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EXTINCTIONS BIOLOGIQUES

La fin de l'Ordovicien

À la fin de la période ordovicienne, il y a 445 millions d'années, eut lieu une crise biologique de grande ampleur puisqu'on estime qu'elle provoqua la disparition de près de 85 p. 100 des espèces existantes. Elle affecta aussi bien des organismes vivant sur le fond – comme les brachiopodes, les échinodermes ou les trilobites – que des formes pélagiques – comme les graptolites ou les nautiloïdes. Son impact sur l'histoire du monde vivant fut cependant relativement limité dans la mesure où cette crise ne provoqua la disparition totale d'aucun grand groupe animal. De ce fait, les faunes qui se sont développées ultérieurement, au cours du Silurien, ne sont pas fondamentalement différentes de celles de l'Ordovicien.

Selon les paléontologues britanniques Anthony Hallam et Paul Wignall, cette crise biologique se décomposerait en fait en deux phases d'extinction, séparées par une glaciation qui est bien attestée par les traces d'une calotte glaciaire s'étendant sur ce qui était alors les hautes latitudes australes. Lors de cette période glaciaire, de l'eau froide, riche en oxygène, se serait répandue dans des zones alors mal oxygénées, provoquant des extinctions parmi les organismes adaptés à l'anoxie. La baisse du niveau des mers due à l'extension des glaces – qui retirent aux océans de grandes quantités d'eau – aurait aussi été néfaste aux formes vivant dans les eaux peu profondes. Puis, à la fin de la glaciation, la remontée du niveau des mers aurait provoqué une expansion des eaux chaudes mal oxygénées, cause possible de nouvelles extinctions.

Si ce scénario est correct, il implique que la crise de la fin de l'Ordovicien s'est étalée sur environ un million d'années. Celle-ci perd ainsi le caractère brutal associé aux autres grandes extinctions, notamment celle de la limite Crétacé-Tertiaire. Cette crise est la plus ancienne qui soit bien attestée par les données paléontologiques. Il n'est pas exclu que d'autres extinctions en masse aient eu lieu avant le début du Paléozoïque, il y a 540 millions d'années, éliminant des formes de vie primitives. Mais les indices paléontologiques, encore très lacunaires, dont nous disposons pour ces périodes très reculées ne permettent pas de l'affirmer.

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Écrit par

  • : directeur de recherche émérite au CNRS
  • : docteur en sciences de l'environnement, historienne des sciences et de l'environnement, chercheuse associée au laboratoire SPHERE, CNRS, UMR 7219, université de Paris-VII-Denis-Diderot

Classification

Pour citer cet article

Eric BUFFETAUT et Valérie CHANSIGAUD. EXTINCTIONS BIOLOGIQUES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Extinctions biologiques : la limite Crétacé-Tertiaire - crédits : E. Buffetaut

Extinctions biologiques : la limite Crétacé-Tertiaire

Extinctions biologiques : les effets de l'impact d'une météorite - crédits : Encyclopædia Universalis France

Extinctions biologiques : les effets de l'impact d'une météorite

Extinctions d'espèces : les cinq grandes crises - crédits : Encyclopædia Universalis France

Extinctions d'espèces : les cinq grandes crises

Autres références

  • ALVAREZ ET L'EXTINCTION DES DINOSAURES

    • Écrit par Eric BUFFETAUT
    • 182 mots

    Les chercheurs américains Luis W. Alvarez, son fils Walter Alvarez, Frank Asaro et Helen Michel annoncent, en 1980, la découverte d'un fort enrichissement en iridium dans un niveau argileux daté à 65 millions d'années (limite entre le Crétacé et le Tertiaire). Cet élément chimique...

  • BIODIVERSITÉ

    • Écrit par Isabelle CHUINE, Sandra LAVOREL
    • 5 883 mots
    • 10 médias
    ...tous les niveaux : nombre d’espèces, taille des populations pour une espèce donnée et diversité génétique au sein même des populations. On estime que la vitesse d’extinction des espèces est actuellement cent à mille fois supérieure à ce qu’elle a pu être au cours des dix derniers millions d’années. Mais...
  • CÉNOZOÏQUE

    • Écrit par Marie-Pierre AUBRY
    • 7 601 mots
    • 7 médias
    ... et les plantes à fleurs. Le Cénozoïque est, quant à lui, une ère de spécialisations qui s'opèrent sur des groupes déjà bien établis et ayant survécu à l'extinction en masse de la limite Crétacé/Paléogène (aussi dite Crétacé/Tertiaire) (fig. 4 et 5). Le nombre de ces groupes est très...
  • CHICXULUB CRATÈRE DE

    • Écrit par Robert KANDEL
    • 440 mots

    Pour la plupart des spécialistes, les extinctions massives d'espèces à la fin du Crétacé, il y a 65 millions d'années (Ma), ont résulté de l'obscurcissement du Soleil et de changements climatiques de grande ampleur déclenchés par un impact météoritique catastrophique. Témoins d'un...

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Voir aussi