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CALVIN JEAN (1509-1564)

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme - crédits : Encyclopædia Universalis France

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme

On pourrait affirmer que le plus grand réformateur français fut un Réformateur malgré lui. De naturel timide, de santé fragile, porté avant tout à l'étude et vers la tranquillité, il a été conduit par des événements où il voyait la main de Dieu à entreprendre une tâche de conducteur d'hommes et de défenseur d'idées. De là une certaine dureté, une intransigeance qui ont créé autour de lui la légende d'un homme au cœur sec, d'un dictateur impitoyable, ambitieux et obstiné. Ses portraits, qui le représentent amaigri, avec la barbe en pointe, vieilli avant l'âge, renforcent cette légende d'austérité et de rudesse. En fait, c'est un homme affectueux et ouvert, soucieux de faire triompher la cause de Dieu, la gloire de Dieu.

Calvin est un Français, un Latin. Il a la clarté, la logique et l'amour des grandes lignes. Son rôle sera de mettre en ordre les inspirations enthousiastes de ses prédécesseurs, un Luther, un Bucer, un Farel, d'en constituer un corps de doctrines, de jeter les bases d'une organisation ecclésiastique, le régime presbytérien, qui est à l'heure actuelle celui de millions d'hommes dans le monde. C'est un esprit plus organisateur que créateur.

Des lettres à la théologie

Jean Calvin - crédits : Imagno/ Getty Images

Jean Calvin

Jean Cauvin, dit Calvin, naît le 10 juillet 1509 à Noyon (Picardie). Il grandit dans cette ville cléricale, dominée par une lourde cathédrale. Son père est procureur ecclésiastique et s'occupe, non sans avoir à connaître des querelles, des affaires du clergé. L'enfant est pourvu dès l'âge de douze ans de bénéfices ecclésiastiques qui lui donneront le moyen de faire de très complètes études. Il signera parfois d'un pseudonyme, Charles d'Espeville, nom d'une cure de village dont il est bénéficiaire. Au collège des Capettes, il est l'ami des jeunes nobles de la région, en particulier des Montmor de Hangest, famille épiscopale. Ceux-ci vont continuer leurs études à Paris, sous la direction d'un précepteur, et Calvin les accompagne. Ils s'inscrivent d'abord au collège de La Marche où enseignait un des maîtres les plus célèbres de la pédagogie, Mathurin Cordier, auquel Calvin a toujours témoigné la plus grande reconnaissance et qu'il devait appeler plus tard pour la fondation du collège de Genève. Mais la fantaisie de leur précepteur fit passer les jeunes étudiants au collège Montaigu. Les humanistes ne ménageaient pas leurs sarcasmes à ce rempart de la scolastique médiévale : « Collège de pouillerie », disait Rabelais, auquel faisait écho Érasme. Calvin y travailla jour et nuit, délabrant sa santé pour la vie. Il y acquit une forte connaissance de l'Antiquité latine et patristique. Ses œuvres sont remplies de citations, en particulier de saint Augustin et du Maître des sentences, Pierre Lombard.

Peut-être a-t-il rencontré sur les bancs de Montaigu un jeune cavalier espagnol qui vint s'y asseoir à la même époque, Ignace de Loyola. L'un et l'autre, ayant la même vision de la gloire de Dieu comme le montrent leurs devises : « Pour la plus grande gloire de Dieu » et « À Dieu seul la gloire », ont été à la tête de mouvements aussi opposés que ceux des Jésuites et des Réformés.

Après qu'il eut passé quatre ans à Montaigu, Jean fut dirigé par Gérard Cauvin, son père, vers le droit ; il se rendit donc à Orléans et à Bourges où venaient de se créer des universités brillantes. Dans ces deux villes, il rencontra un homme qui eut sur lui une grande influence, Melchior Wolmar, originaire du Wurtemberg. Cet helléniste distingué enseigna les rudiments du grec à celui qu'on devait appeler plus tard le prince des exégètes. Il lui ouvrit aussi sans doute l'esprit aux doctrines luthériennes, qui déjà circulaient en France sous le manteau. Le jeune étudiant de vingt ans écoute, juge, prend peut-être position pour la[...]

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Écrit par

  • : doyen honoraire de la faculté de théologie protestante de Montpellier
  • : pasteur, président du journal Réforme

Classification

Pour citer cet article

Jean CADIER et André DUMAS. CALVIN JEAN (1509-1564) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<em>Calvin refuse la Cène aux libertins</em>, Jean-Léonard Lugardon, 1859 - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Calvin refuse la Cène aux libertins, Jean-Léonard Lugardon, 1859

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme - crédits : Encyclopædia Universalis France

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme

Jean Calvin - crédits : Imagno/ Getty Images

Jean Calvin

Autres références

  • INSTITUTION DE LA RELIGION CHRÉTIENNE, Jean Calvin - Fiche de lecture

    • Écrit par Marianne CARBONNIER-BURKARD
    • 957 mots
    • 2 médias

    Le nombre des éditions de l'Institution de la religion chrétienne témoigne du succès de l'ouvrage, dès sa sortie en 1536 : vingt éditions en latin et dix-sept en français, jusqu'à la fin du siècle, outre une bonne vingtaine d'éditions en d'autres langues. Ce manuel, devenu la somme de la ...

  • ARMINIANISME

    • Écrit par Jean BAUBÉROT
    • 860 mots
    Dans la lignée d'Augustin, les réformateurs rendirent le salut de l'être humain indépendant de ses mérites propres. De formation juridique, Calvin élabora la doctrine de la prédestination, décret « éternel et inviolable de Dieu ». Comme prédicateur, il insista sur la grâce de Dieu, mais, dans...
  • BÈZE THÉODORE DE (1519-1605)

    • Écrit par Bernard VOGLER
    • 505 mots

    Successeur de Calvin et guide des huguenots lors des guerres de religion. Fils d'un bailli bourguignon, Théodore de Bèze mène d'abord, après des études juridiques à Orléans et à Paris, une vie de dilettante et de poète. Sa conversion et sa fuite à Genève (1548) lui permettent...

  • CALVINISME

    • Écrit par Jean CADIER, André DUMAS
    • 4 244 mots
    • 1 média

    Le calvinisme est une doctrine de la gloire de Dieu. « À Dieu seul la gloire », telle est sa devise. Avec une ferveur obstinée, Calvin rappelle sans cesse que Dieu est le Maître tout-puissant du monde et des personnes, et que nos destinées sont entièrement dans sa main. Dans la foi et dans...

  • CASTELLION SÉBASTIEN (1515-1563)

    • Écrit par Raoul VANEIGEM
    • 682 mots

    Il existe à la racine du protestantisme une revendication de liberté qui doit sa radicalité et ses limites à l'essor du libre-échange et à la première modernité du capitalisme. Sébastien Castellion appartient à l'aile radicale en ce qu'il privilégie les options individuelles et fait de la liberté...

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Voir aussi