FOLIE
FOLIE (histoire du concept)
Le terme de folie, bien antérieur à l'institution du langage scientifique de la psychiatrie moderne, n'a jamais eu vraiment cours dans celui-ci. Cette relative incompatibilité a une très grande signification. L'idée d'assimiler la folie à une maladie, de vouloir coûte que coûte qu'elle soit semblable en son principe aux autres maladies, en dépit de diffé […] Lire la suite
ALIÉNISME (histoire du concept)
Apparu en 1833, le terme aliénisme, dérivé d'aliénation, a surtout été utilisé par la suite pour désigner rétrospectivement la nouvelle spécialité médicale qui s'est développée au xix e siècle par l'application à l'étude et au traitement de la folie des méthodes de la médecine moderne née de la philosophie des Lumières. […] Lire la suite
ANTIPSYCHIATRIE
Dans le chapitre « Origine du mouvement » : […] Comme tout phénomène humain, le mouvement a une histoire. Il débute à Londres dans les années 1960 et groupe des psychiatres anglais et américains ; certains sont psychanalystes. Freud avait déjà apporté « la peste » dans la psychiatrie en abordant le problème des psychoses psychanalytiquement. Elles n'étaient plus constitutionnelles ou organiques mais s'engendraient d'un manque radical, manque n […] Lire la suite
ART BRUT
L'art des « fous », ancêtre de l'art brut, a connu un bouleversement, dans son acception et son impact, que ses premières manifestations n'auguraient pas. Si l'expression du trouble mental a d'abord suscité un intérêt médical, celui-ci n'a ensuite cessé d'évoluer, notamment vers ses aspects sociologique et artistique. La figure de l'artiste brut a, elle aussi, connu une série de métamorphoses : […] Lire la suite
ASILE PSYCHIATRIQUE (histoire du concept)
Le terme asile vient du grec asulon qui signifie lieu inviolable ou encore refuge. Il désigne principalement les établissements où sont soignés les malades mentaux. Les premiers asiles ont vu le jour en France au début du xix e siècle. C'est le psychiatre français Esquirol, élève et disciple de Pinel, qui, dans son ouvrage présenté en 1819 au ministre de l'Intérieur, Des établissements des alié […] Lire la suite
BONNAFÉ LUCIEN (1912-2003)
Psychiatre français, Lucien Bonnafé est né en 1912 à Figeac (Lot), dans une famille de médecins. Son grand-père, médecin aliéniste, avait dirigé l'asile de Saint-Alban, en Haute-Lozère. Jeune étudiant en médecine, il fait souvent la navette entre Toulouse, où il anime un ciné-club, et Paris, où il est attiré par les milieux surréalistes. Devenu médecin en 1930, il s'oriente vers la psychiatrie. Il […] Lire la suite
BRANT SÉBASTIEN (1458-1521)
Humaniste alsacien, principalement célèbre comme auteur de la Nef des fous . Issu d'une modeste famille de Strasbourg, le jeune Sébastien Brant n'en reçoit pas moins une excellente éducation, d'abord à Sélestat puis, à partir de 1475, à la toute nouvelle université de Bâle, au cœur de cette cité qui va devenir le centre de l'humanisme rhénan et, plus tard, un haut lieu de la réforme protestante. A […] Lire la suite
COOPER DAVID (1931-1986)
Décédé à Paris, David Cooper, dont le nom restera associé aux mouvements antipsychiatrique puis alternatif, naquit au Cap (Afrique du Sud), où il grandit avec son frère, dans une « famille ordinaire ». Après avoir entrepris d'étudier au conservatoire le piano et le hautbois (dans un ouvrage, resté inachevé, il ébauchait une approche structurelle de la musique et de plusieurs autres arts ou discip […] Lire la suite
FÉMINISME - Le féminisme des années 1970 dans l'édition et la littérature
Dans le chapitre « Suicidées de la société » : […] « Toute femme née pourvue d'un grand don au xvi e siècle serait certainement devenue folle, se serait tuée ou aurait terminé ses jours dans une chaumière solitaire à l'orée du village, à demi sorcière, à demi magicienne, crainte et faisant l'objet de moqueries... » (Virginia Woolf, Une chambre à soi .) « Elle parle la langue des marécages. Pourquoi s'étonner qu'on ne la comprenne pas ? Quelquefoi […] Lire la suite
FOUCAULT MICHEL (1926-1984)
