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HANSE

Difficultés et disparition (XVe-XVIIe siècle)

Dès l'aube du xve siècle, des difficultés s'étaient fait jour. Elles tenaient, d'une part, à l'exclusivisme jaloux avec lequel la Hanse revendiquait les privilèges juridiques et fiscaux de ses marchands ; d'où des rancœurs et l'apparition de concurrents : Anglais et Hollandais, dont les flottes pénétraient de plus en plus loin dans la Baltique ; Allemands du Sud – Nurembergeois surtout –, qui captaient par voie de terre une part du trafic hanséate. La Hanse réagit en renforçant encore sa réglementation en vue d'empêcher les étrangers de jouir de privilèges dont elle entendait conserver le monopole, allant jusqu'à restreindre l'usage du crédit et la frappe des monnaies d'or ; car elle craignait des perturbations préjudiciables à ses marchands. Ces prescriptions outrancières provoquèrent résistances et désobéissances au sein même de l'association, où les villes prussiennes et l'ordre Teutonique avaient, par exemple, intérêt à vendre leurs céréales aux Hollandais. Tout cela, d'autre part, était des indices d'une mentalité conservatrice et d'une perte d'esprit d'initiative qui devaient être fatales à la Hanse.

Transformation politique de l'Europe du Nord

Le xve siècle voit aussi se dégrader la conjoncture politique. Monarchies et principautés se renforcent, notamment aux Pays-Bas, unifiés sous Philippe le Bon : cette évolution est contraire aux intérêts de la Hanse, qui avait précisément profité de la faiblesse et de la division des princes. Une crise de régime frappe Lübeck de 1408 à 1416 juste au moment où l'ordre Teutonique s'effondrait sous les coups du roi de Pologne (Tannenberg, 1410). La prise de Novgorod par le tsar Ivan III (1471) précipite le déclin, déjà sensible, de ce comptoir. La mainmise du Danemark sur l'isthme de Holstein (1459) signifie l'installation, sur des routes vitales pour le commerce hanséatique, d'une puissance ordinairement favorable aux rivaux anglais et hollandais : ils profitèrent des conflits de la Hanse avec Bruges. La tension avec l'Angleterre entraîne une sécession temporaire de Cologne et une guerre de quatre ans, terminée en 1474, par une paix qui est un succès pour la Hanse – en fait un simple sursis.

Sclérose de la Hanse

La décadence qui s'accentue dans les trois quarts de siècle suivants n'est pas due, comme on l'avait cru autrefois, au déplacement des voies maritimes provoqué par les grandes découvertes. Mais celles-ci, en suscitant l'extension et la transformation des entreprises commerciales, ont mis en relief le caractère malgré tout trop étroit du rayon d'action des hanséates et leur attachement excessif à des méthodes surannées. Arrestation des Allemands de Novgorod (1494), déclin de Bruges au profit d'Anvers, concurrence foudroyante des Fugger s'ajoutant dans la Baltique à celle des rivaux traditionnels de la Hanse : autant de signes que le commerce nord-européen n'avait plus celle-ci comme intermédiaire nécessaire. L'expansion de la Réforme introduisit dans les villes et entre elles un nouveau ferment de division. La tentative du célèbre tribun lübeckois Jürgen Wullenwever en vue de rendre son éclat à la Hanse et de fermer la Baltique aux Hollandais (1530-1535) se solda par un échec.

La décadence fut, il est vrai, lente et relative : la seconde moitié du xvie siècle est même un temps de renouveau pour la communauté, qui consent enfin – trop tard – à se donner une structure plus ferme en instituant un « syndic de la Hanse » (1556), poste confié à Heinrich Sudermann, de Cologne, le « dernier des grands hanséates ». Sous son impulsion, et grâce à la révolte des Pays-Bas du Nord contre l'Espagne, le trafic fut momentanément reconquis par la Hanse au détriment des Hollandais. Des villes[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Lyon

Classification

Pour citer cet article

René FEDOU. HANSE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Hanse : expansion du commerce - crédits : Encyclopædia Universalis France

Hanse : expansion du commerce

Autres références

  • ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne médiévale

    • Écrit par Pierre-Roger GAUSSIN
    • 14 136 mots
    • 7 médias
    ...aucune de ces villes, contrairement à ce qui se passait à la même époque en Italie, ne put étendre son autorité au-delà de sa banlieue pour devenir le centre d'une principauté territoriale. Certaines d'entre elles, par leur groupement, constituèrent toutefois une puissance originale, laHanse.
  • ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne du XVIe et du XVIIe s.

    • Écrit par Georges LIVET
    • 6 506 mots
    • 7 médias
    Au xvie siècle, les villes de la Hanse sont encore loin de la décadence parfois affirmée à leur sujet en ce qui concerne le commerce de la Baltique. Les notations relatives aux droits de douane et de péage de la seconde moitié du xvie siècle montrent même un essor de ce commerce. Mais la concurrence...
  • AMIENS

    • Écrit par Pierre-Jean THUMERELLE
    • 803 mots
    • 3 médias

    Amiens, avec 135 800 habitants recensés en 2012, chef-lieu du département de la Somme et de la région Picardie jusqu’au 31 décembre 2015, est la ville-centre d'une agglomération de 174 900 habitants (2012) et d'une aire urbaine de 270 900 habitants (210 communes), développée au cœur de la vallée...

  • BELGIQUE - Histoire

    • Écrit par Guido PEETERS
    • 20 670 mots
    • 16 médias
    ...corporation dans leur ville. Les associations regroupant les marchands de plusieurs villes en vue du commerce avec l'étranger s'appelaient « hanses » : hanse flamande de Londres, hanse de Saint-Omer. La Gascogne attirait les Flamands par ses vignobles, ainsi que la baie de Bourgneuf par son sel. Bruges...
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Voir aussi