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ÉLOY JEAN-CLAUDE (1938- )

L'univers de Jean-Claude Éloy est ouvert aux dimensions du monde. Né à Rouen le 15 juin 1938, élève de Milhaud au Conservatoire de Paris, puis de Boulez à Bâle (1957-1963), couronné de prix internationaux, il est professeur d'analyse musicale à l'université de Berkeley (1966-1968). Il travaille avec Stockhausen au studio de musique électronique de la Radio de Cologne (1972-1973), puis avec Xenakis, en 1978-1979, sur la production musicale par ordinateur.

Ses œuvres, d'abord écrites dans un esprit post-sériel (Étude III, 1962 ; Équivalences, 1963 ; Polychronies, 1964 ; Macles, 1964), sont le plus souvent, et pour leur forme et pour leur instrumentation, dominées par un souci de confrontation ou d'opposition entre les éléments les plus divers (sonorités, dynamismes, intensités, structures).

Attiré par les musiques d'Extrême-Orient, il fait là-bas de longs séjours. Dans le domaine de la composition, il se tait alors et médite pendant plusieurs années, s'imprègne de la pensée indienne. Lorsqu'il revient à la composition, celle-ci se présente comme une tentative de synthèse entre les cultures d'Orient et d'Occident : « La rencontre Orient-Occident, qui s'est amorcée et accélérée pendant le demi-siècle qui nous précède, ne fait que commencer à se poser en termes d'ensemble. Il apparaît donc capital que la culture occidentale la plus représentative d'aujourd'hui exprime et ressente, à l'égard de l'Orient, cet intérêt profond, cette attirance intense, cette préoccupation constante, afin qu'il pénètre dans son sang, qu'il se greffe sur sa propre vie. »

Sa création musicale, dès lors, est l'expression rigoureuse de son engagement personnel et philosophique. Faisceaux-Diffractions (pour vingt-huit instrumentistes, en 1970) est une œuvre charnière : « tentative pour décomposer, modifier, métamorphoser la continuité d'un cycle modal, sans jamais parvenir à la briser ». Kâmakalâ (pour trois groupes d'orchestre et cinq groupes de chœurs, 1971) se présente comme un « effort d'intégration du potentiel oriental dans la musique occidentale ». Plus tard, Éloy avoue son envie de « faire craquer la petite durée sonore occidentale » ; cela le mène à l'expérience de Shânti (immense fresque achevée en 1974 où le compositeur emploie pour la première fois les sons électroniques et concrets), conçue comme « une méditation sur la paix profonde de la recherche inlassable du calme de la conscience », où se mêlent des textes de Mao et de Śri Aurobindo. Il donne ensuite Gaku-no-michi (pour bande magnétique, 1977), Yo-in (pour bande magnétique, un percussionniste, un synthétiseur, 1979), Étude IV (pour bande magnétique, 1979), À l'approche du feu méditant (pour vingt-sept instrumentistes de l’orchestre du gagaku japonais, avec deux chœurs de moines bouddhistes et six percussionnistes, 1983), Butsumyôe et Sappho Hikètis (pour deux voix de femmes et électroacoustique, 1989), Two American Women (pour deux voix de femmes – techniques chantées et parlées –, avec électroacoustique, 1989), Galaxies (électroacoustique, avec voix solo, 1996). En 2004, il fonde le label Hors territoires, afin de publier ses écrits, souvent bilingues, et sa musique.

Au-delà des premières confrontations et de la dernière méditation, c'est l'univers de sa propre contemplation intérieure que tente d'exprimer Éloy ; c'est pourquoi, sans doute, au cours de son évolution, son langage musical se fait de plus en plus dense.

— Brigitte MASSIN

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Pour citer cet article

Brigitte MASSIN. ÉLOY JEAN-CLAUDE (1938- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PAYSAGE SONORE

    • Écrit par Alain FÉRON
    • 373 mots

    Le compositeur canadien R. Murray Schafer, né en 1933, est à l'origine du concept de paysage sonore : le terme original anglais, soundscape, créé par Schafer, vient de la contraction de sound (« son ») et de landscape (« paysage »). Dans son livre The Tuning of the World (1977 ;...

Voir aussi