Dans le chapitre « L'archéologie des savoirs » : […] La première partie de son œuvre se présente comme une « archéologie » des sciences humaines, irréductible à toute histoire classique des savoirs. Ce qui fait en effet problème pour les historiens traditionnels, ce n'est pas que l'homme soit un objet de science : c'est qu'il ait mis si longtemps à le devenir. Les histoires de la médecine et de la psychologie s'écrivent volontiers comme celles des e […] Lire la suite
FOUS LITTÉRAIRES
Si la tradition a consacré l'expression « fou littéraire », c'est parce que celle-ci ressemble fort à une alliance de mots. Comment, en effet, peut-on nommer en même temps l'usage le plus complexe et le plus personnel du langage, et une affection dont le symptôme déterminant est un dérèglement de la fonction langagière qui peut aller soit vers le délire et la « salade de mots », soit vers l'accum […] Lire la suite
GEORGET ÉTIENNE JEAN (1795-1828)
Psychiatre français, élève d'Esquirol, dont il est l'assistant à l'hôpital de la Salpêtrière. Bien que Georget soit mort à trente-trois ans — de tuberculose pulmonaire —, son œuvre psychiatrique est considérable. Après un travail inspiré des recherches sur Bichat sur l'étude anatomique des aliénés décédés, il précise, dans son ouvrage De la folie (1820, rééd., Paris, 1972), le domaine de la psych […] Lire la suite
ISOLEMENT, psychiatrie
Dans le chapitre « Origine de la question » : […] L'utilisation de l'isolement et de la contention mécanique comme moyen de maîtrise des malades mentaux agités et violents existe depuis l'origine du traitement des maladies mentales. Dès l'Antiquité, des écrits font allusion à la nécessité d'exercer un contrôle physique sur les personnes agitées. Soranos d'Éphèse s'opposait à Celse, qui estimait qu'un traitement brutal avait pour effet de faire so […] Lire la suite
KRAEPELIN EMIL (1856-1926)
Psychiatre allemand né à Neustrelitz (Mecklembourg), Kraepelin fut élève de Wundt et de Gudden. Professeur de psychiatrie à Dorpat en 1886, puis à Heidelberg en 1890, et enfin en 1903 à Munich, il dirigea pratiquement jusqu'à sa mort la Königlische Psychiatrische Klinik. Dans son enseignement et par les neuf éditions successives de son Traité de psychiatrie ( Psychiatrie : ein Lehrbuch für Studie […] Lire la suite
LAING RONALD DAVID (1927-1989)
Né à Glasgow, Ronald D. Laing, pionnier de l'« antipsychiatrie », obtient son doctorat en médecine à l'université de cette ville en 1951 et sert comme psychiatre dans l'armée britannique de 1951 à 1953. Très rapidement, il rompt avec l'approche psychiatrique classique pour se situer dans le courant de la psychologie existentielle inspirée de Martin Heidegger, Ludwig Binswanger et Jean-Paul Sartre […] Lire la suite
LE HORLA, Guy de Maupassant - Fiche de lecture
Dans le chapitre « Journal d'un « halluciné raisonnant » » : […] Il est tentant d'éclairer « Le Horla » à la lumière de la biographie de Maupassant, lui qui, d'une certaine façon, aura été tout au long de sa vie accompagné par la folie : son frère Hervé sera interné à plusieurs reprises, et lui-même évoquera ses fréquentes crises d'angoisse, ses hallucinations, ses troubles de l'identité. Et c'est peu dire que son œuvre s'en est abondamment nourrie : « Un fou […] Lire la suite
INSPIRATION (Grèce antique)
Dans le chapitre « La folie poétique » : […] Dans le Phèdre , Platon critique la rhétorique pratiquée à son époque. Pour garder à sa critique une dimension raisonnable, il la fait porter sur un exemple, un discours rédigé par Lysias et que Phèdre lit à Socrate au début du dialogue. Ce discours développe, comme c'était souvent le cas à l'époque, un thème paradoxal : un garçon doit accorder ses faveurs à qui les sollicite, à condition que ce d […] Lire la suite
MALADES MENTAUX ŒUVRES DES
