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ALEXANDRIE ÉCOLE PHILOSOPHIQUE D'

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L'école d'Alexandrie

Il faut attendre le ve siècle de l'ère chrétienne pour trouver à Alexandrie une véritable école philosophique, comparable à celle d'Athènes. À ses origines, on rencontre la célèbre philosophe Hypatie qui, avant de connaître une fin tragique, forma des disciples enthousiastes, parmi lesquels le futur évêque Synésius de Cyrène. Vers la même époque, au début du ve siècle, un enseignement est dispensé à Alexandrie par Hiéroclès, disciple de Plutarque d'Athènes et commentateur des Vers d'or pseudo-pythagoriciens. C'est également à Athènes, sous Syrianus, qu'étudia Hermias ; son commentaire sur le Phèdrede Platon n'est qu'un assemblage de notes prises au cours de Syrianus. Ammonius, fils d'Hermias, commente le De interpretatione d'Aristote, et aussi certains dialogues de Platon. Jean Philopon ne fut pas exactement chef de l'école, car il est toujours désigné comme « grammairien », c'est-à-dire professeur de philologie, et non comme « philosophe ». Olympiodore, né vers 500, est, de ces divers auteurs, celui dont nous conservons le plus d'ouvrages, trois commentaires sur Platon et deux sur Aristote. Ses successeurs se nomment Elias, David, Étienne d'Alexandrie. Il convient de rattacher encore à cette école deux écrits anonymes : un commentaire chrétien sur le Parménide de Platon, et des Prolégomènes à la philosophie platonicienne.

Tous ces philosophes ont en commun divers caractères. Tout Alexandrins qu'ils sont, ils entretiennent d'étroites relations avec l'école d'Athènes ; plusieurs d'entre eux ont été formés à Athènes ; plusieurs maîtres athéniens, Damascius, Simplicius, ont étudié à Alexandrie. Mais l'école d'Athènes fut fermée, dès 529, par Justinien, tandis que celle d'Alexandrie survécut jusqu'à la conquête arabe, en 640 – ce qui conféra d'ailleurs aux Alexandrins un rôle de premier plan dans la transmission du patrimoine hellénique au monde arabe. Pourquoi ce sort différent ? Damascius rapporte qu'Ammonius, fils d'Hermias, aurait discuté avec l'évêque d'Alexandrie des corrections à apporter à la philosophie grecque pour la rendre compatible avec le dogme chrétien. Vrai ou faux, le trait montre que ces philosophes savaient ménager les puissantes autorités religieuses ; plusieurs d'entre eux devaient d'ailleurs être chrétiens, comme le suggère leur nom. Très probablement, ce sont les précautions qu'ils prirent à l'endroit du christianisme qui leur valurent de survivre à leurs collègues athéniens ; H. D. Saffrey a très bien observé que, l'année de la fermeture de l'école d'Athènes (529), Jean Philopon composait contre Proclus un traité destiné à montrer que le monde a été créé dans le temps ; c'est en donnant de tels gages au pouvoir religieux et, au-dessus de lui, à l'empereur chrétien, que l'école philosophique d'Alexandrie put connaître une exceptionnelle longévité.

— Jean PÉPIN

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études (IVe section)

Classification

Pour citer cet article

Jean PÉPIN. ALEXANDRIE ÉCOLE PHILOSOPHIQUE D' [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • ARISTÉE LETTRE D'

    • Écrit par
    • 325 mots

    Œuvre de propagande du judaïsme alexandrin, la Lettre d'Aristée est censée avoir été rédigée par un grand officier du roi Ptolémée (~ 285-~ 247). Elle est bien plus tardive en vérité, et il est difficile de la dater d'avant ~ 100. C'est là que, pour la première fois et brillamment orchestrée,...

  • BIBLE - Ancien et Nouveau Testament

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    • 10 281 mots
    • 1 média
    ...dans sa langue originale, l'hébreu, mais en grec, la langue de la gentilité. C'est d'abord au sein de la puissante entité judaïque (le politeuma) d' Alexandrie que l'ensemble des livres sacrés s'est appelé « le Livre » (hè Biblos). Un brillant ouvrage alexandrin, la Lettre d'Aristée...
  • SEPTANTE BIBLE DES (385 av. J.-C. env.)

    • Écrit par
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    Au sens strict, la Septante désigne d'abord la traduction grecque de la Torah, c'est-à-dire du Pentateuque, à Alexandrie d'Égypte, qui fut réalisée au iiie siècle avant notre ère, au temps des deux premiers Ptolémées. Certains historiens la datent au plus tard de 282 avant notre...

  • CLÉMENT D'ALEXANDRIE (140 env.-env. 220)

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    Clément d' Alexandrie représente un phénomène tout à fait original et presque unique dans l'histoire du christianisme. Il est tout d'abord le premier écrivain chrétien à concevoir le dessein d'une vaste entreprise littéraire, composée de plusieurs traités et destinée à donner un programme...

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