DIAGHILEV SERGE DE (1872-1929)
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
Sergeï Pavlovitch Diaghilev, qui s'est fait appeler Serge de Diaghilev en France, a été l'un des plus importants promoteurs de l'art russe à l'étranger. Il s'est d'abord tourné vers la France pour faire découvrir, à Paris, à partir de 1906, la peinture puis la musique russes. Se révélant un organisateur clairvoyant et un animateur audacieux, il est devenu un véritable « entrepreneur d'art », montant chaque année, de 1909 à 1929, à Paris puis à Londres, New York ou Monte-Carlo, de somptueux spectacles chorégraphiques, musicaux et picturaux bientôt connus sous le nom de Ballets russes de Diaghilev. Avec lui, les chorégraphes Michel Fokine, Léonide Massine, Bronislava Nijinska et George Balanchine, les danseurs Vaslav Nijinsky, Anna Pavlova et Tamara Karsavina, ainsi que les musiciens Igor Stravinsky ou Serge Prokofiev et les peintres Léon Bakst ou Pablo Picasso acquièrent une célébrité internationale.
Le compositeur Igor Stravinski, à droite, et Serge de Diaghilev, le directeur des Ballets russes, en 1921 à Séville.
Crédits : Hulton Archive/ Getty Images
Avec les Ballets russes, l'une des compagnies de danse les plus importantes du xxe siècle et sans cesse renouvelée, Diaghilev a apporté la modernité, expérimentant de nouveaux styles de mouvements, de thèmes et de décors. Il a ainsi réussi à imposer à une société conformiste les talents et les modes d'expression les plus révolutionnaires. Certaines de ces créations les plus marquantes, comme L'Après-Midi d'un faune (1912) et Le Sacre du printemps (1913), firent d'ailleurs scandale lors de la première représentation.
Un provincial
Diaghilev aurait détesté être ainsi qualifié, lui qui passera pour l'archétype du dandy de Saint-Pétersbourg, à l'époque où cette ville est la capitale de l'empire des tsars. Pourtant, après sa naissance, le 17 mars 1872 à la caserne de Selistchev où son père est affecté comme officier, et une prime enfance pétersbourgeoise, il est, du fait des dettes paternelles, rapatrié manu militari et élevé par son grand-père dans le fief familial de Perm, sur les contreforts de l'Oural, à 1 800 kilomètres de la capitale et à proximité de la distillerie de vodka qui a fait la fortune de sa famille. Cette industrie est, pour lui, avec son adolescence provinciale, une source de honte qui sera peut-être à l'origine de son empressement à rappeler ses origines nobles à tout propos. C'est comme un « brave garçon, un joyeux provincial peut-être pas très intelligent, plutôt primitif mais dans l'ensemble assez sympathique » qu'il est regardé par Alexandre Benois lorsqu'il débarque à dix-huit ans à Saint-Pétersbourg. La condescendance de ce dernier, futur peintre et décorateur des Ballets russes, ne durera pas. En effet, pour provinciale qu'elle soit, l'éducation de Diaghilev – entre un père et une belle-mère mélomanes avertis, et un grand-père ouvrant largement sa propriété aux artistes de toute la région – a fait de lui un fin connaisseur de musique, de littérature et de beaux-arts. Venu dans la capitale pour accomplir sans passion des études de droit, Diaghilev profite de l'amitié du petit cénacle de son cousin germain – qui inclut, outre Alexandre Benois, un certain Léon Rosenberg, le futur peintre Bakst – pour affiner ses goûts artistiques. Il suit des cours au conservatoire et caresse un moment l'idée de devenir musicien professionnel. Il dilapide également l'héritage maternel en voyages dans tous les grands centres artistiques d'Europe.
