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GRAVITATION

Copernic, Kepler, Galilée : héliocentrisme et attraction

Les progrès spectaculaires de l’observation du ciel aux xvie et xviie siècles se révéleront comme une des clés de la compréhension de la gravitation. Les difficultés des diverses améliorations du système de Ptolémée interrogeaient de nombreux savants européens, et l’idée de point équant paraissait erronée à beaucoup. Élève et assistant de l’astronome Domenico Maria Novara (1454-1504) à l’université de Florence, le Polonais Nicolas Copernic (1473-1543) observe par exemple en mars 1497 l’occultation de l’étoile Aldébarran par la Lune. Prêtre, juriste et médecin, son intérêt pour l’astronomie le pousse à construire en 1513 une tour équipée d’instruments astronomiques d’où il multiplie les observations du Soleil, de la Lune et des étoiles. Dès 1514, il écrit un bref Commentariolusdont la conclusionest que la Terre tourne autour du Soleil comme les autres planètes, les perturbations apparentes dans les mouvements observables des planètes résultant de la rotation terrestre autour de son axe et de son trajet orbital. Copernic réserva à quelques amis la lecture de cet ouvrage qu’il ne chercha pas à publier. Perfectionniste, il corrigea et développa ses thèses pendant quinze ans avant de rassembler ses conclusions dans le De Revolutionibusorbiumcaelestium qu’il achève en 1530, mais qui ne sera publié qu’après sa mort. Copernic y explique comment le fait de considérer les mouvements des planètes dans un système héliocentrique – en fait, centré sur un point très proche du Soleil – simplifie considérablement les calculs de leurs trajectoires, des cercles concentriques, Mercure et Vénus se trouvant plus proche du Soleil que la Terre, Mars, Saturne et Jupiter. La complexité mathématique de l’ouvrage restreint cependant son audience au public universitaire chez lequel il connaît un succès certain.

Système de Ptolémée - crédits : Encyclopædia Universalis France

Système de Ptolémée

Système de Copernic - crédits : Encyclopædia Universalis France

Système de Copernic

Les lois gouvernant ces trajectoires célestes restent cependant inconnues. L’astronome allemand Johannes Kepler (1571-1630) les énonce en 1609 dans son Astronomia nova : les orbites planétaires sont des ellipses et non pas des cercles, et chaque planète balaie des surfaces égales pendant des durées égales. Déduites des observations de l’astronome danois Tycho Brahe (1546-1601) dont Kepler était l’assistant depuis 1598, ces lois sont développées dans les cinq livres de l’Harmonia Mundi en 1618. La troisième loi, qui précise que le cube de la distance moyenne entre une planète et le Soleil est proportionnel au carré de sa période de révolution, inspirera particulièrement Isaac Newton pour accéder, soixante ans plus tard, à la compréhension mathématique de la gravitation.

Le système de Tycho Brahe - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Le système de Tycho Brahe

Isaac Newton - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Isaac Newton

La publication en 1633 du Dialogo sopra i duemassimisistemidelmondo, tolemaico e copernicano (Dialogue sur les deux grands systèmes du monde) fut le motif d’inculpation de Galileo Galilei (1564-1642) devant le tribunal de l’Inquisition. L’aménagement de la sentence d’emprisonnement à vie en un séjour peu sévère en maison d’arrêt à Sienne sous la garde bienveillante de l’archevêque Piccolomini, son ancien étudiant, puis dans une maison proche de Florence, lui permet de rédiger ses Discorsi e dimostrazionimatematiche, intorno à due nuovescienzeattenenti alla mecanica & i movementilocali (Discours concernant deux sciences nouvelles). Dans cet ouvrage, Galilée rassemble les résultats de ses nombreuses expériences sur les mouvements des pendules et des objets se déplaçant sur des plans inclinés. La résistance des matériaux – et en particulier la résistance à la rupture des cylindres pleins ou creux – occupe les deux premières « journées » tandis que l’exposé d’une « science absolument nouvelle » sur le sujet des mouvements – uniforme, accéléré, puis « de projection » – constitue ce que beaucoup considèrent comme le texte fondateur de la physique moderne.[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche émérite au CNRS, centre de physique théorique de l'École polytechnique, Palaiseau

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Pour citer cet article

Bernard PIRE. GRAVITATION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Système de Ptolémée - crédits : Encyclopædia Universalis France

Système de Ptolémée

Système de Copernic - crédits : Encyclopædia Universalis France

Système de Copernic

Le système de Tycho Brahe - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Le système de Tycho Brahe

Autres références

  • GRAVITATION ET ASTROPHYSIQUE

    • Écrit par Brandon CARTER
    • 8 922 mots
    • 3 médias

    Si l'on excepte la théorie classique de l'électromagnétisme, introduite bien plus tard par James Clerk Maxwell (1865), aucune théorie physique d'expression aussi simple que la loi du carré inverse de la distance, de Newton (1687), n'a jamais été aussi féconde. Si on laisse de côté quelques...

  • INTERACTIONS (physique) - Interaction gravitationnelle

    • Écrit par Alain KARASIEWICZ, Marie-Antoinette TONNELAT
    • 1 968 mots
    • 2 médias

    La gravitation est responsable de phénomènes aussi différents que la pesanteur ressentie par tout un chacun, le mouvement des planètes ou l'expansion de l'Univers. Cette force de gravitation est extrêmement faible entre particules élémentaires, mais ses effets deviennent importants si...

  • ACTION & RÉACTION, physique

    • Écrit par Jean-Marc LÉVY-LEBLOND
    • 1 498 mots
    ...s'agit ici d'un usage plus conforme au sens courant du terme, puisque la question est celle de la capacité des corps à agir l'un sur l'autre sans contact –  telle la force de gravitation du Soleil attirant la Terre à cent cinquante millions de kilomètres de distance. L'attraction universelle de Newton, sous...
  • ANTIMATIÈRE

    • Écrit par Bernard PIRE, Jean-Marc RICHARD
    • 6 931 mots
    • 4 médias
    Indirectement, cette mesure de masse inerte, test de la symétrie matière-antimatière CPT, est aussi sensible aux effets gravitationnels. En effet, selon les principes qui sont à la base de la relativité générale, le temps propre ou, si l'on veut, l'horloge interne du proton et de l'antiproton...
  • ASTÉROÏDES

    • Écrit par Christiane FROESCHLÉ, Claude FROESCHLÉ, Patrick MICHEL
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    • 13 médias
    ...Au début des années 1980, une modélisation particulière du problème dynamique permit à Jack L. Wisdom de faire une avancée décisive en direction de l'hypothèse gravitationnelle. Il réussit à montrer que des astéroïdes fictifs placés dans la lacune 1/3 pouvaient être déstabilisés sur quelques centaines...
  • ASTRONOMIE

    • Écrit par James LEQUEUX
    • 11 339 mots
    • 20 médias
    ...à partir des lois de Kepler, Newton remonte à la cause première, la loi initiale qui provoque le mouvement des planètes et aboutit à la loi de la gravitation universelle : « Deux corps quelconques s'attirent en raison directe de leurs masses, et en raison inverse du carré de la distance de leur...
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Voir aussi