Dans le chapitre « Musée imaginaire de la folie et sélection des œuvres » : […] Ce corpus comporte trois formes très différentes. Un premier groupe de recherches s'intéresse à des sujets particuliers, à des individus producteurs d'art. Font partie de ce groupe les études qui concernent des peintres « reconnus » ayant présenté à un moment de leur existence des symptômes pathologiques : Piero di Cosimo, Parmesan, Goya, Blake, Géricault, Méryon, les Suédois Josephson et Hill en […] Lire la suite
MALADIES MENTALES
Dans le chapitre « Le sort des malades mentaux avant le XXe siècle » : […] Le malade mental, par la mise en question de la réalité commune à laquelle il se livre, par les comportements imprévisibles et les transgressions à la règle qu'il se permet, peut provoquer des réactions de rejet. Dans une société où la personnalité humaine est mal individualisée, cette réaction se traduit tout simplement par l' exclusion, qu'il s'agisse d'un abandon rituel ou d'une mise à mort. Au […] Lire la suite
MANIE
Du mot grec mania , qui signifie « folie furieuse », l'ancienne médecine avait fait le nom technique de la folie en général (les modernes en ont tiré les composés mégalomanie, érotomanie, kleptomanie, etc.). Dans la langue commune, la notion s'atténua considérablement et en vint à désigner de petits travers, des habitudes bizarres, de légères obsessions. Mais les psychiatres modernes n'abandonnère […] Lire la suite
MÉLANCOLIE. GÉNIE ET FOLIE EN OCCIDENT (exposition)
Annoncée comme l'une des dernières expositions de Jean Clair, celle du moins qui couronnait sa carrière de directeur du musée Picasso à Paris, Mélancolie. Génie et folie en Occident , au Grand Palais du 13 octobre 2005 au 16 janvier 2006, condensait les thématiques de ses précédentes expositions. Qu'il s'agisse en effet des relations entre l'art et la science, explorées dans L' Â me au corps au G […] Lire la suite
MERCER DAVID (1928-1980)
Né dans le Yorkshire, fils d'un cheminot très attaché aux traditions du combat syndical, David Mercer incarne toutes les contradictions du théâtre engagé anglais des années soixante et soixante-dix. Comme un Thomas Hardy ou un D. H. Lawrence, Mercer s'est arraché à sa classe d'origine par son éducation et en conservera toujours un problème d'identité. Il quitte l'école à quatorze ans, fait une suc […] Lire la suite
MOREAU DE TOURS JACQUES (1804-1884)
Psychiatre français. Moreau fit ses études de médecine à Tours puis à Paris, où il apprit la psychiatrie dans le service d'Esquirol dont il fut l'interne. Il soutient sa thèse en 1830 sur « L'Influence du physique relativement au désordre des facultés intellectuelles et en particulier dans cette variété de délire désignée par M. Esquirol sous le nom de monomanie ». Après un voyage de trois ans en […] Lire la suite
MOREL BENEDICT AUGUSTIN (1809-1873)
Psychiatre français. Après des études classiques et religieuses à Luxembourg, Morel commence sa médecine à Paris, où il a comme condisciples Claude Bernard et Ernest Lasègue. Il apprend la psychiatrie avec J.-P. Falret et G. Ferrus. Il est nommé médecin-chef de l'asile de Maréville près de Nancy en 1848, puis de l'asile de Saint-Yon près de Rouen en 1856. Surtout célèbre par son Traité des dégéné […] Lire la suite
PANIZZA OSKAR (1853-1921)
Écrivain maudit s'il en fut, Panizza n'a cessé de mener un combat solitaire contre les préjugés qu'entretiennent les diverses formes de tyrannies civile et religieuse. Dès son enfance à Bad Kissingen (Bavière), où il est né le 12 novembre 1853, il fait l'objet d'une bataille juridique et religieuse entre les autorités catholiques, qui entendent imposer les dernières volontés du père défunt, et une […] Lire la suite
PAPIN LES SŒURS
« Crime paranoïaque », monstrueux passage à l'acte, l'assassinat par leurs deux servantes, les sœurs Papin, de la femme d'un avoué du Mans et de sa fille, au soir du 2 février 1933, provoqua une grande émotion dans la presse, chez les magistrats et les psychiatres, ainsi que dans le monde littéraire. Jérôme et Jean Tharaud suivirent le procès des deux meurtrières comme « envoyé spécial » de Paris […] Lire la suite
PARANOÏA (histoire du concept)
