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MATIÈRE (physique) Plasmas

Applications des plasmas chauds

Si la fusion thermonucléaire contrôlée apparaît comme une application essentielle des études sur les plasmas chauds, il est d'autres utilisations possibles, où le plasma apparaît comme une source de rayonnement ultraviolet ou X très intense, ou comme un milieu accélérateur efficace pour générer des particules chargées très énergétiques.

Ainsi, des impulsions de rayonnements ultraviolets ou X très intenses ont été obtenues par irradiation de cibles constituées de matériaux lourds par des impulsions électromagnétiques délivrées par des lasers de puissance impulsionnels. Le plasma apparaît alors comme un convertisseur de photons, puisqu'il fournit des photons dans le domaine des rayons X à partir de photons infrarouges ou visibles, avec un taux de conversion en énergie qui peut dépasser 70 p. 100. Dans cette conversion, le caractère cohérent et directionnel du rayonnement laser incident est perdu, puisque le rayonnement X émis est en général incohérent et part dans toutes les directions. Dans certaines géométries toutefois, en particulier pour les plasmas très allongés, il est possible de réaliser des inversions de population entre les niveaux d'énergie des ions constituant le plasma, et d'obtenir ainsi au sein même du plasma un effet laser dans la gamme du rayonnement X-ultraviolet (dans la gamme de la dizaine de nanomètres de longueur d'onde). Le faible rendement en énergie est alors compensé par la qualité du rayonnement laser émis. On envisage d’utiliser ces sources de rayonnement X ultra-courtes en imagerie, en particulier médicale.

L'attaque de cibles solides par des rayonnements lasers intenses n'est pas la seule source de rayonnement X issu des plasmas. Une autre méthode utilise les plasmas de compression magnétique, obtenus par passage d'un courant intense dans un jet supersonique de gaz rare ou de vapeur métallique, dans des fils métalliques disposés dans un cylindre ou encore dans une fibre solide constituée d'un matériau isolant.

Une autre particularité intéressante des plasmas est leur capacité à produire en leur sein des champs électriques très élevés, susceptibles d'accélérer des particules chargées à très haute énergie. De tels champs électriques peuvent, par exemple, être créés dans le sillage d'impulsions laser ultracourtes et ultra-intenses, dont le développement date de la fin des années 1980, se propageant dans des plasmas (ou des gaz : ceux-ci sont ionisés de toute façon quasi instantanément par le passage de l'impulsion laser). Des champs électriques près de mille fois plus élevés que ceux existant dans les accélérateurs de particules conventionnels peuvent alors être obtenus, à une échelle microscopique.

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Écrit par

  • : docteur d'État, directeur de recherche au C.N.R.S.

Classification

Pour citer cet article

Patrick MORA. MATIÈRE (physique) - Plasmas [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

États de la matière - crédits : Encyclopædia Universalis France

États de la matière

Irving Langmuir et E. D. MacArthur - crédits : Encyclopaedia Britannica, Inc

Irving Langmuir et E. D. MacArthur

Sinclair Lewis, Frank Kellogg, Albert Einstein et Irving Langmuir - crédits : Hulton-Deutsch/ Corbis Historical/ Getty Images

Sinclair Lewis, Frank Kellogg, Albert Einstein et Irving Langmuir

Autres références

  • ÉTAT DE LA MATIÈRE, notion d'

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 1 521 mots

    L'expérience quotidienne permet à chacun d'appréhender la notion d'état de la matière (parfois appelé phase) et celle de transition de phase qui lui est étroitement liée. L'exemple typique est celui des trois états si différents que prend l'eau lorsque sa température varie : à partir de 0 ...

  • MATIÈRE, notion de

    • Écrit par Jean-Marc LÉVY-LEBLOND
    • 2 022 mots

    Le mot « matière » cache sous sa généralité abstraite une origine concrète fort éclairante. En latin archaïque, materia appartient à la langue rustique et désigne la substance dont est fait le tronc de l'arbre, en tant qu'elle est productrice (de branches, de feuilles). L'élargissement successif...

  • PARTICULES ÉLÉMENTAIRES

    • Écrit par Maurice JACOB, Bernard PIRE
    • 8 172 mots
    • 12 médias

    Les physiciens poursuivent l'étude de la structure de la matière dans le but de trouver plus d'unité et de simplicité dans un monde qui nous frappe par sa diversité et son apparente complexité. N'est-il pas remarquable de pouvoir ramener la variété quasi infinie des objets qui nous entourent...

  • ANTIMATIÈRE

    • Écrit par Bernard PIRE, Jean-Marc RICHARD
    • 6 931 mots
    • 4 médias
    ...associé est bâti avec les antiquarks correspondants. Les mésons résultent de la liaison d'un quark et d'un antiquark. Dans cette description moderne, la matière est constituée par trois « générations » de quarks et de leptons, le nombre trois a été établi par les expériences du C.E.R.N. (laboratoire européen...
  • ATOME

    • Écrit par José LEITE LOPES
    • 9 140 mots
    • 13 médias

    L'atome est le terme ultime de la division de la matière dans lequel les éléments chimiques conservent leur individualité. C'est la plus petite particule d'un élément qui existe à l'état libre ou combiné. On connaît 90 éléments naturels auxquels s'ajoutent le ...

  • BOHR ATOME DE

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 369 mots
    • 1 média

    Deux ans après avoir soutenu sa thèse sur la théorie électronique des métaux, le physicien danois Niels Bohr (1885-1962) écrit en 1913 trois articles fondamentaux qui révolutionnent la compréhension de la structure de la matière. Le premier, paru le 5 avril dans le Philosophical Magazine...

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Voir aussi