STRAVINSKI IGOR FEODOROVITCH
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Il est difficile de découvrir un musicien qui eut, de son vivant, une gloire égale à celle de Stravinski. Il fut certainement le compositeur le plus célèbre de la première moitié du xxe siècle ; et dire qu'il fut célèbre signifie que sa réputation s'est étendue bien au-delà des milieux musicaux, ou des milieux dits éclairés, pour se répandre dans le grand public et chez les profanes. Lors de ses obsèques, à Venise, une foule énorme, venue du monde entier, se pressait pour lui rendre un hommage tel qu'aucun créateur, sans doute, n'en a jamais eu. On peut rechercher les raisons d'un destin aussi exceptionnel. Quel qu'eût été le succès prodigieux qui suivit le scandale non moins prodigieux du Sacre du Printemps (dont la création eut lieu en 1913, à Paris), et même si, pour presque tous, Stravinski est essentiellement l'auteur du Sacre, il n'est pas possible de faire graviter une vie entière autour d'une seule œuvre, aussi étincelante soit-elle. Sans doute pourrait-on suggérer que Stravinski fut, de tous les compositeurs, celui qui eut, sur son art, les idées les moins traditionnelles, en ce sens qu'il est celui qui, tandis qu'il plaçait à un niveau très élevé la technique de son métier, eut à cœur de s'éloigner le plus radicalement possible des préjugés romantiques sur l'expression et l'« inspiration ». À ce titre, il fut aussi théoricien, et certaines de ses phrases lapidaires, telles qu'on les trouve dans ses divers écrits, peuvent suffire à changer notre conception du monde sonore. En outre, davantage compositeur de ballets et d'opéras que de musique pure (malgré d'étonnantes réussites comme l'Octuor, pour instruments à vent, ou les Mouvements, pour piano et orchestre), il reste étroitement lié à un mouvement culturel et intellectuel dans lequel on trouve aussi bien des décorateurs et des peintres que des philosophes et des écrivains. En fait, il gardera sa vie durant une prédilection pour l'atmosphère un peu enfiévrée d'une création presque collective comme celle qu'il avait découverte [...]
Igor Stravinski, J.-É. Blanche
À partir de 1910, le succès des Ballets russes fait de Stravinski une figure centrale du monde artistique. Dès lors, il ne pouvait que rencontrer le peintre Jacques-Émile Blanche, qui se fit une spécialité de représenter les célébrités de son temps. J.-É. Blanche, Igor Stravinski. 1915....
Crédits : Josse/ Leemage/ Corbis Historical/ Getty Images
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Écrit par :
- Michel PHILIPPOT : professeur de composition au Conservatoire national supérieur de musique de Paris
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5 juin (ancien style)-17 juin (nouveau style) 1882 Igor Feodorovitch Stravinski (ou Stravinsky) naît à Oranienbaum, près de Saint-Pétersbourg. Son père, Feodor Ignatievitch Stravinski, est chanteur au théâtre Mariinski.25 juin 1910 […] Lire la suite
LE SACRE DU PRINTEMPS (I. Stravinski)
La création du Sacre du printemps, le 29 mai 1913, au théâtre des Champs-Élysées, à Paris, a donné lieu à l'un des plus fameux scandales de l'histoire de la musique, empoignades entre les spectateurs, sifflets et hurlements couvrant la musique. Alors que la comtesse de Pourtalès déplorait qu'on lui manque de respect pou […] Lire la suite
AUDEN WYSTAN HUGH (1907-1973)
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BALLET
Dans le chapitre « Diaghilev et les Ballets russes » : […] Fondateur de la revue Le Monde de l'art qui parut de 1898 à 1905, Serge de Diaghilev est un amateur génial et un imprésario avisé. Après avoir organisé une grande exposition, Deux Siècles de peinture et de sculpture russes , il fait connaître à Paris Chaliapine, puis lance en 1909, au théâtre du Châtelet, un programme de Ballets russes dont Marcel Proust parle comme d'une efflorescence prodigieu […] Lire la suite
BÉJART MAURICE JEAN BERGER dit MAURICE (1928-2007)
Dans le chapitre « L'appel du large » : […] Maurice Béjart s'est constamment déplacé, comme s'il cherchait ses repères. Ainsi, en 1950, il est engagé à Stockholm dans la compagnie de Birgit Cullberg. C'est là qu'il monte sa première chorégraphie, L'Oiseau de feu (1950-1951). La partition d'Igor Stravinski avait été créée en 1910 par Michel Fokine pour les Ballets russes de Serge de Diaghilev. Sur la suite pour orchestre, Béjart réglera, e […] Lire la suite
COCTEAU JEAN (1889-1963)
Dans le chapitre « Les succès du jeune homme » : […] Il est des œuvres qui s'édifient loin du public, d'autres qui s'adressent à lui et attendent ses réponses pour rebondir. D'emblée, celle de Cocteau appartient au second genre, celui des « coqueluches » et des enfants maudits. À dix-neuf ans, il est fêté par le tout-Paris. On organise une matinée théâtrale où sont présentées les œuvres du jeune poète. Il n'avoue coquettement que dix-huit ans. Le su […] Lire la suite
Le Sacre du printemps, STRAVINSKI (Igor)
Dans le chapitre « Auteur » : […] «Je n'écris pas de la musique moderne. J'écris seulement de la bonne musique.» Cet aphorisme résume le génie d'Igor Stravinski, profondément russe mais cosmopolite (il sera porteur de passeports russe, français et américain), maître de l'orchestre, du rythme et des timbres. Dans sa démarche néo-classique, il se réfère aussi bien à la musique baroque ( Pulcinella , d'après Pergolèse, 1920) qu'à la […] Lire la suite
LYRISME MUSICAL
On appelle lyrique toute forme d'art où l'œuvre exprime d'une manière spontanée et plus ou moins ardente les sentiments personnels de son créateur. Selon Benedetto Croce, dans le Breviario di estetica (1913), l'intuition artistique (c'est-à-dire la vision de l'artiste) serait « toujours lyrique ». Cependant, la tradition esthétique distingue le genre lyrique des autres genres. Selon Schelling, il […] Lire la suite
MESURE, musique
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MONTEUX PIERRE (1875-1964)
Chef d'orchestre français naturalisé américain dont le nom est lié aux grandes créations des Ballets russes de Diaghilev, notamment Petrouchka et Le Sacre du printemps de Stravinski, dont il dirigea la première audition . Né à Paris le 4 avril 1875, il commence l'étude du violon dès l'âge de six ans. Au Conservatoire de Paris, où il entre en 1885, il est l'élève de Jean-Pierre Maurin et Bertheli […] Lire la suite
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Pour citer l’article
Michel PHILIPPOT, « STRAVINSKI IGOR FEODOROVITCH », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 19 janvier 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/igor-feodorovitch-stravinski/