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EXTINCTIONS BIOLOGIQUES

Une grande extinction durant le Dévonien

La grande extinction qui précéda celle de la limite Permien-Trias eut lieu il y a 374 millions d'années, à la transition entre deux étages de la période dévonienne : le Frasnien et le Famennien. Il ne s'agit donc pas là d'une limite stratigraphique majeure, mais cette extinction en masse n'en fut pas moins importante. Cette dernière a surtout affecté le domaine océanique puisque, à cette époque, la colonisation du milieu terrestre par les êtres vivants n'en était encore qu'à ses débuts. Comme d'habitude, lors de telles crises, les organismes récifaux, notamment les coraux, furent sévèrement frappés. On constate aussi de forts taux d'extinction chez les trilobites, les brachiopodes (bivalves à symétrie bilatérale) et les céphalopodes (mollusques marins sécrétant souvent une coquille cloisonnée unique ). Parmi les Vertébrés, les agnathes (poissons sans mâchoires) cuirassés furent exterminés et les placodermes, poissons eux aussi cuirassés mais pourvus de mâchoires, furent durement touchés. Les requins, qui d'une façon générale paraissent bien résister aux extinctions en masse, furent peu affectés.

Des hypothèses, similaires à celles qui ont été invoquées pour expliquer les extinctions en masse plus récentes, sont proposées pour rendre compte de cette crise biologique. L'idée d'un impact météoritique fut évoquée dès 1970 par le paléontologue canadien Digby McLaren, mais aucun indice vraiment convaincant d'un tel événement n'a encore été signalé. En revanche, un épisode important d'anoxie (manque d'oxygène), appelé événement Kellwasser, est bien attesté, dans le monde entier, à la limite Frasnien-Famennien. Selon une des explications proposées, une élévation du niveau des mers, sous un climat chaud, aurait conduit à l'envahissement des plateaux continentaux par des eaux mal oxygénées, ce qui aurait provoqué les extinctions de la fin du Frasnien. Le fait que les organismes les plus capables de tolérer des milieux mal oxygénés aient mieux que les autres résisté à cette extinction vient étayer cette hypothèse.

Même si elle ne correspond pas à une coupure stratigraphique majeure, l'extinction en masse de la limite Frasnien-Famennien eut des conséquences non négligeables sur le développement du monde vivant. En éliminant bon nombre de types de poissons « archaïques », elle pourrait bien avoir favorisé l'expansion des formes de type moderne.

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Écrit par

  • : directeur de recherche émérite au CNRS
  • : docteur en sciences de l'environnement, historienne des sciences et de l'environnement, chercheuse associée au laboratoire SPHERE, CNRS, UMR 7219, université de Paris-VII-Denis-Diderot

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Médias

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