forte influence sur la danse et la musique d'avant-garde. Il inventa le piano préparé en plaçant entre les cordes divers objets destinés à modifier le timbre de l'instrument.
Crédits : H V Drees/ Hulton Archive/ Getty Images
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Écrit par :
- Daniel CHARLES : musicien, philosophe, fondateur du département de musique de l'université de Paris-VIII
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SONATAS AND INTERLUDES (J. Cage)
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ALÉATOIRE MUSIQUE
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ATONALITÉ
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BRECHT GEORGE (1926-2008)
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BROWN EARLE (1926-2002)
Associé de John Cage – aux côtés de Morton Feldman, David Tudor et Christian Wolff –, le compositeur américain Earle Brown, pionnier de la notation graphique et des formes ouvertes, est un des plus remarquables représentants de la mouvance expérimentale new-yorkaise des années 1950. Earle Appleton Brown, Jr. naît le 26 décembre 1926 à Lunenburg, ville du Massachusetts située près de Boston. Passio […] Lire la suite
CUNNINGHAM MERCE (1919-2009)
Dans le chapitre « Une pensée imprévue dans la danse » : […] Merce Cunningham (de son vrai nom Mercier Philip Cunningham) naît le 16 avril 1919 à Centralia (État de Washington). Bien qu'il commence la danse à l'âge de douze ans et se produise dans des Vaudeville (des spectacles de variétés précurseurs des comédies musicales où les claquettes figurent en bonne place), il s'oriente vers le théâtre et intègre la Cornish School de Seattle (1937-1939), où il sui […] Lire la suite
DÉVELOPPEMENT DU HAPPENING SELON ALLAN KAPROW - (repères chronologiques)
1922 Projetant la future dissolution de l'art dans la vie, Piet Mondrian écrit : « L'art est déjà en partielle désintégration – mais sa fin serait prématurée. Les conséquences du Néoplasticisme sont effrayantes. » Allan Kaprow prolongera cette intuition. 1943 Quelques années avant qu'Allan Kaprow ne s'en occupe définitivement, Piet Mondrian déclare encore : « Je pense que l'élément destructif es […] Lire la suite
ÉLECTRONIQUE VIVANTE MUSIQUE
Appartenant au vaste univers des musiques électroacoustiques, la musique électronique vivante ( live electronic music ou, plus brièvement, live electronics ) n'est pas élaborée par avance en studio mais exécutée – avec un degré variable d'improvisation – en direct (c'est-à-dire live ) par un ou plusieurs interprètes lors d'un concert. Faisant appel à la fois à des sources sonores instrumentales […] Lire la suite
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Pour citer l’article
Daniel CHARLES, « CAGE JOHN », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 02 février 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/john-cage/