SCOLASTIQUE
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Dans son emploi usuel, et qu'il soit nom générique ou adjectif, le mot « scolastique » fait naître l'idée de répétition ou commentaire du déjà-dit, de subtilité pédantesque, par opposition à l'originalité, à l'esprit de découverte par enquête sur les choses mêmes. Cette acception résume une part des critiques dirigées, depuis la Renaissance, contre le régime de pensée et d'enseignement qui caractérise le Moyen Âge à partir du xiiie siècle, principalement en théologie, et que désigne le mot « scolastique » en son sens spécifique, le seul qu'on retiendra ici. On a ainsi affaire à un fait culturel bien déterminé, dont il ne faut qu'analyser la nature et les conditions historiques. L'apparition de la scolastique correspond à une situation et à des sollicitations précises : aussi cette forme mentale parvient, dès la seconde moitié du xiiie siècle, à un équilibre, une sorte de classicisme, qui évoluera vite. La scolastique poursuivra son histoire avec un contenu modifié et selon une autre allure, mais en conservant les mêmes formes. Ainsi l'on peut dire que, dans le courant toujours tourmenté de la pensée médiévale, le xiiie siècle marque une inflexion sensible, même s'il est assez facile de relever, dans les siècles qui l'ont précédé, des éléments et des résultats qu'il a repris à son compte. C'est pourquoi la description qui suit a deux pôles : la structure originelle de la scolastique et la critique qu'en ont faite Érasme et Luther ; on tiendra ainsi les deux maillons extrêmes d'une chaîne historique.
Formes, textes et méthodes
L'analyse de la scolastique et de son esprit peut partir très simplement de l'examen des formes (littéraires et intellectuelles) qui lui sont propres. Ces formes sont signalées par des titres qui reviennent continuellement dans les catalogues des œuvres scolastiques : commentaires, questions disputées, questions quodlibétales, sommes. Toutes ont un soubassement et une [...]
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Écrit par :
- Jean JOLIVET : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)
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ANALOGIE
Dans le chapitre « La tradition antique et médiévale » : […] L'histoire du concept philosophique d'analogie, dont la théorie de l'« analogie de l'être » est un moment essentiel mais non exclusif, peut être aujourd'hui retracée indépendamment des deux modèles de description qui ont longtemps prévalu dans la tradition historiographique de l'« aristotélisme médiéval » : l'interprétation strictement « aristotélicienne » et l'interprétation « aristotélico- thom […] Lire la suite
ANSELME DE CANTORBÉRY (1033/34-1109)
Dans le chapitre « Un des premiers maîtres du dialogue entre la logique et la foi » : […] Né à Aoste, d'un puissant lignage, Anselme est venu jeune à l'abbaye du Bec (Bec-Hellouin) en Normandie, dont l'abbé, Lanfranc, était son compatriote ; il y parcourut, selon la science et la foi de son temps, un cycle de fructueuses études sur la Bible, en logique et en patristique. Il y gravit les échelons des fonctions internes d'enseignement et de gouvernement. En 1063, pour sa trentaine, il es […] Lire la suite
ARTS POÉTIQUES
Dans le chapitre « Poésie et théologie » : […] Rédigés le plus souvent en latin, les arts poétiques témoignent au Moyen Âge de la persistance de la culture antique. Divers arts poétiques sont rédigés à la fin du xii e siècle, notamment par Matthieu de Vendôme et Geoffroy de Vinsauf, qui s'inscrivent dans le cadre d'un modernisme savant. Ils connaissent Horace et la iunctura , mais reprennent aussi ce que le poète latin avait rejeté : l'étude […] Lire la suite
BOÈCE (480-524)
L'œuvre de Boèce a été, pour le Moyen Âge et la Renaissance, une source fondamentale de réflexion philosophique. Elle a joué un rôle décisif dans la transmission de l'héritage de la philosophie antique à l'Occident médiéval et moderne. Les traductions latines et les adaptations de commentaires néo-platoniciens grecs d'Aristote, que Boèce a rédigées, ont initié le Moyen Âge à l'exégèse savante des […] Lire la suite
CAJÉTAN TOMMASO DE VIO dit (1469-1534)
Le plus grand théologien catholique de la Renaissance, Tommaso de Vio, était né à Gaète (d'où le nom qu'on lui donna — Il Caietano), dans une famille noble. Il entra chez les dominicains à Naples en 1484, dans ce même couvent où furent admis, avant lui, Thomas d'Aquin et, après lui, Tommaso Campanella et Giordano Bruno. C'est d'abord dans la dispute philosophique qu'il sut s'imposer. Après des étu […] Lire la suite
ENFERS ET PARADIS
Dans le chapitre « Orient et Occident » : […] En Orient, Origène a fait de l'« apocatastase » la certitude du salut universel : tous, même les démons, seront restaurés dans leur plénitude originelle après s'être purifiés dans les « éons » infernaux et avoir compris que seul Dieu, et non le mal, peut rassasier leur soif d'infini. Condamné comme doctrine par le concile de Constantinople en 543, surtout parce qu'il ouvre la porte à une concep […] Lire la suite
IDÉALISME
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INTENTIONNALITÉ, philosophie
Notion phénoménologique dérivée d'une notion scolastique. La philosophie du Moyen Âge appelait intentio (intention) l'application de l'esprit à un objet ; dans cette application, l'esprit tend vers l'objet, il se dirige vers lui. S'agissant d'un objet de connaissance, l'intentio était dite formelle. S'agissant d'un objet voulu, l'intentio était dite volitive. C'est grâce à son maître Franz Brenta […] Lire la suite
KALĀM
L'expression arabe kalām ( ‘ilm al-kalām ), dans l'islam, signifie la science de la parole, notion désignée aussi par ‘ilm uṣūl ad-dīn , science des bases de la religion (ou par al-fiḳh al-akbar , qui s'oppose à al-fiḳh al-aṣghār , la jurisprudence musulmane mineure). Ces trois expressions désignent, en somme, la théologie scolastique musulmane. Par le mot ‘ilm (science) on n'entend pas la reche […] Lire la suite
LECTURE
Dans le chapitre « La lecture scolastique » : […] Au cours du xi e siècle, d'autres changements vinrent faciliter la lecture et la compréhension des textes, les lettres tendant notamment à se séparer tandis que des tirets étaient placés à la fin des lignes lorsqu'un mot s'y trouvait coupé. Mais c'est surtout à partir des xii e et xiii e siècles que les conditions de la culture écrite européenne se trouvèrent renouvelées. À la lectio monastiqu […] Lire la suite
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Pour citer l’article
Jean JOLIVET, « SCOLASTIQUE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 09 avril 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/scolastique/