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 4 pages
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par :
- Elisabeth HENNEBERT : agrégée de l'Université, docteur en histoire de l'université de Paris-I
Classification
Autres références
« DIAGHILEV SERGE DE (1872-1929) » est également traité dans :
DIAGHILEV ET LES BALLETS RUSSES
Mécène russe, Serge de Diaghilev (1872-1929) fonde les Ballets russes en 1909. La troupe donne de brillantes représentations en Europe occidentale, d'abord avec des artistes russes. C'est alors la révélation d'étoiles comme Anna Pavlova, Tamara Karsavina ou Vaslav Nijinski ainsi que du chorégraphe […] Lire la suite
BAKST LÉON (1866-1924)
Peintre et décorateur russe né le 27 janvier 1866 (8 février du calendrier grégorien) à Saint-Pétersbourg, mort le 28 décembre 1924 à Paris. De son vrai nom Lev Samoïlovitch Rosenberg, Léon Bakst suit des cours à l'Académie impériale des beaux-arts de Saint-Pétersbourg, dont il est renvoyé pour avoir peint une Pietà trop réaliste. Il poursuit ses études à Paris, puis retourne en Russie et devien […] Lire la suite
BALANCHINE GEORGE (1904-1983)
Dans le chapitre « De Balanchivadze à Balanchine » : […] Très vite, un groupe de jeunes danseurs – dont Alexandra Danilova et Tamara Geva – se rassemblent autour de Balanchivadze qui crée une trentaine de ballets entre 1920 et 1924. En 1924, son ami Vladimir Dmitriev propose de faire tourner à l'Ouest le groupe, rebaptisé « Les danseurs de l'État soviétique », pour promouvoir la culture soviétique. Ils dansent à Berlin, rejoignent Londres et puis Paris, […] Lire la suite
BALLET
Dans le chapitre « Diaghilev et les Ballets russes » : […] Fondateur de la revue Le Monde de l'art qui parut de 1898 à 1905, Serge de Diaghilev est un amateur génial et un imprésario avisé. Après avoir organisé une grande exposition, Deux Siècles de peinture et de sculpture russes , il fait connaître à Paris Chaliapine, puis lance en 1909, au théâtre du Châtelet, un programme de Ballets russes dont Marcel Proust parle comme d'une efflorescence prodigieu […] Lire la suite
BEAUMONT CYRIL WILLIAM (1891-1976)
Né à Londres dans une famille de la bourgeoisie, Cyril Beaumont fait de brillantes études scientifiques et littéraires. Les hasards de la destinée font de lui un libraire, un éditeur et un écrivain de la danse. Dès 1910, il s'installe à Londres, sa librairie est consacrée à l'art, à la jeune littérature et à la danse. Cette librairie, qui a fermé ses portes en 1965, a joué, dans le milieu interna […] Lire la suite
DANSE
Dans le chapitre « La danse théâtrale » : […] Lorsque la danse se présente sous la forme du ballet et qu'elle devient un spectacle en Europe, la plastique prend une place considérable qui l'éloigne de ses origines magiques et religieuses. La définition qu'en donne Théophile Gautier ressortit à l'esthétique du spectateur : « La danse est l'art de montrer les formes élégantes et correctes dans diverses positions favorables au développement des […] Lire la suite
DAPHNIS ET CHLOÉ (M. Ravel)
Commande de Serge de Diaghilev pour les Ballets russes, composé entre 1909 et 1912, Daphnis et Chloé , ballet en un acte et trois parties sur un argument de Michel Fokine et Maurice Ravel d'après le roman pastoral de Longus, est créé le 8 juin 1912 au théâtre du Châtelet, à Paris, sous la direction de Pierre Monteux, et dans les décors et costumes de Léon Bakst ; Vaslav Nijinski est Daphnis, Tamar […] Lire la suite
FOKINE MICHEL (1880-1942)
Danseur et chorégraphe russe, né à Saint-Pétersbourg. À l'âge de huit ans, Michel Fokine entre à l'école de ballet du théâtre Marie de Saint-Pétersbourg, où il est l'élève de Gerdt et de Legat. Contrairement à tous les usages, ses études terminées, il est engagé en 1898 comme premier danseur au théâtre Marie ; mais sa vocation est ailleurs, et dès ce moment il suit des cours de chorégraphie avec J […] Lire la suite
GONTCHAROVA NATALIA SERGUEÏEVNA (1883-1962)
Natalia Gontcharova, qui, en 1898, est entrée à l'École de peinture, de sculpture et d'architecture de Moscou y rencontre Mikhaïl Larionov et, à dater de cette époque, leur destin et leur œuvre sont indissociables. Après avoir subi les influences de la peinture européenne du début du siècle, tout en adhérant au rayonnisme de Larionov, elle est surtout attirée par l'art populaire russe et l'express […] Lire la suite
KALMAKOFF NICOLAS (1873-1955)
Né à Nervi sur la côte ligure d'un père russe, général, et d'une mère italienne, ce peintre singulier fut dès son enfance nourri de fantastique par sa gouvernante allemande. Sorti en 1895 de la très aristocratique École impériale de droit de Saint-Pétersbourg, il n'en retient guère, mais pour la vie, que la raideur, une certaine morgue et le goût des duels. Plusieurs années durant, en Italie, un t […] Lire la suite
Voir aussi
Pour citer l’article
Elisabeth HENNEBERT, « DIAGHILEV SERGE DE - (1872-1929) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 24 janvier 2023. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/serge-de-diaghilev/