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GASCOGNE

Nouvelle-Aquitaine : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Nouvelle-Aquitaine : carte physique

La principale originalité de la Gascogne est, peut-être, la difficulté qu'il y a à la définir. Son nom, Vasconia, attesté pour la première fois en 602, lui vient des Vascons, originaires des montagnes cantabriques, qui l'envahirent à la fin du vie siècle. Pourtant, avant même cet événement, le pays entre Garonne et Pyrénées avait bien un particularisme ethnique, puisque l'ordre romain l'avait reconnu en détachant de l'Aquitaine la province de Novempopulanie.

Les onze cités gallo-romaines d'Eauze, Bazas, Dax, Lectoure, Convenae (Saint-Bertrand-de-Comminges), Consoranni (Saint-Lizier), Bearnenses (Lescar), Aire, Oloron, Auch et Tarbes, devenues sièges épiscopaux, ont donc formé le premier cadre de ce pays : l'apport gascon se surajoutant à un solide peuplement indigène y a créé les conditions initiales d'une histoire longtemps en marge et d'une forte originalité linguistique. Cette province ecclésiastique d'Auch a traversé l'histoire jusqu'à la Révolution, comme entité gasconne indiscutable.

Les vicissitudes politiques ont, en revanche, souvent brouillé les cartes. Le duché de Gascogne des ixe et xe siècle s'engloba, outre les cités occidentales de la Novempopulanie, Agen et surtout Bordeaux, qui avait auparavant servi de marche défensive contre les Gascons eux-mêmes. Puis cet héritage fut uni au milieu du xie siècle au duché d'Aquitaine et, avec bien des variations territoriales, fit partie de l'État anglo-gascon de 1154 à 1453. L'administration gasconne des rois d'Angleterre s'est souvent réduite au Bordelais, au Bazadais, à une partie des Landes et à l'arrière-pays de Bayonne.

La Gascogne orientale est tombée durant ce même temps dans l'orbite politique du comté de Toulouse, et la partie centrale et méridionale s'est morcelée en petites principautés territoriales plus ou moins cohérentes et souvent rivales : vicomté de Béarn, comté d'Armagnac, comté d'Astarac, comté de Bigorre, comté de Comminges, le premier réussissant du xive au début du xviiie siècle à acquérir une exceptionnelle situation d'indépendance.

Au cours des deux derniers siècles de l'Ancien Régime, la Gascogne fut de même écartelée entre plusieurs généralités : Bordeaux, avec l'Agenais et le Bazadais ; Pau-Bayonne avec les Landes et le Béarn ; Auch et, pour partie, Montauban. Finalement, les départements et les régions actuelles ont sanctionné la partition de la Gascogne entre Bordeaux et Toulouse et la non-concordance des limites administratives avec le fait linguistique : si le Gers, les Landes, les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantiques sont des départements gascons, la Gironde, le Lot-et-Garonne, le Tarn-et-Garonne, la Haute-Garonne et l'Ariège ne le sont que pour partie.

En fait, la Gascogne se définit aujourd'hui essentiellement comme un domaine linguistique. Le triangle entre Océan, Garonne et Pyrénées, l'enclave basque exceptée, a une langue commune, distincte du languedocien à l'est, du périgourdin au nord et du saintongeais. À vrai dire, sa limite nord a reculé depuis la recolonisation des xve-xvie siècles, et elle se subdivise elle-même en plusieurs dialectes, dont le béarnais est le principal. Cette langue d'oc a été capable de se fixer depuis le xvie siècle dans une littérature dont l'Agenais Jasmin a été un des grands représentants au xixe siècle. Avec la langue, la Gascogne se définit par le tempérament de ses habitants : fierté, jactance, bravoure, qui ont produit dans l'histoire des lignées de capitaines ; esprit vif, sceptique, sens des réalités, qui ont aussi donné pas mal d'hommes politiques.

Dans le peuplement et l'économie de la France, la Gascogne est toujours restée un pays de faible densité humaine et d'activité rurale. Les immenses étendues des Landes,[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Bordeaux

Classification

Pour citer cet article

Charles HIGOUNET. GASCOGNE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

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Nouvelle-Aquitaine : carte physique

Autres références

  • AQUITAINE

    • Écrit par Jean DUMAS, Charles HIGOUNET
    • 7 512 mots
    • 4 médias
    ...des vassaux à l'humeur indépendante ; au nord de la Dordogne, le duché d'Aquitaine est aux mains de la maison comtale de Poitiers ; au sud, le duché de Gascogne vit sous une dynastie qui s'appuie à la fois sur Bordeaux et sur une parenté ibérique. La fin de cette dernière famille, en 1032, permit au comte...
  • ARMAGNAC

    • Écrit par Gabriel LLOBET
    • 472 mots

    Grand fief de Gascogne, l'Armagnac correspond approximativement à l'actuel département du Gers. Issu du démembrement du diocèse d'Eauze-Auch, il fut érigé en comté vers 960. L'acquisition du comté de Fezensac avec Auch, vers 1140, l'agrandit considérablement. Lorsque...

  • AUCH

    • Écrit par Robert MARCONIS
    • 466 mots
    • 2 médias

    La préfecture du Gers, Auch, compte 23 226 habitants (recensement de 2012) et forme, avec deux petites communes voisines, une agglomération de 25 213 habitants. Ce pôle urbain rayonne sur trente-six communes où réside une partie de sa population active. L'ensemble forme une aire urbaine de 41 523 habitants....

  • BÉARN

    • Écrit par Gabriel LLOBET
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    Province du sud-ouest de la France qui a formé plus de la moitié est du département des Pyrénées-Atlantiques (chef-lieu, Pau). La vicomté de Béarn, créée au ixe siècle, fut l'un de ces États pyrénéens qui associaient la montagne pastorale à un piémont agricole. Cinq dynasties se succédèrent...

Voir aussi