Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

GUSTATION

La gustation – ou, au sens restreint, le goût – est la fonction de l'un des trois systèmes de sensibilité chimique externe. Ce système sensoriel partage, en effet, avec l'appareil olfactif et les terminaisons de la sensibilité chimique commune la propriété de répondre à la stimulation par certaines molécules du milieu externe et d'en opérer, par des réponses différenciées, une analyse, en fonction de certaines de leurs propriétés chimiques ou biochimiques. On reconnaît la présence de ce sens chimique, qui se différencie de celui de l'olfaction et du sens chimique commun, chez les Invertébrés à partir des Échinodermes et chez tous les Vertébrés.

Ses caractères distinctifs sont à la fois anatomiques et fonctionnels. Les organes de la gustation sont très généralement localisés dans la cavité buccale ou à l'entrée du tractus alimentaire. Les cellules sensorielles (groupées au sein de petits organes dits « bourgeons du goût »), les voies nerveuses et les centres de projection fournissent généralement des critères aisés d'identification par rapport au système olfactif. Chez les animaux à vie aérienne, les organes de la gustation sont stimulés par des corps en solution parvenant ou portés à leur contact par le comportement de l'animal, alors que les récepteurs olfactifs répondent à des stimuli en phase gazeuse diffusant dans l'air. Chez les insectes, les récepteurs gustatifs sont appelés, pour cette raison, chimiorécepteurs de contact. Les quantités des corps en solution requises pour déclencher les réponses sont généralement beaucoup plus élevées que dans l'olfaction. Enfin, un critère fonctionnel essentiel distingue les deux systèmes dans toutes les espèces. L'olfaction différencie toutes les molécules actives ; au contraire, la gustation n'opère sur les molécules stimulantes (ou sapides) qu'une analyse grossière, limitée à la discrimination de quatre ou cinq modalités ou saveurs : le sucré, le salé, l'acide, l'amer et, dans certaines espèces, l'eau. Ces saveurs correspondent à l'action identique de groupes de substances sur le système récepteur ; cette action est en relation avec une communauté de certaines des propriétés physico-chimiques et biochimiques des corps étudiés ; elle se traduit par la constitution au sein des récepteurs et par la transmission au centre, d'un message nerveux aujourd'hui en partie déchiffré par les analyses électrophysiologiques. Ce message est représenté pour chaque saveur par une configuration donnée de la fréquence des décharges dans les diverses fibres du nerf.

Anatomie de l'organe gustatif

Sens : goût - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Sens : goût

Les récepteurs gustatifs se situent pour l'essentiel dans la muqueuse linguale, qui constitue simultanément un champ très riche de sensibilités tactiles, thermiques et algiques. Ils y sont groupés dans des «   papilles » de quatre types : fungiformes (disséminées à la pointe et sur les deux tiers antérieurs de la surface linguale) ; filiformes (les plus diffuses, dont beaucoup n'ont pas de fonction gustative, mais une sensibilité tactile) ; foliées (localisées sur le bord de la langue et particulièrement développées chez les rongeurs) ; caliciformes (volumineuses, situées dans la zone dorsale où elles forment, chez l'homme, le V lingual).

Au sein de ces papilles, l'organe gustatif proprement dit est constitué par le corpuscule ou bourgeon du goût. C'est un corps ovoïde, de dimension variable suivant la papille qui le contient ; il comporte un canalicule central (ou pore) par lequel la salive baignant la papille pénètre dans le bourgeon. On compte jusqu'à 300 et 400 bourgeons dans les grosses papilles caliciformes chez l'homme, un seul dans les petites papilles fungiformes chez le rat ou le chat.

Bourgeon du goût - crédits : Encyclopædia Universalis France

Bourgeon du goût

Une étude faite au microscope électronique permet de décrire[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur ès lettres et sciences humaines, docteur en psychologie, professeur de psychologie à l'université de Paris-X-Nanterre, directeur du Centre de psychologie de l'enfant de l'université de Paris-X

Classification

Pour citer cet article

Matty CHIVA. GUSTATION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Sens : goût - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Sens : goût

Bourgeon du goût - crédits : Encyclopædia Universalis France

Bourgeon du goût

Voies gustatives - crédits : Encyclopædia Universalis France

Voies gustatives

Autres références

  • ARÔMES

    • Écrit par Gaston VERNIN
    • 1 089 mots
    • 1 média

    Ensemble de composés volatils odorants émanant d'un aliment et perçu par la voie rétronasale lors de son absorption. Les arômes représentent une composante de la saveur, résultant elle-même de l'ensemble des sensations gustatives et olfactives. Ces molécules, dont la proportion globale...

  • PHÉROMONES

    • Écrit par Charles DESCOINS
    • 5 572 mots
    ...des phéromones. Karlson (1960), se fondant sur leur mode de perception, les subdivise en deux catégories, selon qu'elles agissent par voie olfactive ou par voie gustative. Wilson (1962), établissant son jugement sur leur mode d'action, distingue les pheromones de déclenchement (releaser pheromones...
  • POISSONS

    • Écrit par Yves FRANÇOIS, Pierre-Antoine SAINT-ANDRÉ
    • 10 071 mots
    • 18 médias
    Les bourgeonsgustatifs sont abondants dans la muqueuse buccale et pharyngienne. Ils peuvent se rencontrer autour de la bouche (lèvres, barbillons), sur la tête et, dans certaines espèces de Silures et de Loches, se répandre sur toute la surface du corps. L'intervention du sens gustatif ne se limite...
  • SOIF

    • Écrit par Jacques LE MAGNEN
    • 4 150 mots
    • 6 médias
    ...stimuli externes représentés par l'eau deviennent capables de déclencher et de soutenir le comportement de prise orale de liquide. Grâce aux récepteurs gustatifs linguaux, l'eau peut être distinguée des solutions salines de NaCl (jusqu'à une dilution de ces solutions à 0,002 M chez le rat). Cette différenciation...

Voir aussi