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ICÔNE

Usages et fonctions

C'est d'abord, nous l'avons vu, pour répondre aux besoins de la piété populaire que les icônes se sont multipliées, et cette catégorie reste très importante tout au long de l'histoire de Byzance. Souvent de petit format, ces icônes étaient exposées dans les maisons ou les boutiques, emportées en voyage, à la guerre ou en pèlerinage. Certaines étaient d'ailleurs protégées par un couvercle coulissant. L'Église, malgré ses premières réticences, va rapidement multiplier les icônes dans les édifices de culte. Elles seront accrochées sur les colonnes ou les piliers, suspendues le long des murs, exposées dans des chapelles ou placées sur le proskynétarion, sorte de lutrin, où l'on mettait l'icône du saint ou de la fête du jour. Au début du xie siècle fut créée l'icône-calendrier, qui permettait d'avoir, alignés en longues théories, sur un même panneau, tous les saints d'un ou de plusieurs mois, dans l'ordre du calendrier liturgique. Mais l'emplacement le plus important, dans l'église, pour le développement des icônes et pour leur culte, est le templon, c'est-à-dire la clôture (d'abord en marbre ou en matériaux précieux, puis en bois), qui sépare la nef, où se tiennent les fidèles, du chœur, réservé au clergé. Sa transformation en iconostase va commencer à l'époque de la dynastie macédonienne. C'est alors qu'apparaissent, au xe siècle, les icônes d'épistyle placées sur l'architrave. La Déisis (le Christ entre la Vierge et saint Jean-Baptiste en prière) est représentée au centre, parfois élargie en Grande Déisis (avec archanges et apôtres) ou entourée des scènes du cycle du Dodécaorton (douze grandes fêtes de l'année liturgique) ou encore des épisodes de la vie des saints. Les iconostases deviennent progressivement plus hautes, surtout au cours du xiiie siècle : de grandes icônes isolées, parfois superposées sur plusieurs registres, remplacent les icônes allongées, où étaient juxtaposés plusieurs sujets, qui décoraient primitivement l'architrave. À la même époque, de grandes icônes sont aussi placées entre les colonnes du templon. Reproduisant à nouveau le thème de la Déisis, auquel est souvent associé le saint patron de l'église, elles transforment l'iconostase en un mur plein, dissimulant la liturgie aux yeux des fidèles. La porte centrale (« portes royales ») peut également être décorée d'icônes (l'Annonciation, les quatre évangélistes, etc.). Le développement en hauteur de l'iconostase se poursuit aux xive et xve siècles, surtout en Russie, où elle devient un véritable « mur d'icônes ». Une dernière catégorie d'icônes utilisées dans les églises est celle des icônes processionnelles, qui étaient peintes des deux côtés (icônes bilatérales).

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Pour citer cet article

Olivier CLÉMENT et Catherine JOLIVET-LÉVY. ICÔNE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Madone</it>, entourage d'A. Roublev - crédits :  Bridgeman Images

Madone, entourage d'A. Roublev

<it>Trinité, ou Philoxénie d'Abraham</it>, A. Roublev - crédits :  Bridgeman Images

Trinité, ou Philoxénie d'Abraham, A. Roublev

Monastères des Météores - crédits : Hans Strand/ Getty Images

Monastères des Météores

Autres références

  • ANNEAU D'OR

    • Écrit par Olga MEDVEDKOVA
    • 4 054 mots
    • 2 médias
    ...Dormition du Kremlin à Moscou. Le premier bâtiment fut érigé en 1158-1160, sur la commande d'André Bogolioubski, qui vouait un culte particulier à la Vierge. Le prince fit transporter de Kiev à Vladimir la célèbre icône byzantine du début du xiie siècle, qui prit dès lors le nom de Vierge de Vladimir...
  • APOCALYPSE DE JEAN

    • Écrit par Jean HADOT
    • 6 538 mots
    • 3 médias
    Certains pensent que l'influence de Dürer s'étendit jusqu'à la Russie. À Iaroslav, des thèmes tirés de l'Apocalypse apparaissent dans les icônes des églises du prophète Élie (1680) et de Saint-Jean-Baptiste (1695). Le message de Dürer y serait parvenu par l'intermédiaire de la ...
  • ART & THÉOLOGIE

    • Écrit par Georges DIDI-HUBERMAN
    • 6 741 mots
    • 1 média
    ...vérités de la foi, mais à la condition de creuser une différence dans le registre même de l'image : pour résumer l'argument en deux mots, on dira que la théologie admettait une image qui fût icône, tandis qu'elle rejetait toute image qui fût idole. Cette opposition sémantique est fondamentale...
  • BELTING HANS (1935-2023)

    • Écrit par Daniel RUSSO
    • 2 206 mots
    ...Eloquence in Byzantium, Princeton University Press, 1981). On se met à concevoir l'image sur le modèle du texte écrit et à la composer pareillement. Michel Psellos évoque, en certaines de ses homélies, ces icônes d'un nouveau genre, celles qu'il nomme « les images parlantes », parce qu'elles peuvent...
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Voir aussi