Le mot « paranoïa » (du grec παρ́α, contre, et νο̃υς, esprit) est synonyme de « folie » dans le langage populaire allemand depuis le xviii e siècle ; en France, l'équivalent de ce mot est « paranoïe » (Larousse, 1874), terme beaucoup moins employé. « Paranoïa » prend la signification psychiatrique actuelle de « délire systématisé progressif » d'abord en Allemagne avec Heinroth ( De paranoia […] Lire la suite
PINEL PHILIPPE (1745-1826)
Aliéniste français à qui est attribuée la « libération », sous la Révolution, des malades à l'intérieur des asiles. Après des études classiques au collège de Lavaur (Tarn) puis ecclésiastiques au collège de l'Esquille à Toulouse, Pinel quitte la soutane pour préparer dans cette ville son doctorat de médecine, auquel il est reçu en 1773. L'année suivante, il part pour Montpellier où il sympathise a […] Lire la suite
PSYCHIATRIE
Le terme de psychiatrie semble attesté en français depuis 1842, formé par dérivation à partir du mot psychiatre, lui-même connu vers 1802 et emprunté aux langues germaniques. Il est à peu près synonyme de pathologie mentale, mais ne s'y substitue que vers la fin du xix e siècle et désigne alors une branche particulière de la médecine, celle qui concerne cette partie de la « folie », dont la méde […] Lire la suite
PSYCHIATRIE COMPARÉE
Dans le chapitre « Médecine et traditions » : […] Il y a quelques années, en Afrique, il n'y avait pas une seule consultation à l'hôpital qui ne s'accompagnât parallèlement de consultations auprès de guérisseurs-devins. Pourquoi ? Parce que le problème de la « maladie » est aussi celui de l'anxiété humaine et que la réponse à l'anxiété n'est pas seulement médicale mais aussi traditionnellement religieuse. Il faut entendre ici par « religion » que […] Lire la suite
PSYCHOSE MANIACO-DÉPRESSIVE (histoire du concept)
Dans le chapitre « Aperçu historique » : […] Toute maladie est un fait de civilisation et son aspect change avec le contexte historique et les conditions culturelles. Le malade subit son mal, mais en bâtit l'expression clinique avec les « matériaux » qu'il reçoit de son milieu. Le médecin participe du même environnement lorsqu'il dépeint, nomme et traite l'affection en cause, à la lumière des acquis scientifiques de son temps. Avec les siècl […] Lire la suite
RABELAIS FRANÇOIS (1483 env.-1553)
Dans le chapitre « Sens ou non-sens ? » : […] Où cette recherche a-t-elle mené ces personnages ? Le mot de l'oracle, trink , est une invitation à boire, à savourer la vie, à se remplir l'esprit “de toute vérité”. L'éloge du savoir est une constante de l'œuvre. Dans le Pantagruel , la lettre de Gargantua à son fils est un hymne à la connaissance, en particulier à la pratique des textes anciens, qui offrait des sources plus sûres. Le programme […] Lire la suite
SURRÉALISME - Histoire
Dans le chapitre « La liberté de l'esprit » : […] Phénomène collectif, le surréalisme est né d'un certain nombre de rencontres (en ses débuts, rencontre de Breton et d'Aragon, Soupault, Eluard, Ernst, Péret, Baron, Crevel, Desnos, Morise...). Mais elles n'ont eu de sens que parce qu'elles réunissaient des hommes qu'agitaient les mêmes problèmes, qu'animait une même fureur contre l'ordre établi, qu'habitait un même espoir. Il conviendrait aussi de […] Lire la suite
TRAITÉ DU DÉLIRE, APPLIQUÉ À LA MÉDECINE, À LA MORALE ET À LA LÉGISLATION
Dans le chapitre « Délire et folie » : […] Fodéré est convaincu que folie, crime et civilisation constituent trois phénomènes interdépendants. Ce ne sont pas la pauvreté et le défaut d’instruction qui conduisent aux actes criminels ou aux comportements délirants. Bien plutôt, le progrès et la diffusion des biens et des savoirs – dans la mesure où ils entraînent l’illusion d’une « indépendance religieuse, morale et matérielle » – sont les c […] Lire la suite
«Il se tient tout entier hors de l'écume, et, s'il y a à l'horizon des navires en détresse, blême dans l'ombre, la face éclairée de la lueur d'un vague sourire, l'air fou et terrible, il danse»Les Travailleurs de la mer, Victor Hugo (1802-1885) Dessin à la plume et aquarelle, Le Fou, 1850...
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